lundi 18 février 2019

Les dames de Covatanne



Les belles dames du sentier de Covatanne

J’ai découvert, il y a peu, quelques cartes postales d’A. Deriaz, éditeur de cartes postales à Baulmes et postées vers 1900.

Ces cartes m’ont poussé à reprendre quelques éléments historiques de gorges de Covatanne.






Les dames du sentier des gorges de Covatanne





Entrée du sentier des gorges de Covatanne à Vuitboeuf


Comme d’autres lieux, Covatanne se termine souvent  par az, mais se prononce Covatanne

C’est un sentier très très connu. 
En faisant une recherche sur la Toile vous trouverez au moins quinze présentations de cet itinéraire.
Sur ce schéma, on part de St- Croix, mais l’inverse est aussi possible !



Les origines du sentier des gorges

Pour remonter aux origines, il faut relire la presse locale qui publiait les articles suivants :

Le 24 juin 1854 :

Puis, le 1er juillet 1854, la Feuille d’Avis d’Yverdon et du district de Grandson du publie l’avis suivant concernant l’ouverture d’une souscription pour financer les travaux :




Et en 1906, dans son Dictionnaire historique du canton de Vaud, Eugène Mottaz nous en fait le portrait suivant :

Gorge creusée par l’Arnon entre le hameau de la Villette, com de Ste. Croix, et le village de Vuiteboeuf et séparant les contreforts du Mont de Baulmes de ceux du Chasseron. Elles ont environ 11/2 km de longueur, à une altitude de 600 à 750 m. Un très intéressant et beau sentier les traverse.

Il fut construit en 1854 par la commune de Ste-Croix, soutenue par une subvention de l’Etat et par des souscriptions particulières. On trouve dans ces gorges des grottes intéressantes, mais d’un accès difficile.

Des dépôts de tuf y furent exploités au moyen âge, ainsi que le font supposer des traces d’un ancien chemin

(Voir Un vieux chemin dans la Revue historique vaudoise de 1900, page 81 à 91)

Dans cet article de la RHV l’auteur se demande comment ont été transportés les blocs de tuf vers le bas.

En examinant les bords de l’Arnon, il a pu distinguer de nombreuses entailles sur les deux côtés de la rivière.

Il pense donc que l’on a construit un ponton sur la rivière. Et que cet ouvrage date du onzième ou douzièmes siècles lors de la construction des châteaux de la région : Champvent, Château des Tours deVuiteboeuf.

A la même époque, Victor. H. Bourgeois, dans son ouvrage : 
Au pied du Jura  Guide archéologique et historique nous donne quelques détails supplémentaires :

Si l’on remonte, à partir du village, le lit même de l’Arnon, on arrivera bientôt à un barrage construit il y a quelques années pour diriger une partie des eaux par un petit tunnel creusé dans ce but à travers le roc de la montagne et, par une canalisation, à une scierie établie plus bas. C’est au cours de ces travaux que l’on découvrit les vestiges d’un ancien chemin qui remontait le chenal à 2 mètres environ au-dessus de l’eau.

En aval et en amont de cet ancien barrage on voit encore de grandes entailles creusées dans le roc, à une certaine hauteur des deux côtés du torrent.

Ces trous ont la forme soit de rectangle, soit de carrés ; ils sont plats dans leur base, tandis que la partie supérieure est inclinée, évasée en quart de cercle, de l’extérieur vers l’intérieur. Ces trous ont environ 30 cm de côté, se trouvent toujours en face les uns des autres et sont de dimension à peu près égales….

…Ces marques du travail de l’homme sont les vestiges d’un ancien chemin remontant les gorges de Covatannaz. Il est à supposer que les trous supportaient de fortes poutres adossées bout à bout, ls unes contre les autres en forme de faîte de toit, et qu’à cette solide charpente était suspendu le pont de bois pour lequel la gorge, trop étroite par endroit avait été élargie et qui reposait par place sur le lit taillé en pente douce dans le roc vif.

Ou bien les trous servaient-ils à appuyer des poutres horizontales portant le plancher du chemin ? Il est difficile de préciser.



L’Arnon, source d’énergie contestée


L’article ci-dessus rappelle le captage d’une partie de la rivière pour actionner une scierie du village de Vuiteboeuf.


Plus récemment un projet de microcentrale électrique suscite la polémique.




Plus récemment un projet de microcentrale électrique suscite la polémique.
En 2013, le Canton de Vaud a accordé une concession que le Tribunal cantonal a annulée en 2015 sur plainte de Pro Natura, du WWF et de l’association cantonale des pêcheurs. Le participant au projet Estia SA a recouru contre cette décision auprès du Tribunal fédéral. Celui-ci, soutenant les arguments d’Estia SA, a renvoyé le cas au Tribunal cantonal en novembre dernier. Il mentionne que, en raison des répercussions réduites sur la nature et l’environnement, cette faible production d’électricité ne présente aucune raison valable pour renoncer au projet.
L’Omnibus résume ainsi la situation en décembre 2016
Centrale hydraulique dans les Gorges
Depuis 2002, date de la première étape du processus initié par la société Estia, située sur le Parc de l’Innovation de l’EPFL, de l’eau a déjà bien coulé sous les ponts. Avec pour objectif de construire une microcentrale hydroélectrique dans les Gorges de Covatannaz, cette entreprise, soutenue dans son projet par la Romande Energie, a rencontré plusieurs oppositions, justifiées ou invalidées par les différentes instances juridiques.
Oui, non, oui, mais…
Après un premier octroi par le Canton de Vaud en 2013, des autorisations pour turbiner les eaux de l’Arnon, le projet s’était vu rapidement stoppé par un recours déposé auprès de la Cour Cantonale par Pro Natura, WWF et la Société vaudoise des pêcheurs. Accepté, le tribunal avait justifié sa décision en relevant la faible production estimée, qui ne justifiait selon lui, pas les probables conséquences sur l’environnement de ce lieu «à grandes valeurs naturelles et paysagères». La société Estia a alors décidé de recourir contre cette décision auprès du Tribunal Fédéral cette fois. Le verdict est tombé mercredi dernier (23.11.16) en leur faveur. Cependant, la construction et l’exploitation de cette centrale hydraulique restent encore en suspens. Le dossier a, en effet, été renvoyé vers les instances cantonales, accompagné de plusieurs précisions, notamment concernant les données sur la rentabilité du projet.
En 2020 le projet prend enfin forme

Selon l'article ci-dessus (La Région du 6 février 2020) le projet de centrale dispose maintenant des autorisations nécessaires,
Les travaux devraient débuter en été 2020 et la petite centrale située à Vuiteboeuf pourrait être mise en service en 2021.
Avec une production de 1,78 GWh de quoi satisfaire les besoins de 500 ménages.
https://www.24heures.ch/combattue-depuis-plus-de-dix-ans-la-petite-turbine-sera-construite-555234819014


En automne 2020 les travaux ont enfin démarré
Un article de La Région du 17 octobre 2020

La force de l’Arnon produira de l’énergie renouvelable

17 OCTOBRE 2020

La future centrale électrique de l’Arnon sera mise en service à la fin de l’année prochaine.

«C’est parti d’une histoire de pompiers», image Pierre-Gilbert Tanner, de Mathod, ancien cadre nord-vaudois de la Compagnie vaudoise d’électricité (CVE), aujourd’hui Romande Energie. C’est en effet lors d’une discussion avec Manuel Bauer, d’Onnens, membre de la direction et cadre d’Estia, il y a près de vingt ans, que l’idée de créer une mini-centrale électrique sur le cours de l’Arnon a surgi. Les deux initiateurs étaient alors loin d’imaginer qu’ils venaient de s’engager dans une histoire au long cours…

En effet, Pierre-Gilbert Tanner ne cache pas que ces dernières années, il a eu parfois des moments de découragement: «On était essoufflés à la fin. C’était déprimant.» Mais, malgré les procédures judiciaires, le projet a abouti. Aujourd’hui, le chantier est lancé et si tout se passe bien, la centrale sera mise en service dans une année. Elle devrait fournir du courant pour l’équivalent de la consommation de 600 ménages.

Ce projet, même s’il a suscité l’opposition de défenseurs de l’environnement, répond en tout point à la stratégie Energie 2050 de la Confédération. Car on parle bien d’énergie renouvelable. Et pourtant, il a fallu quatre années de procédure judiciaire pour aboutir, avec deux passages à la Cour de droit administratif et public (CDAP) du Tribunal cantonal et un petit détour par le Tribunal fédéral! Mais pour les initiateurs et constructeurs, l’essentiel est d’avoir surpassé les moments de découragement. Aujourd’hui, avec le permis de construire accordé par Sainte-Croix et Vuiteboeuf, ils peuvent aller de l’avant.

Chef de projet et collaborateur de Romande Energie, Lawrence Armstrong relève qu’une fois l’idée de départ émise, il fallait encore confirmer la faisabilité et la rentabilité économique: «Nous avons procédé à des mesures de débit et fait les calculs de chute, afin de déterminer l’endroit le plus favorable.»

Le choix a été porté sur le pied de la grande paroi de calcaire visible depuis la plaine, située au pied du Château de Sainte-Croix, où émerge, au pied de la grotte du Vertige, connue aussi comme Fontanet de Covatannaz, de l’eau tout au long de l’année. Ce petit torrent, qui peut se transformer en spectacle lors de périodes de pluies intenses comme celles de ces dernières semaines -la grotte du Vertige crache alors plusieurs mètres cubes d’eau par seconde- vient se jeter dans l’Arnon.

C’est à cet endroit aussi qu’ont été construits, il y a plusieurs décennies, des captages alimentant le village de Vuiteboeuf. Mais à certaines périodes, cette eau était impropre à la consommation. Des cas de typhus ont même été répertoriés dans les années septante. Des colorations, exigées par le Laboratoire cantonal, ont mis en évidence à l’époque des infiltrations provenant de la partie supérieure des gorges, où sont rejetées les eaux de la station d’épuration de Sainte-Croix.

Afin de diminuer l’impact sur l’environnement, la prise d’eau sera placée dans le fond du lit du cours d’eau. Elle sera à peine visible par quelques éléments émergeants. Car si le chantier, qui a nécessité la mise en tube du cours d’eau sur quelques mètres, représente une grosse entaille dans le site, une remise en état complète, arborisation comprise, est garantie par les constructeurs.

Ceux-ci, réunis au sein d’Arnon Energie S.A., société spécialement constituée pour réaliser ce projet par Romande Energie, Estia et des privés, se sont engagés à assurer un débit minimum de 50 litres par seconde à la rivière. Elément intéressant, la prise d’eau va principalement absorber le liquide, de moins bonne qualité, provenant de l’amont, par une grille dont la nature empêche l’absorption des poissons.

De la prise d’eau à la centrale, elle sera construite à l’entrée de Vuiteboeuf (ancienne scierie), une conduite d’un kilomètre et demi de longueur et 600 mm de diamètre acheminera l’eau. Elle sera placée dans le chemin carrossable existant qui relie le village de Vuiteboeuf aux anciens captages. «Notre chance, c’est que ce chemin existe. Cela évite de procéder à l’abattage d’arbres», explique Pierre-Gilbert Tanner.

Le seul défrichement notoire, et temporaire, a été opéré dans la dernière portion, située entre le réservoir de Vuiteboeuf et le village. «Tout sera bien entendu remis en état. Et le bâtiment de la centrale sera bardé de bois. Il aura l’aspect de l’ancienne scierie», précise Lawrence Armstrong. Et d’ajouter que les voisins de la centrale ont été informés, et rassurés, notamment en ce qui concerne les nuisances sonores.

 

Un sentier sécurisé pour accéder aux Gorges

L’accès au parcours emprunté par la grande majorité des randonneurs entre Vuiteboeuf et Sainte-Croix est interdit pendant la durée des travaux. Mais le maître de l’ouvrage et ses partenaires ont fait en sorte que les amateurs de randonnée puissent continuer à passer par les gorges de Covatannaz. Si, sur la partie haute des gorges, il n’y a aucun changement, le parcours, bien balisé, emprunte un autre itinéraire entre le refuge forestier et Vuiteboeuf.

En effet, un ancien chemin de débardage, ainsi que le sentier qui le prolonge en direction de la plaine, ont été réaménagées et sécurisés, de manière à maintenir praticable ce parcours très apprécié des randonneurs entre la plaine et le Balcon du Jura. Cette partie du sentier, sans sa portion la plus haute, offre une vue magnifique sur le lac de Neuchâtel, le plateau et les Alpes.

Connu par peu de randonneurs, ce tracé aboutit à la ligne électrique qui traverse les gorges de Covatannaz, puis plonge vers la plaine, suivant la ligne, pour rejoindre, au-dessus du village de Vuiteboeuf, le chemin carrossable qui permet de descendre ensuite vers la déchetterie et de gagner les Rapilles, en direction de Baulmes, ou le village de Vuiteboeuf. En cette période automnale, c’est une belle sortie

 

Un chantier qui permet de «faire le ménage»

L’enfouissement de la conduite d’alimentation de la centrale hydraulique est aussi l’occasion de faire le ménage. Ainsi, la conduite qui reliait les captages de Covatannaz au réservoir de Vuiteboeuf, désaffectée depuis plusieurs années, sera extraite. Il en ira de même de l’ancienne conduite de gaz posée entre Vuiteboeuf et Sainte-Croix, dont le dégazage a suscité, en raison des odeurs, une intervention du SDIS Nord vaudois il y a peu. Pour cette dernière, seule la partie située entre les captages et Vuiteboeuf sera extraite, et remplacée par un tube abritant la fibre optique. Cette dernière, dans une étape ultérieure, empruntera la conduite de gaz désaffectée entre les anciens captages de Vuiteboeuf et Sainte-Croix. Enfin, entre le réservoir de Vuiteboeuf et le village, une nouvelle conduite sera construite pour le compte de l’Association intercommunale du vallon de la Baumine), qui gère la distribution d’eau potable. C’est dire que ce chantier favorise aussi une mise à jour des infrastructures..

L’Omnibus du 4 février 2022

Les tests pour la Centrale des gorges de Covatannaz

En début février 2022, ont eu lieu les premiers tests pour cette minicentrale (pour 570 ménages).

Malgré quelques aléas climatiques en 2021, ces importants travaux conduits par Arnon Energie SA se sont bien déroulés.

Ils ont débuté en octobre 2020




Petit barrage pour la prise d'eau en avril 2022




Accidents dans les gorges

Tout comme dans les gorges de l’Orbe malgré de nombreuses barrières ce charmant sentier n’est pas sans danger.

Les journaux de l’époque ont signalé quelques accidents et plusieurs chutes mortelles

Déjà en mars 1860, soit 6 ans après sa création et pour donner suite à divers accidents, on souhaite mieux sécuriser ce sentier. 



En janvier 1889, un jeune homme glisse et se tue.





En avril 1919, un jeune agriculteur de Mathod perd la vie après un chute




Puis, en avril 1939, quelques enfants se croyant à la bataille de Morgarten s’amusaient à faire rouler des pierres sur une pente des gorges !




En 1962, la chute d’un jeune français en vacances aux Rasses.




En septembre 1979, un inconnu est retrouvé noyé dans l’Arnon




Une tragique glissade mortelle pour récupérer son chien



Plus récemment, au XXI ème siècle, d'autres décès ont été signalés pour des jeunes gens victimes d’une chute dans les gorges de Covatanne. C’était en novembre 2011 et novembre 2014.



 Le sentier des Gorges est à nouveau sûr

La totalité du tracé se trouve sur le territoire de Sainte-Croix, ainsi l’entretien de ce sentier oblige la commune à de fréquents travaux comme par exemple en 2013.

 

La barrière en bois en face de la fontaine du CAS a été entièrement refaite.



Bonne nouvelle pour les adeptes de la descente des Gorges de Covatannaz. Le service forestier de la commune de Sainte-Croix a remis en état le chemin et les barrières le long du tracé, assurant à nouveau une sécurité optimale.

Dès que la fonte de la neige a permis l’accès au sentier des Gorges, le service forestier s’est mis au travail pour déjà éliminer les arbres et les branches tombées en hiver, puis procéder à divers travaux qui ont permis de sécuriser le tracé. En effet, ces dernières années, plusieurs barrières avaient été brisées suite à des chutes d’arbres et certains tronçons du chemin étaient devenus étroits et glissants, rendant cette balade, bien appréciée des Sainte-Crix et des touristes, quelque peu dangereuse.

Des travaux conséquents

La première partie du tracé, depuis la STEP jusqu’à la cascade, a été bien élargie. Les eaux de sources qui jaillissent du talus ont été canalisées pour qu’elles ne ravinent plus le sentier et le rendent glissant. Plus bas, les barrières endommagées ont été réparées, et celle en bois située en face de la fontaine du CAS a même été entièrement refaite ; les eaux de la source ont été quant à elles drainées pour passer par un tuyau sous le chemin.

C’est donc en toute confiance que l’on peut emprunter le sentier des Gorges de Covatannaz, tout en gardant à l’esprit que l’on est dans un environnement humide et à forte pente ; la prudence reste de rigueur pour ceux qui s’y rendraient avec des enfants.