mercredi 20 novembre 2024

La gare d'Arnex


Gare d'Arnex sur la ligne Lausanne-Vallorbe
Elle a perdu son chef de gare depuis de nombreuses années, mais si son histoire vous intéresse en voici quelques détails.
Quant au hangar qui figure encore sur la photo, il a été construit en 1896 et remplacé en 2010 par des places de parc.




L’arrivée des chemins de fer en Pays de Vaud
La ligne Yverdon-Bussigny, mise en service le 7 mai 1855, est prolongée le 1er juillet par le tronçon Bussigny-Morges. La liaison avec Lausanne est établie un an plus tard, le 5 mai 1856.
Arnex, desservie à partir de 1869, se trouve sur la ligne qui va de Jougne à Eclépens.

On rappellera qu’un certain Henri Baudat est accidenté en 1854 au tunnel du Mormont et touche deux francs à titre de secours pour se faire soigner à l’hospice cantonal !

Tractations financières
Le 17 janvier 1858, nos archives mentionnent pour la première fois le passage de la ligne Eclépens-Jougne sur le territoire de la commune : selon un arrangement à l’amiable, de chemins de fer verse à la commune 350 fr. pour des dégâts à la forêt du grand Chanay. En 1866, c’est une indemnité de 250 fr. qui est accordée pour les mêmes raisons.
Pour faciliter le financement de ses investissements, reçoit une subvention cantonale de 3,8 millions de francs, plus 600'000 fr. de la part des communes. Mais le 15 août 1866, assemblé sous la présidence de Jaques Werren, le Conseil général d’Arnex refuse par 48 voix contre 39 d’accepter cette subvention. Suite à une pétition de 30 citoyens, le Conseil accepte deux mois plus tard de verser deux mille francs sur trois ans.

Le 6 avril lieu une séance d’information du Conseil général pour déterminer le sort des chemins coupés par la ligne ferroviaire. Le Conseil demande un passage à niveau au nord de la gare d’Arnex et accepte d’abolir le passage pour le chemin de Bofflens. est chargée de construire un chemin pour rejoindre la route de Romainmôtier, l’actuelle route de Bofflens. Le Conseil général nomme une commission chargée de surveiller ces travaux.


Il faut également procéder à la vente du terrain nécessaire ; les archives de P.M. Glayre (ACV sous PP 106) nous en donnent quelques détails :
o          La gare d’Arnex est construite sur des terrains appartenant en partie à Suzanne de Lerber, achetés en 1868 par du chemin de fer de Jougne à Eclépens au prix de 5 fr. la perche, plus 7.90 fr. pour deux arbres fruitiers.

o          En 1906, une nouvelle vente est nécessaire au doublement de la voie. Le terrain est payé un peu plus cher : 10 fr. la perche en Bulande et 13 fr. en Sangolin.

En 1899, achète du terrain le long de la tranchée des Saugettes pour y installer des pare-neige.
Le passage à niveau de Sangolin fait l’objet d’un arrangement entre et la commune : cette dernière prend à sa charge le coût de la barrière (y compris l’huile) et l’entretien des nouveaux chemins longeant la voie de chemin de fer. La commune nomme aussi un garde-barrière .

En juillet 1870, le garde-voie est la veuve de Pierre Gilliard ; elle est payée par la commune à raison de 15 fr. par mois.

Salaire de la veuve de Pierre Gilliard, garde-barrière dès 1870

L’arrivée de la première locomotive à vapeur en gare d’Arnex
Ce sont les comptes de 1869, qui nous l’annoncent, grâce aux factures du cafetier de et d’autres particuliers : pour la première fois la locomotive est arrivée à la gare
L’année suivante, l’inauguration de la gare d’Arnex laisse quelques traces dans notre comptabilité, avec des frais qui alternent avec ceux d’une élection au Grand Conseil… 
est inaugurée le 1er juillet 1870. Le prolongement par Jougne vers Pontarlier est mis en fonction cinq ans plus tard, le 1er juillet 1875. Ce tronçon est abandonné suite au percement du tunnel du Mont-d’Or le 15 mai 1915.
Si cet ancien tracé vous intéresse, vous pouvez y jeter un coup d’œil, le long de la route Jougne-Pontarlier : ces dernières années, des passionnés du rail ont remis en fonction quelques kilomètres de l’ancienne ligne.

Les travaux du XXème siècle : double voie en 1906 et électrification en 1923
Pour répondre à l’augmentation du trafic, la voie est doublée en 1906: c’est l’occasion de remplacer les passages à niveau par des ponts ou des tunnels et d’installer un quai de déchargement à postes de garde-barrière sont alors supprimés.

     
Une ancienne maison de garde-barrière devenue inutile dès 1906 à cause du nouveau pont

Cette extension des voies ferrée nécessite de nouveaux achats ou des expropriations de terrain, ainsi que la mise à l’enquête des ponts, des tunnels et du quai. demande un passage sous voie pour la route de Bofflens et pour le pont de la route Arnex-Pompaples, une pente de 3% au lieu des 5% prévus.
En 1923, les locomotives à vapeur prennent congé, car la ligne est électrifiée. La passerelle de Jugny doit alors être surélevée, mais elle est finalement supprimée en 1981, malgré quelques oppositions.

En 1971, le passage sous voie de la gare est creusé ; vers 1978, les chefs de gare s’en vont.
En 2006, la voie de déchargement des marchandises est supprimée. La gare d’Arnex devient ainsi une simple halte, mais une halte fort utilisée par les gens du village et de la région.
En 2010 la halle à marchandises est détruite pour aménager un parking payant.
Voir l'article dans la catégorie bâtiments disparus

Les travaux de 2024-2025

Au printemps 2024 les CFF ont décidé de grandes améliorations pour cette gare.
Il s'agit de :
        Rallonger les deux quais
        Créer deux rampes d'accès pour accéder aux passages sous- voies
        Surélever  le quai 2, (côté Jura), pour être au niveau de l'entrée des voitures des trains.
Tout cela pour un budget de plus de 6 millions!!









Préparation de la zone des travaux, des deux côtés


Début de travaux pour la rampe du quai 1, côté Alpes


On creuse la rampe du quai 1, (fin mai) 



Bétonnage fonds de la rampe 1





 



24 juin 2024 Rampe quai 1


Travaux du quai 2, côté Jura


Après la mise à niveau de ce quai, les travaux se poursuivent avec un nouvel escalier ouvert à la mi-août 2024.



L'ancien escalier construit en 1971 est démoli pour faire place à la future rampe du quai 2.



Le fond de la rampe est bétonné à fin août




mercredi 9 août 2023

La Dent de Vaulion et Blanche Neige

 Blanche Neige et le chalet de la Dent de Vaulion

 


                                    Chalet de la Dent de Vaulion rénové en 2022


                                               Une peinture de Blanche Neige

 

En 2022 la commune de Vaulion a complétement rénové le chalet de la Dent de Vaulion.

Des travaux importants devisés à près de Fr. 900'000.-

 Selon d’anciennes cartes postales, on constate que ce chalet a souvent été modifié au cours des ans.

http://arnexhistoire.blogspot.ch/2015/08/les-chalets-de-la-dent-de-vaulion.html

 

Ancien chalet de la Dent de Vaulion, carte postée en 1907 

Fort heureusement, ces derniers travaux de rénovation ont maintenu les quelques dessins de Blanche Neige figurant sur les murs d’une salle du 1er étage.

 

                                                                     Nains musiciens

 

 Départ au travail



Il serait utile de dire deux mots de l’auteur de ces peintures.

Ces dessins sont l’œuvre de Robert Lavenex (1908-1993).

Il était agriculteur, viticulteur et même apiculteur à Arnex sur Orbe.

En 1942, il avait épousé Blanche Goy (1916-2004), une demoiselle de Vaulion.

Ils ont  eu deux filles et deux garçons.

Durant sa vie, souvent en hiver, il a réalisé de nombreux paysages de la région pour de quelques clients du village.

 


                                                     Château d’Arnex        


                                Abri pour le bétail du Fonds des Vaux


 


                                                             Robert Lavenex                                                                                          

                                                 

                                                        Blanche Lavenex-Goy     (Photos Pellegri)

 

Selon sa fille, c’est durant la mobilisation de 1939-45 que Robert Lavenex a fait ces premières esquisses dans le chalet de la Dent de Vaulion, mais au cirage !

Il est revenu plus tard donner une autre allure à ces œuvres de guerre. Comme l’indique le dessin du prince et Blanche Neige qui est un peu caché depuis des dernières transformations de 2022, ce devait être en 1969.

En fait il est encore bien là, juste caché par un meuble !

Le prince n’a peut-être pas une glorieuse allure, mais ce dessin est important car comporte la signature du peintre et la date de la rénovation.

Dessin comportant la signature de Robert Lavenex et la date de 69

 

 

 

 

 

 

La Mob de 1939-45 au chalet de la Dent de Vaulion      (Photos et cartes de sa fille )



 

            

Le soldat Robert Lavenex en pleine observation à la Dent de Vaulion

 

Avec quelques cartes de son cru datant de cette époque.

       








        












lundi 24 avril 2023

Deux mots de l'histoire du Moulin Bornu

 

Deux mots  à propos du Moulin Bornu de Pompaples




 

Inutile de revenir sur son histoire, Eugène Mottaz l’a déjà fort bien rédigée dans son Dictionnaire historique du canton de Vaud de 1914.

 




  

 

De 1811, jusqu’à nos jours, en reproduisant quelques articles de presse  citant ce moulin


A cette date de 1811, le citoyen Magnenat d’Orny cherche un locataire.

Mise en location de 1811

 

En mai 1847, Du Pasquier d’Orny le met en vente. Ce bâtiment comprend en plus moulin de nombreuses installations, soit une gruère, deux mécaniques  battre, une forge, une scierie une huilerie et deux pierres  rebattre le chanvre ou le lin.


                                                                Vente de 1847

 

Puis en 1887, soit 40 ans plus tard, on procède  à une liquidation aux enchères.

 




Vente aux enchères de 1887

Avant cette date on cite encore le nom des meuniers : Heinrich et Hugentobler.

Lors de la vente aux enchères  de 1887 le géomètre William Nordhof l’achète pour un tiers. 

Ce sera sans doute pour Louis Chabloz (1840-1926) qui va quitter le moulin de Pompaples et s’installer au moulin Bornu.

Mais Louis Chabloz n’a pas de chance, le 19 juillet 1902, il est victime d’un grand incendie qui va détruire tout le moulin.


                            L’incendie du moulin Bornu de juillet 1902

 

 

Mais Louis Chabloz va reconstruire ce moulin comme le montrent les deux cartes postales suivantes :


 
Carte postale du Moulin Bornu expédié en 1905

 

 

Carte postale du Moulin Bornu expédié en 1910

 

Ce moulin utilisera surtout l’énergie du canal de l’Augine. Ce canal part du Nozon en dessous de Saint Loup pour un parcours d’une longueur de 1km.


 Départ du canal prélevant l'eau du Nozon en dessous de Saint-Loup

A la sortie du moulin, après les turbines, dans le petit bassin situé devant le moulin, les eaux devront choisir leur destination entre la Venoge ou un retour aux eaux du Nozon vers Orny.

Ce bassin que deviendra ainsi le Milieu du monde.

Le bassin devant le moulin Bornu

 

Très tôt ce moulin sera aussi raccordé au réseau de l’usine électrique de la Venoge, comme le note le rapport de 1902.


 

Le rapport de la Société de 1902 cite le moulin Bornu comme abonné

 

Un cas de pollution dû au moulin :

 



Construction des silos de 1929

Plus tard en 1928 et 1929, les Chabloz érigent de grands silos pouvant recevoir 150 wagons, et construisent une voie ferrée conduisant au moulin.

 

Le moulin avec les nouveaux silos de 1929

 

Mais durant cette construction, deux ouvriers chuteront à l’intérieur d’un silo. Mais fort heureusement ils s’en tirent juste avec quelques fractures.

 

 

En 1937 le moulin devient une société anonyme.


 

En 1948, Henri Chabloz et ses deux fils, dont Edmond (1899-1984) reprennent la relève.

 

Publicité pour les produits du moulin

 

Mais pour des raisons que j’ignore, le frère et la sœur d’Edmond souhaitent se séparer de ce moulin.

En 1953, Edmond doit mettre fin  son activité de meunier au moulin Bornu et part habiter le château de Gingins.

Château dont il exploitera le domaine agricole. Au départ avec la collaboration de sa fille qui vient de terminer ses Études de droit. En mai 1956, il met à l’enquête la construction d’une porcherie d’élevage.

Dans cette localité de Gingins, Edmond Chabloz exercera le mandat de syndic une vingtaine d’années, soit de 1961 jusqu’en 1981.

Il aura trois enfants.

Mais il aura la douleur de perdre son fils aîné, emporté par une avalanche aux Grisons en 1961.

Sa fille Marianne, sera enseignante au collège de Nyon tout en menant une importante carrière politique, d’abord comme députée libérale, puis syndic de Gingins 1986 à 1993.


 Marianne Frisch selon un article du 18 juillet 1975

 

Jacques, l’autre fils d’Edmond, ingénieur en irrigation, fera de nombreux séjours à l’étranger ainsi qu’au sein de la FAO  Rome.

Edmond décède en 1984, à l’âge de 85 ans.



 

Sa femme, née Berger Hélène Marie décédera, en novembre 2000.

A Pompaples dès 1953

En 1954 la Société du Moulin Bornu va chercher  louer ses bâtiments. En 1981 le séchoir à céréales de la Sarraz quitte ces lieux pour s’établir près de la gare de la Sarraz.

 


 .

 

             

La période de Marc Aurèle Rovero, de 1993 à 2006

Dès 1993, Marc Aurèle Rovero, plein d’ambition, va implanter tout une série d’entreprises sur le site du moulin Bornu.


   

Ainsi, au fil des ans, il installera de multiples activités au moulin Bornu : un commerce de produits agricoles, une jardinerie et la vente et installation de piscines.



Mais en été 2006, M. Rovero quitte toutes ses affaires dans la région pour émigrer au Canada.


 

Situation actuelle en 2023.


Le moulin Bornu en mars 2023

L’extérieur des bâtiments du moulin Bornu a été peu modifié.

Et il reste très vivant. Ainsi, une multitude d’activités ont pris place, dans les locaux dans cet ancien moulin.

A part quelques bureaux, vous y trouverez un fabricant de burgers, une distillerie, un éleveur de champignons, une potière et j’en oublie !


 De nombreuses entreprises sont logées dans l’ancien moulin