Les belles dames du sentier de Covatanne
J’ai découvert, il y a peu, quelques cartes postales d’A.
Deriaz, éditeur de cartes postales à Baulmes et postées vers 1900.
Ces cartes m’ont poussé à reprendre quelques éléments
historiques de gorges de Covatanne.
Les dames du sentier des
gorges de Covatanne
Entrée du sentier des gorges de Covatanne à Vuitboeuf
Comme d’autres lieux, Covatanne se termine
souvent par az, mais se prononce Covatanne
C’est un sentier très très connu.
En faisant une recherche sur la Toile vous
trouverez au moins quinze présentations de cet itinéraire.
Sur ce schéma, on
part de St- Croix, mais l’inverse est aussi possible !
Les origines du sentier des gorges
Pour remonter aux origines, il faut relire la presse
locale qui publiait les articles suivants :
Puis, le 1er juillet 1854, la Feuille d’Avis d’Yverdon et du district de Grandson du
publie l’avis suivant concernant l’ouverture d’une souscription pour
financer les travaux :
Et en 1906, dans son Dictionnaire
historique du canton de Vaud, Eugène Mottaz nous en fait le portrait suivant :
Gorge
creusée par l’Arnon entre le hameau de la Villette, com de Ste. Croix, et le
village de Vuiteboeuf et séparant les contreforts du Mont de Baulmes de ceux du
Chasseron. Elles ont environ 11/2
km de longueur, à une altitude de 600 à
750 m. Un très intéressant et beau sentier les traverse.
Il
fut construit en 1854 par la commune de Ste-Croix, soutenue par une subvention
de l’Etat et par des souscriptions particulières. On trouve dans ces gorges des
grottes intéressantes, mais d’un accès difficile.
Des
dépôts de tuf y furent exploités au moyen âge, ainsi que le font supposer des
traces d’un ancien chemin
(Voir
Un vieux chemin dans la Revue historique vaudoise de 1900, page 81 à 91)
Dans cet article de la RHV l’auteur se demande comment
ont été transportés les blocs de tuf vers le bas.
En examinant les bords de l’Arnon, il a pu distinguer
de nombreuses entailles sur les deux côtés de la rivière.
Il pense donc que l’on a construit un ponton sur la
rivière. Et que cet ouvrage date du onzième ou douzièmes siècles lors de la
construction des châteaux de la région : Champvent, Château des Tours deVuiteboeuf.
A la même époque, Victor. H. Bourgeois, dans son
ouvrage :
Au
pied du Jura Guide archéologique et historique nous donne quelques détails supplémentaires :
Si
l’on remonte, à partir du village, le lit même de l’Arnon, on arrivera bientôt
à un barrage construit il y a quelques années pour diriger une partie des eaux
par un petit tunnel creusé dans ce but à travers le roc de la montagne et, par
une canalisation, à une scierie établie plus bas. C’est au cours de ces travaux
que l’on découvrit les vestiges d’un ancien chemin qui remontait le chenal à 2
mètres environ au-dessus de l’eau.
En
aval et en amont de cet ancien barrage on voit encore de grandes entailles
creusées dans le roc, à une certaine hauteur des deux côtés du torrent.
Ces
trous ont la forme soit de rectangle, soit de carrés ; ils sont plats dans
leur base, tandis que la partie supérieure est inclinée, évasée en quart de
cercle, de l’extérieur vers l’intérieur. Ces trous ont environ 30 cm de côté,
se trouvent toujours en face les uns des autres et sont de dimension à peu près
égales….
…Ces
marques du travail de l’homme sont les vestiges d’un ancien chemin remontant
les gorges de Covatannaz. Il est à supposer que les trous supportaient de
fortes poutres adossées bout à bout, ls unes contre les autres en forme de
faîte de toit, et qu’à cette solide charpente était suspendu le pont de bois
pour lequel la gorge, trop étroite par endroit avait été élargie et qui
reposait par place sur le lit taillé en pente douce dans le roc vif.
Ou
bien les trous servaient-ils à appuyer des poutres horizontales portant le
plancher du chemin ? Il est difficile de préciser.
L’Arnon, source d’énergie contestée
L’article ci-dessus rappelle le captage d’une partie
de la rivière pour actionner une scierie du village de Vuiteboeuf.
Plus récemment un projet de microcentrale électrique
suscite la polémique.
Plus récemment un projet de microcentrale électrique
suscite la polémique.
En 2013, le Canton de Vaud a accordé une concession que le Tribunal
cantonal a annulée en 2015 sur plainte de Pro Natura, du WWF et de
l’association cantonale des pêcheurs. Le participant au projet Estia SA a
recouru contre cette décision auprès du Tribunal fédéral. Celui-ci, soutenant
les arguments d’Estia SA, a renvoyé le cas au Tribunal cantonal en novembre
dernier. Il mentionne que, en raison des répercussions réduites sur la nature
et l’environnement, cette faible production d’électricité ne présente aucune
raison valable pour renoncer au projet.
L’Omnibus résume ainsi la situation en décembre 2016
Centrale
hydraulique dans les Gorges
Depuis 2002, date
de la première étape du processus initié par la société Estia, située sur le
Parc de l’Innovation de l’EPFL, de l’eau a déjà bien coulé sous les ponts. Avec
pour objectif de construire une microcentrale hydroélectrique dans les Gorges de
Covatannaz, cette entreprise, soutenue dans son projet par la Romande Energie,
a rencontré plusieurs oppositions, justifiées ou invalidées par les différentes
instances juridiques.
Oui, non, oui,
mais…
Après un premier
octroi par le Canton de Vaud en 2013, des autorisations pour turbiner les eaux
de l’Arnon, le projet s’était vu rapidement stoppé par un recours déposé auprès
de la Cour Cantonale par Pro Natura, WWF et la Société vaudoise des pêcheurs.
Accepté, le tribunal avait justifié sa décision en relevant la faible
production estimée, qui ne justifiait selon lui, pas les probables conséquences
sur l’environnement de ce lieu «à grandes valeurs naturelles et paysagères». La
société Estia a alors décidé de recourir contre cette décision auprès du Tribunal
Fédéral cette fois. Le verdict est tombé mercredi dernier (23.11.16) en leur
faveur. Cependant, la construction et l’exploitation de cette centrale
hydraulique restent encore en suspens. Le dossier a, en effet, été renvoyé vers
les instances cantonales, accompagné de plusieurs précisions, notamment
concernant les données sur la rentabilité du projet.
En 2020 le projet prend enfin forme
Selon l'article ci-dessus (La Région du 6 février 2020) le projet de centrale dispose maintenant des autorisations nécessaires,
Les travaux devraient débuter en été 2020 et la petite centrale située à Vuiteboeuf pourrait être mise en service en 2021.
Avec une production de 1,78 GWh de quoi satisfaire les besoins de 500 ménages.
Les travaux devraient débuter en été 2020 et la petite centrale située à Vuiteboeuf pourrait être mise en service en 2021.
Avec une production de 1,78 GWh de quoi satisfaire les besoins de 500 ménages.
https://www.24heures.ch/combattue-depuis-plus-de-dix-ans-la-petite-turbine-sera-construite-555234819014
En automne 2020 les travaux ont enfin démarré
Un article de La Région du 17 octobre 2020
Accidents dans les gorges
Tout comme dans les gorges de l’Orbe malgré de
nombreuses barrières ce charmant sentier n’est pas sans danger.
Les journaux de l’époque ont signalé quelques accidents
et plusieurs chutes mortelles
Déjà en mars 1860, soit 6 ans après sa création et pour
donner suite à divers accidents, on souhaite mieux sécuriser ce sentier.
En janvier 1889, un jeune homme glisse et se tue.
En avril 1919, un jeune agriculteur de Mathod perd la
vie après un chute
Puis, en avril 1939, quelques enfants se croyant à la
bataille de Morgarten s’amusaient à faire rouler des pierres sur une pente des
gorges !
En 1962, la chute d’un jeune français en vacances aux
Rasses.
En septembre 1979, un inconnu est retrouvé noyé dans
l’Arnon
Une tragique glissade mortelle pour récupérer son chien
Plus récemment, au XXI ème siècle, d'autres décès ont été signalés pour des jeunes gens victimes d’une chute
dans les gorges de Covatanne. C’était en novembre 2011 et novembre 2014.
Le sentier des Gorges est à nouveau sûr
La totalité du tracé se trouve sur le territoire de
Sainte-Croix, ainsi l’entretien de ce sentier oblige la commune à de fréquents
travaux comme par exemple en 2013.
La barrière en bois en face de la fontaine du CAS a été entièrement
refaite.
Bonne nouvelle pour les adeptes de la
descente des Gorges de Covatannaz. Le service forestier de la commune de
Sainte-Croix a remis en état le chemin et les barrières le long du tracé,
assurant à nouveau une sécurité optimale.
Dès que la fonte de la neige a permis l’accès au
sentier des Gorges, le service forestier s’est mis au travail pour déjà
éliminer les arbres et les branches tombées en hiver, puis procéder à divers
travaux qui ont permis de sécuriser le tracé. En effet, ces dernières années,
plusieurs barrières avaient été brisées suite à des chutes d’arbres et certains
tronçons du chemin étaient devenus étroits et glissants, rendant cette balade,
bien appréciée des Sainte-Crix et des touristes, quelque peu dangereuse.
Des
travaux conséquents
La première partie du tracé, depuis la STEP jusqu’à
la cascade, a été bien élargie. Les eaux de sources qui jaillissent du talus
ont été canalisées pour qu’elles ne ravinent plus le sentier et le rendent
glissant. Plus bas, les barrières endommagées ont été réparées, et celle en
bois située en face de la fontaine du CAS a même été entièrement refaite ; les
eaux de la source ont été quant à elles drainées pour passer par un tuyau sous
le chemin.
C’est donc en toute confiance que l’on peut
emprunter le sentier des Gorges de Covatannaz, tout en gardant à l’esprit que
l’on est dans un environnement humide et à forte pente ; la prudence reste
de rigueur pour ceux qui s’y rendraient avec des enfants.
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