L’ancienne usine
électrique des Clées
L’ancienne
usine électrique des Clées et les habitations du personnel
Les
turbines de cette petite usine auront tourné de décembre 1896 au 18 juin 1955 fournissant le courant
électrique à Yverdon et à de nombreuses localités du Nord-Vaudois.
Cette
brave usine mérite bien deux mots pour retrouver son histoire.
Un grand merci également à Mme Catherine Streit (CS) de m'avoir permis d’utiliser une partie de sa collection de cartes postales pour illustrer cette aventure.
Un grand merci également à Mme Catherine Streit (CS) de m'avoir permis d’utiliser une partie de sa collection de cartes postales pour illustrer cette aventure.
Au
début 1896, à Yverdon, on cherche des fonds et on met en souscription le capital
obligation.
Avec
les fonds disponibles les travaux démarrent en mars 1896.
A
la fin de l’année l’usine et le canal sont prêts, la première dynamo arrive au
début décembre, mais le barrage n’est pas encore construit. On va donc démarrer
avec un barrage provisoire.
La
Feuille d’avis du 11 novembre 1896 nous décrit l’avancement des travaux :
« On
donne les renseignements suivants sur les travaux de l'usine des Clées, qui
fournira prochainement à Yverdon, à Ste-Croix et aux villages voisins l'énergie
et la lumière électriques : La construction du barrage, retardée par le mauvais
temps, n'est pas achevée. Si c'est nécessaire, on établira un barrage
provisoire qui permettra l'exploitation jusqu'aux premiers beaux jours de 1897,
époque où l'on achèverait la construction actuelle.
Le
canal de dérivation sera terminé dans une quinzaine de jours. C'est une partie
importante de l'entreprise. Établi sur la rive droite de l'Orbe, le canal a une
longueur totale de 3’550 mètres; 2’010 mètres ont été percés en souterrain, le
surplus en tranchée. Cette dernière partie ayant été recouverte, le canal
consiste en fait en un tunnel ininterrompu de plus de 3 1/2 kilomètres. A pied,
la traversée du souterrain exige plus d'une demi-heure.
Le
tuyau de charge, exécuté par les ateliers de constructions mécaniques de Vevey,
amène l'eau de l'extrémité du canal sur les turbines. Ce tuyau, de 60 mètres de
longueur, a un diamètre de 1,20 m.
La
hauteur de chute étant de 45 mètres, la force effective à l'usine sera de 1800
chevaux. Le bâtiment des machines est terminé, il peut contenir six machines
accouplées (turbines et dynamos de 300 chevaux chacune). Trois turbines sont
déjà posées ; les autres seront commandées au fur et à mesure des besoins. La
première dynamo va être incessamment mise en place : elle est maintenant à
l'essai aux ateliers d'Oerlikon.
Au
bâtiment des machines est annexée une maison, qui servira de logement aux trois
machinistes et à leurs familles. Malgré le mauvais temps, la Société espère
encore pouvoir fournir la lumière à Yverdon avant la fin de l'année, et quinze
jours plus tard à Ste-Croix ».
Et
le 22 décembre 1896, la lumière électrique illumine les rues d’Yverdon.
Mais
quelques jours plus tard, premier malheur. Le 11 février 1897 le barrage
provisoire se rompt.
On
démarre en mars, la construction du barrage définitif, qui sera achevé en août
1897.
Et
le nombre de clients augmente rapidement tant pour l’éclairage que pour la
force, Ste- Croix, Grandson se branchent
1897 Ateliers du Jura-Simplon à Yverdon, les
imprimeries de la Feuille d’avis de Ste-Croix, le village de Rances et son
battoir
1898 Montcherand
1899
Valeyres sous Rances, l’Abergement, Sergey.
Et
le rapport d’activité de 1903 cite la plupart des localités entre Les Clées,
Yverdon et Ste-Croix.
Il
y aura bien sûr quelques avaries, quelques court-circuits dus aux orages et
même à un ballon militaire qui brise les fils électrique de la ligne d’Yverdon vers
la colonie d’Orbe.
Ces
petits problèmes auquel s’ajoute parfois un manque d’eau oblige la société à
construire une usine de renfort à Yverdon de 1905 à 1906.
L’important
manque d’eau de 1908 prouve l’utilité de cette installation.
Sur
la droite une partie des bâtiments d’Yverdon
Quelques incidents.
A
fin janvier 1910 l’usine est complètement inondée avec 1,50 m. d’eau dans la salle
des machines.
Au
début du mois d’août 1912, l’instituteur Liardet parti à la pêche est retrouvé
noyé à la grille du chenal.
En
septembre 1912, lors d’un exercice de tir à Baulmes des militaires mitraillent
fils et isolateurs provoquant une grosse coupure de courant à la localité et à
l’usine.
L’année
d’après, en 1913, ce sont des étourneaux qui sont la cause d’un court-circuit,
les voilà grillés sur place !
Plus
grave, en septembre 1920, un incendie se déclare dans les bureaux yverdonnois de
la Société. On s’apercevra bien vite que le pyromane était le comptable qui
souhaitait faire disparaître la preuve de plus de fr 140’00.- de malversation.
Mais
cela n’empêche pas la Société de faire de bonnes affaires et de pouvoir verser
à ses actionnaires des dividendes de 8 à 10% dans les années 1920-1930
La
Société collabore aussi avec d’autres compagnies électriques, ainsi les Forces
de Joux vont lui fournir du courant de 1910 à mars 1935.
En
1917 on réfléchit à un projet de fusion avec ces mêmes Forces de Joux et la
Société romande d’électricité, un projet qui échouera deux ans plus tard pour
diverse raisons.
Mais dès 1945 les choses se compliquent.
En
effet selon la loi cantonale du 18 février 1901 les concessions accordées par le canton
doivent prendre fin en 1951.
Et
malgré de nombreuses oppositions locales et celle des usiniers de l’Orbe,
1950
voit la création de la Compagnie vaudoise d’électricité (CVE) avec le canton, les
communes et des privés dans son capital-actions.
En 2012, la majorité du capital de la Romande Energie, qui a succédé à la CVE, reste aux mains des collectivités publiques
Et
c’est cette société qui obtient la concession pour une nouvelle usine électrique
sur l’Orbe.
Elle construit un grand barrage au Day et une usine souterraine en dessous de Lignerolle, mais qui se nommera usine des Clées.
Elle construit un grand barrage au Day et une usine souterraine en dessous de Lignerolle, mais qui se nommera usine des Clées.
L’usine
du Châtelard, l’usine électrochimique du Saut du Day, l’usine des Clées perdent
ainsi leur concession et vont cesser leur activité.
La
Société du Châtelard garde l’usine de la Jougnenaz.
Quant
à l’usine des Clées sa fin est programmée de la façon suivante :
En
1951 la ville d’Yverdon rachète pour 3'700’000 de francs le réseau de la ville
Le 18 juin 1955 les turbines des
Clées s’arrêtent et le courant sera fourni désormais par la nouvelle usine
souterraine située en dessous de Lignerolle.
Au
premier plan, l’ancienne usine électrique au bord de l’Orbe (CS)
En
1958 la CVE reprend le réseau de distribution de la Société de l’usine
électrique des Clées.
Désormais,
comme le constate la Société de l’usine électrique des Clées:
« De caractère industriel et
d'utilité publique qu'elle était, au temps du fonctionnement de sa propre usine électrique, elle a pris
l'aspect d'un groupement financier par les immeubles et les liquidités qu'elle
possède, depuis que la Compagnie vaudoise d'électricité a repris à son compte
la distribution de l'énergie hydro-électrique du réseau de cette dernière par
la mise en activité de la nouvelle usine électrique souterraine des Clées. »
Peu
à peu, de 1965 à 1967, la Société vend à
la commune les terrains qu’elle possède à Yverdon pour plus de 4 millions, ses
bâtiments des Clées, usine et habitations sont achetés par des privés et une
petite parcelle à l’Isle est vendue à la commune de Ballaigues en 1961.
Les
actionnaires se partagent cette manne, et ainsi prend fin cette intéressante aventure industrielle du Nord vaudois
Et voici encore quelques cartes postales de la collection de Mme Catherine Streit.
Les Clées, son château et son usine avant la construction du pont de 1906 (CS)
Et voici encore quelques cartes postales de la collection de Mme Catherine Streit.
Les Clées, son château et son usine avant la construction du pont de 1906 (CS)
Usine électrique des Clées avec le logement du personnel (CS)
Ce qu’il en reste en 2013
Le
tracé de l’ancien canal qui reliait la prise d’eau à l’usine électrique est facile à déterminer.
Il
correspond au sentier pédestre qui, sur la rive droite, relie Les Clées à
l’usine de l’Isle en dessous de Ballaigues.
Il
est noté en rouge sur la carte ci-dessous
De
la prise d’eau jusqu’à l’usine
En
commençant par le haut, on constate que la prise d’eau est encore bien là, mais ne prélève plus
la moindre goutte d’eau dans l’Orbe.
Les
restes du barrage vers l’ancienne prise d’eau
La
prise d’eau sur la rive droite, pas très loin de l’usine de l’Isle
Si vous continuer à remonter le cours de l'Orbe, après quelques centaines de mètres vous trouverez un petit pont qui franchit la rivière, juste en face de la sation de pompage de l'Isle, dont nous avons déjà relaté l'inauguration dans ce blog
Voir :
http://arnexhistoire.blogspot.ch/2013/02/les-gorges-de-lorbe-et-ses-sources.html
Pont de bois sur l'Orbe vers la station de pompage de l'Isle
Mais revenons à la prise d'eau de l'usine des Clées et à ce qu'il en reste
La
grille de la prise d’eau est toujours là
A la prise d’eau, le
départ du canal d'une longueur de 3.5 km
Plus
bas, le long du sentier, une entrée donne accès à l’ancien canal d’amenée d’eau
Un
canal qui a permis aux gamins des Clées de s’initier à la spéléologie
En face, sur la rive gauche, les déchets extraits pour la nouvelle usine électrique
Accès extérieur de la nouvelle usine souterraine en dessous de Lignerolle
Le
départ de la conduite forcée juste au-dessus de l’ancienne usine des Clées
L’ancienne
usine utilisée comme dépôt de machines de chantier
Juste en dessous de l'ancienne usine des Clées, la
prise d’eau actuelle de l’usine de Montcherand
Plan de la prise d'eau pour l'usine de Montcherand
Quant au déversoir qui créait la cascade, juste avant l'usine des Clées, au-dessus de la source Mercier, il existe toujours. Mais...
Le petit lac du déversoir
Mais mais il est maintenant privatisé !
Protégé par une clôture ...
,,,et bien abrité derrière son cadenas.
La porte fermée de la cascade des Clées
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