mardi 11 octobre 2016

Quelques bornes


Bornes d’ici ou d’ailleurs

Des bornes, il y en a un peu partout et de toutes les époques. Elles se trouvent plantées au bord d’une parcelle, le long du territoire communal ou national, et très souvent le long des routes

L’objectif de cet article sera d’en mentionner quelques-unes situées sur le territoire d’Arnex, connues ou moins connues.

Bien sûr  il existe déjà un certain nombre de publications sur les bornes comme par exemple : « Vieilles bornes en pays de Vaud » de J.-F. Robert dans le cahier 5 du Conservatoire rural ou d’autres ouvrages sur les bornes nationales.

Ainsi qu’un site fort bien documenté et riche en publication diverses


Bornes nationales








Au-dessus des Tavins près de Vallorbe 





Borne du Risoux  


 
                                  

Notons aussi que certaines bornes nationales ne sont plus à leur place depuis le changement de frontière entre la Suisse et la France, après le traité des Dappes du 8 décembre 1862 qui rendait à la France la vallée des Dappes. En échange la Suisse recevait une surface équivalente sur le flanc ouest du Noirmont entre la Cure et Bois d’Amont.


Bornes communales




 

Limite Orbe-Arnex vers les Joncs


     


Entre Arnex et Bofflens, peinte en jaune par les cantonniers !


Borne Agiez-Bofflens-Arnex


 

Cette borne devrait être à la limite des communes de Bofflens, Arnex et Agiez, mais pour Arnex elle n’est plus exacte depuis qu’un remaniement parcellaire a modifié les parcelles, or une parcelle doit se trouver entièrement dans une commune.


Bornes routières

Les bornes routières indiquent un itinéraire ou une distance encore à parcourir

Parmi les plus anciennes citons les milliaires de l’époque romaine. L’une d’elle vient d’être retrouvée en 2014 près du Pré- Girard.




La borne milliaire du Pré-Girard



En octobre 2017 le retour de l'original et d'une copie dans la plaine de l'Orbe


Revenons à notre époque où les bornes routières plus récentes indiquent la distance en kilomètres et les plus anciennes en toises.

La toise varie de longueur selon les régions. En 1822, dans le canton de Vaud elle a été fixée à 10 pieds, soit 3 mètres. Avant elle a varié de 2.6 à 2.9 mètres.


Route Pompaples – Vallorbe un peu avant Croy




Bornes à toises

                       
Le long de l’ancienne route Pompaples-Croy    


Borne retrouvée en creusant le nouvel étang de Bioute, notée La Sarraz et Romainmôtier





Une autre borne à toises le long de l’ancienne route Bofflens et Romainmôtier

Borne disparue

Dans sa publication : Bornes inexpliquées en Pays de Vaud J.-F. Robert cite une borne à toise située sur un ancien chemin conduisant d’Arnex à Pompaples et ceci au sud de la porcherie actuelle. Malgré quelques recherche en été 2016, je n’ai pas pu la retrouver.









Borne retrouvée par Jean-Claude MONNIER



C’est aussi une borne à toises retrouvée par Jean-Claude Monnier le long de l’ancien chemin Pompaples-Croy.

Elle est notée Arnex sur une face et Pompaples sur l’autre face.



Repères trigonométriques

Il existe aussi des bornes servant de point fixe trigonométrique pour les mensurations cadastrales.



Point 120 275 20 situé au-dessus des vignes de la Rebatte



Bornes de propriétés

Depuis très longtemps les propriétaires d’une parcelle ont tenu à marquer de façon durable les limites de leurs champs ou de leurs vignes.

Au cours des siècles la forme de ces bornes a évolué.

Autrefois de simple pierre comme celle-ci :






Plus évoluée comme celle bordant le Chemin neuf




 Le long du chemin neuf


Il existe aussi des bornes de  type plus récent




                    En granit     
                                                 
Sur tige métallique



Le bornage des chemins d’Arnex en 1554

Dans un article précédent :


J’avais, en parlant de la route reliant Arnex à Orbe, déjà décrit dans ce blog comment tous les chemins de la commune avaient été bornés avec grand soin en 1554.

1554, premier transon de la Maïorie d’Arnex

Ce document, écrit par Claude Thomasset d’Agiez, est le procès-verbal du bornage réalisé en avril 1554 par les dénommés Aimé Grobet, Aimé Devenoge, Antoine Bovet, Amey Christinet, Etienne Gosel et Estievent Gillard, après qu’ils aient été assermentés par Noble Abel Mayor, châtelain de Romainmôtier. Ce travail est effectué à la demande des gouverneurs et prud’hommes et avec l’autorisation de Bénédict de Diesbach, bailli de Romainmôtier.

Il débute par ces mots :

Pour ce que la mémoire des hommes est labile, ne pouvant toujours soi souvenir des choses que en leur présence se font, même qu’il n’est possible pouvoir vivre toujours en ce monde, ains nos corps retourner en terre de laquelle ils sont issus, non sans cause les anciens ont eu en recommandation les tans excellens et mémorables élémens des lettres sans le moien desquelles l’on ne pourrait bonnement avoir connaissance des choses passées et moins celles que modernement se font et transigent, pourroient parvenir à la notice de nos successeurs… 

La suite de ce document de 133 pages (en fait une copie de l’original extraite par le notaire Combe du Bailliage d’Echallens à la demande de l’honorable Commune d’Arnex) nous apporte de nombreux renseignements : méthode de bornage et de recours, nom des voies et des lieux-dits, terrains bordiers et propriétaires. Ce transon nous révèle par ailleurs l’existence d’un bornage antérieur : d’anciennes bornes sont recensées et reprises.

A cette époque, les bornes sont parfois de simples pierres avec une croix gravée

Cette pierre est placée dans le mur du jardin de Max Fauser, juste à côté de la fontaine au-dessus du chemin du moulin.

Méthode et recours

L’extrait qui suit retrace le bornage de l’actuelle rue de la Dîme, du puits (qui se cache maintenant sous l’ancien abattoir) à la grange du Dîme qui n’est alors pas encore construite.

Or pour la délimitation et bornnement du chemin tendant depuis ladite croisé qui est près du puits encontre le Rulz Marguerel jusqu’au pré de Rueriz.

Ont trouvé une grosse borne ancienne faisant le bret [virage] étant au carré de la place à Nicollet Gaultey étant devers orient et bise.

Et au droit d’icelle de l’autre côté : assavoir devers occident, ont aussi trouvé une ancienne borne laquelle est près de la courtine et devant les fenêtres de la maison de Guillaume, fils de feu Claude Gaultey. Entre lesquelles il y a environ trente six pieds de largeur à cause du bret

[1 pied valant environ 1/3 de mètre].

Item à la distance d’environ vingt pas, tirant contre bize, ont nouvellement planté deux autres bornes ; assavoir l’une devers orient, devant les fenêtres du poêle à François Gaultey, et l’autre devers occident au droit de la porte de la cuisine de Nicollet Gaultey ; aiant entre deux de largeur d’environ vingt neuf pieds d’homme commun.

Et le bornage de continuer jusqu’au bas de la Riaz et du pré de Rueriz que tient noble Thomasset.

Une fois le travail achevé, il est mis à l’enquête :

Toutes lesquelles bornes, ainsi qu ici devant est déclaré par les six borneurs devant nommés à ce commis, trouvées vieilles et aussi de nouveau plantées, le dimanche dixième jour du mois de juin en l’an mille cinq cent cinquante quatre par le commandement du prédit noble Abel Mayor, Châtelain de Romainmôtier ; honnête Claude Chambretaz, officier du dit Romainmôtier a crié et publié à haute et intelligible voix, sus le cimetière d’Arnex [qui bordait encore l’église] au sortir du sermon devant l’assemblée.

Toute demande de modification devant se faire dans un délai de six semaines, ensuite elles seront validées à perpétuité.

Accepté par le puissant Noble Seigneur Bénédict de Diesbach, bailli de Romainmôtier, rédigé par moi Thomasset Claude, notaire juré d’Agiez, résidant à Arnex.



Cette opération permet à certains habitants de demander ― et d’obtenir ― la modification du chemin vers Orbe. En effet, s’il est maintes fois rappelé dans le document que le vrai et unique chemin pour aller à Orbe passe sous Montevray, continue par Saugette et rejoint le territoire d’Orbe, les gens ont déjà pris l’habitude de monter directement par les Buclars depuis les prés du Posat. Ils font donc recours et le noble et puissant Bailli Bénédict de Diesbach finit par autoriser le bornage du nouveau tracé, après avoir ouï plusieurs doléances pour les dommages que se faisaient par plusieurs chemins et sentiers par les passants tirant contre Orbe…

Ainsi, deux ans plus tard, soit en février 1556, la nouvelle variante des Buclars est tracée et bornée.

Notons qu’à cette époque, cette petite colline n’est pas encore entièrement défrichée et qu’il y reste quelques buissons de genévriers.



Et en 1803 l’opération s’est à nouveau déroulée, mais cette fois en dressant aussi les plans des chemins

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