Le Fontaney ou les Fontannets de la Mothe
L’autre
jour, en cherchant les derniers vestiges du château de la Mothe à Vugelles-la
Mothe, j’ai eu aussi envie de découvrir juste en face, la cascade du Fontaney
et j’ai fini par découvrir qu’il existait en fait plusieurs sources.
Et aussi
plusieurs façons d’orthographier ces sources : Fontannets, Fontanet, Fontaney,
Fontanay
Prenons
donc ce petit sentier pour les découvrir :
Petit
écriteau à la sortie du village, côté Vuiteboeuf
Les
spéléologues distinguent trois Fontannets :
1° Le Fontannet inférieur, une source pérenne dont une
partie de l’eau est captée.
L’eau
du Fontannet inférieur qui dévale vers l’Arnon
Captage
d’un partie des eaux du Fontannet inférieur pour ???
Selon Marinus Rijkeboer :
C’est le réservoir qui alimente
la conduite forcée d’une grosse turbine Pelton, installée dans l’ancienne usine
Lassueur.
Turbine qui est tout à fait
fonctionnelle … mais qui ne turbine pas.
La légende locale dit que
l’acheteur a « oublié » de payer l’ancien propriétaire qui était la
CVE (Romandie Energie).
Le grand bâtiment industriel qui
abrite la turbine était une fonderie de cloches avant de devenir les ateliers
Lassueur.
C’était les Ets. Fornachon
Un établissement où furent fabriqués des boucles de ceintures, des machines à hacher la viande, des cloches et des boîtes à musique pour lesquelles un brevet avait été déposé.
Un usine victime de deux incendies.
La
source du Fontannet inférieur (Source pérenne)
2°
Le Grand Fontannet
Avec sa petite grotte et de l’eau
qui jaillit surtout au printemps.
Quand on cite la grande cascade
de la Mothe, c’est de cette source que l’on parle.
Voici le haut de la
grande cascade, encore à sec en février 2014
Dans son Dictionnaire historique de 1914, Mottaz note :
Ce
ruisseau jaillissant d’une petite grotte au-dessus du village et se jetant dans
l’Arnon après 300 m environ.
A
la fonte de neiges, le ruisseau jaillit très volumineux et forme une cascade
remarquable.
Le Dictionnaire géographique de
la Suisse (Attinger) paru en 1905 note sous :
Mothe (Cascade de la )
Commune de Vugelles-la Mothe.
Grande source temporaire jaillissant au printemps seulement, au moment de la
fonte des neiges du flanc de la montagne de Bullet (Chaîne du Chasseron) à
l’altitude de 605 m. par plusieurs ouvertures, en formant une magnifique
cascade de 30 m de hauteur.
Diverse sources permanentes qui
existent dans le voisinage sont en relation avec le même réservoir souterrain
dont la cascade n’est que le trop-plein.
Ces sources sortent au point de
contact entre le Portlandien et le Purbeckien renversé par-dessus le
Valangien.
En 1907,
la Tribune de Lausanne cite quelques cavités du Jura vaudois et note :
Le
Fontanet de la Mothe, situé à la
base du Chasseron, entre Vuitebœuf et Vugelles, en montre les effets : en temps
de grosses eaux, c'est un torrent qui sort du rocher et forme une cascade d'une
vingtaine de mètres. En temps de sécheresse, la grotte est accessible. On y
découvre un chaos de gros blocs engoncés les uns sur les autres, entre les
parois.
Petite
place au bout du sentier vers l’entrée du Grand Fontannet
Gros
blocs recouverts de mousse à l’entrée du Grand Fontannet
Et
pour aller plus loin, si vous êtes un
bon spéléologue, voici l’entrée du Grand Fontannet…
Et vers la mi mars, la neige fond sur les pentes du Chasseron.
Et va s'échapper de la grotte du Grand Fontannet.
Le 15 mars 2014 l'eau s'échappe de la grotte du Grand Fontannet
La grande cascade reprend son activité
Mais pour aller prendre la photo de la cascade. il faut tout de même affronter quelques risques...
3° Le Petit Fontannet
Juste un
peu plus haut, sur la droite du Grand Fontannet, voici l’entrée très étroite du
Petit Fontannet
Entrée
du Petit Fontannet
Situation des Fontannets de la Mothe
Voici en complément,
quelques articles de journaux, citant ces sources.
Fal du 3
mars 1972
LA SPÉLÉOLOGIE DANS LE NORD VAUDOIS
Un réseau loin d’avoir livré la totalité de
ses secrets
«
Dans le Nord vaudois, le Jura s’apparente à un gigantesque morceau de gruyère !
» Cette affirmation n’est pas gratuite. C’est à M. Charly Pernoud, président du
Groupement spéléologique régional, que nous l’empruntons. Depuis des années,
appuyé par les membres les plus fervents de la section, il explore et recense
toutes les cavités de la contrée. Il s’efforce aussi de découvrir de nouvelles
galeries par un patient travail de recherche dont le côté parfois peu
spectaculaire laisse songeurs les non-initiés. Avec lui, nous avons tenté de
faire le tour des possibilités qu’offre la région à la curiosité du « spéléo ».
Si
la Suisse compte quelque 800 grottes, le Jura, à lui seul, en recèle plus de
500. Dans le Nord vaudois, les plus connues sont sans doute celles que l’on
trouve dans les gorges de Covatannaz, entre Vuitebœuf et Sainte-Croix. Ici,
deux entrées permettent à l’amateur expérimenté de s’enfoncer dans un dédale
dont la longueur totale explorée à ce jour atteint le kilomètre. Connues sous
le nom de « grotte des Lacs » et « grotte des Vertiges », les deux cavernes
sont reliées entre elles par une jonction. Alors qu’elle progressait dans une
nouvelle « cheminée » rendue accessible par la baisse des eaux, une équipe de «
spéléos » découvrait, en 1964, une galerie fossile, autrement dit une galerie
qui n’est
plus empruntée
par l’eau
même
en cas de crues — dans laquelle l’homme ne s'était jamais encore aventuré. Digne d’intérêt, en raison des concrétions (*) qu’elle renferme, cette cavité n’a pu être visitée que très
rarement par la suite. « On doit en effet bénéficier .de conditions
météorologiques exceptionnelles pour atteindre la cheminée qui y conduit,
explique M. Pernoud. Son accès n’est possible qu’en cas de basses eaux. Encore
faut-il s’entendre sur cette expression. «Travailler par basses eaux », cela
signifie pour nous «progresser avec de l’eau jusqu’aux épaules ou jusqu’au cou
»... A noter que cette eau a une température de 7 degrés et que le Groupement
du Nord vaudois s’y engage sans combinaisons spéciales...
Le mythe du lac souterrain
A
deux kilomètres des gorges de Covatannaz, au-dessus de Vugelles-La Mothe, les
amateurs découvrent deux galeries peu distantes l’une de l’autre : le Grand et
le Petit Fontanay. Par la vaste gueule de la première s’échappent dès la fonte
des neiges et en période de pluies abondantes d’impressionnants flots qui se
jettent un peu plus loin au bas d’une chute de 40 mètres.
La seconde de ces grottes est une fente
étroite qui draine également un torrent intermittent. Ni l’une ni l’autre n’ont
pu être explorées très profondément — 200 mètres au maximum — en raison des
éboulis qui les obstruent. Frappée par les énormes masses d’eau qui surgissent
en diverses saisons du Grand Fontanay, la population de la contrée s’est longtemps
plu à imaginer la présence d’un vaste lac souterrain au-delà des éboulis et le
rattachement de la grotte à des galeries en provenance, des Alpes.
A cet égard, le spécialiste qu’est M.
Pernoud fait preuve de scepticisme. « La thèse du lac souterrain est
certainement erronée », estime-t-il. « Il est beaucoup plus probable que
d’immenses massés d’eau reposent en permanence dans les galeries. Quant à
l’hypothèse selon laquelle une partie des eaux proviendrait des Alpes, elle est
géologiquement impossible. » « Le Grand Fontenay », ajoute M. Pernoud, « exerce
un attrait presque fascinant sur quelques membres de notre section. Pour ma
part, une exploration plus approfondie aurait tendance à m’inquiéter, en
raison, précisément de cette masse d’eau. »
Etablir
la carte du réseau
Outre les grottes de Covatannaz et de La
Mothe, le Nord vaudois offre quelques possibilités d’investigation
spéléologique sur le sommet même du Jura. On trouve en effet plusieurs,
gouffres à proximité de L’Auberson et de La Combe, non loin de Mauborget. Mais
quel intérêt présente au juste le réseau régional ? Disons d’emblée qu’il n’est
pas de nature à faire palpiter le cœur des spécialistes de l’archéologie. Tout
au plus le Groupement du Nord vaudois a-t-il découvert dans les grottes de Covatannaz
le col d’une urne datant de l’âge du bronze — provenant peut-être d’une
inhumation — ainsi... qu’un pistolet du siècle' dernier probablement perdu par
un chasseur. « En fait, la découverte de vestiges historiques ne revêt qu’une
importance secondaire pour nous», précise M. Pernoud. « C’est avant tout le
goût de l’aventure qui nous guide ; c’est ensuite le désir d’établir le relevé
topographique du réseau tout entier par des mesures appropriées et par le
dessin de cartes. »
Importante
expédition en vue
Cette année encore, le
Groupement entend mettre sur pied une importante expédition à Covatannaz dans
le but de déceler de nouvelles galeries. Afin d’éviter les dangers que
présentent habituellement ces grottes — crues subites à.la suite d’orages
imprévisibles — la section envisage de laisser une équipe à l’extérieur, et
d'installer un système de communication téléphonique permanent entre les deux
groupes. En attendant le jour J, les plus passionnés travaillent à ciel ouvert
du côté de l’Auberson. Désireux de trouver l’accès d'une nouvelle galerie, ils
déblaient depuis plusieurs mois, les pierres et les détritus obstruant ce qui
leur paraît être un ancien gouffre. Grâce à ces travaux effectués pendant leurs
heures de loisir seulement, ils sont déjà parvenus à une profondeur de treize
mètres et espèrent bien découvrir un boyau horizontal un peu plus bas. « Le
réseau du Nord vaudois recèle encore de nombreuses galeries qui n’ont jamais
été visitées », commente M. Pernoud. « Mais l’heure des explorations et des
découvertes relativement, faciles est passée. Aujourd’hui, si l'on veut
vraiment déceler de .nouvelles possibilités, il: est indispensable d’accomplir
de longs travaux d’approche. Ce que nous faisons précisément, près de
l’Auberson. »
(*) Stalactites et
stalagmites.
Fal du 12 et 13 mai 1973
A La Mothe, dans un repli du vallon de
l'Arnon une chute de 40 mètres peu connue : le Fontanay
Elle pourrait être une petite attraction
touristique ; elle demeure simplement, perdue dans un repli du vallon de
l'Arnon, une curiosité naturelle connue d'une minorité. Sa beauté bruyante
attire chaque week-end, au printemps, quelques promeneurs de la région qui la
prennent pour but de randonnée. Les autres, les automobilistes pressés qui
passent au hasard de leur route par le hameau de La Mothe, entrevoient ses
bouillonnements d'écume au travers d'un rideau de verdure. On les voit se
pencher à la portière et hausser le sourcil d'étonnement. Et pour cause : la
cascade du Fontanay — ou Fontanet — qui jaillit au pied du Jura, entre Vugelles
et Vuitebœuf, n'est annoncée par aucun écriteau et ne figure, à notre
connaissance, dans aucun guide touristique. Bien dissimulée malgré ses 40
mètres de hauteur, la chute échappe d'autant plus facilement à l'attention des
usagers de la route qu'elle n'est en activité que quelques mois par année. Son
débit en effet, est intermittent. Débouchant d'une grotte assez vaste située à
une cinquantaine de mètres de la cascade, ses eaux bouillonnent surtout à la fonte des neiges et lors des
grandes pluies. Mais en période de sécheresse, la source tarit et le Fontanay,
en même temps qu'il passe du blanc d'écume au vert de la mousse, sombre dans le
silence. Asséché, il reste d'ailleurs imposant et attire des curieux. Son
précipice de 40 mètres valut même la mort, il y a une trentaine d'années, à une
adolescente qui s'était trop penchée. Depuis treize ans, un habitant de La
Mothe, M. R. Lassueur, s'est pris au jeu de la source. Jour après jour, il
prend note de l'activité de la chute. Un coup d'œil sur ce « calendrier » et
l'on apprend que le Fontanay, depuis 1960, a coulé en moyenne pendant une
septantaine de jours par an. 1964, 1971 et 1972 furent les années les plus
sèches, avec 28, 34 et 38 jours d'activité, tandis que l'année record fut 1965
avec un total de 103 jours. C'est dire que les fluctuations sont importantes
d'une année à l'autre et qu'il faut de la patience, certaines années, pour
pouvoir apprécier le spectacle dans toute sa beauté. A cet égard, les mois de
mars, avril, mai et novembre sont généralement les plus propices. Lorsque son
débit devient impressionnant, le Fontanay se fait donner un coup de main par
une source cadette. A quelques dizaines de mètres de lui s'ouvre en effet une
chute plus petite, alimentée elle aussi par une grotte qui se met en activité
en période de très grosses pluies seulement. Leurs eaux se rejoignent au pied
de la falaise' avant de s'engager dans un cours chaotique qui les conduit à
l'Arnon, quatre cents mètres plus loin. Pétrarque, qui était tombé amoureux en
même temps de la fontaine de Vaucluse et de la belle Laure, n'aurait sans doute
pas éprouvé moins de sentiment pour le Fontanay. Mais il aurait fallu pour
cela, bien entendu, que sa bien-aimée habitât Yverdon plutôt qu'Avignon... * Y.
L.
En 1983,
un essai de coloration à partir de la Baume de la Roguine avait déjà prouvé la
complexité de la circulation des eaux sous le Chasseron.
Je
cite 24 H du 6 avril 1984 :
Toute la région est
géologiquement très complexe. Karstique, taillée dans le calcaire, la
circulation des eaux y est parfois surprenante, pour ne pas dire fantaisiste.
En mars de l'année dernière, (1983) la commission scientifique de la Société
suisse de spéléologie, présidée par le géologue neuchâtelois Claude Wacker, et
le groupe spéléo de Neuchâtel, Le Troglolog, dirigé par M. Pierre-Yves Jeannin,
a entrepris de colorer les eaux de la Baume de la Roguine à l'est du
Mont-Aubert, sur la route Mauborget-Val-de-Travers.
Le vert de la
fluorescéine est parti en étoile autour du gouffre dans lequel le colorant a
été injecté. Un long chemin La majeure partie (80%) est réapparue dans les
sources de la Dia et de la Raisse, sur les bords du lac de Neuchâtel. Elle a
parcouru ce chemin, long d'environ 8 km à vol d'oiseau, en cinq jours. Il a
fallu une dizaine de jours pour qu'un peu d'eau colorée apparaisse dans le
secteur de Provence-Montalchez et une douzaine pour teinter les pastis de la région
de Fleurier et de Môtiers. Direction sud-ouest, celle de Vuitebœuf, la fluorescéine est ressortie au bout de
huit jours à Vugelles-La- Mothe et, surtout, après treize jours dans les
gorges de Covatannaz. C'est de ses gorges que Vuitebœuf tire son eau. Cette
coloration ne permet pas de déterminer l'origine de la pollution de fin mars.
Elle prouve simplement combien les chemins suivis par les eaux peuvent être
divers. S'y ajoute encore la distance en l'occurrence 11km en ligne droite,
entre La Roguine et les gorges de Covatannaz. L'expérience montre que, malgré
la topographie, l'écoulement de l'eau peut se faire dans toutes les directions.
Ces
cavités, comme d’autres grottes de la région, continuent à attirer les
spéléologues qui, vers 2003, en ont exploré une nouvelle section grâce à des
pompages.
Voir le
site :
Un site
qui donne une carte et une très bonne description des différents Fontannets de
la Mothe
Un autre
site montre les grottes avec beaucoup d’eau en décembre 2009 :
http://www.speleo-lausanne.ch/myblog/index.php?blog=2&cat=1&page=1&disp=posts&paged=18
Un autre site de spéléologie avec d'excellentes photos :
http://www.visinand.ch/Speleo/V_Nord_Vaudois/Vugelles-La%20Mothe/Grand_Fontannet_de_la_Mothe/Grand_Fontannet_de_la_Mothe.htm
Un autre site de spéléologie avec d'excellentes photos :
http://www.visinand.ch/Speleo/V_Nord_Vaudois/Vugelles-La%20Mothe/Grand_Fontannet_de_la_Mothe/Grand_Fontannet_de_la_Mothe.htm