lundi 30 avril 2012

Vignes d'Arnex : propriétaires et exploitants


Les propriétaires de vignes d’Arnex

Ils sont environ 46 propriétaires à se partager le vignoble  d’Arnex et celui exploité sur la commune d’Orbe.
Parmi eux la commune d’Arnex, trois hoiries et une dizaine de dames.

Les surfaces par propriétaires sont très variables, allant de 0.1 ha à 9 ha.
La surface moyenne en propriété est donc de 1.45 ha par propriétaire.

Et sur ces 46 propriétaires, seuls 14 possèdent plus de 2 ha de vigne.
Tous ne sont pas exploitants, car une quinzaine de propriétaires donnent  leurs vignes en location à d’autres vignerons.
A ce jour, 24 exploitations viticoles environ sont encore actives au village d’Arnex.
Elles exploitent donc en moyenne 2.8 ha. de vigne.

En fait, la plupart des exploitations combinent agriculture et viticulture.


Cadastre d'une partie du vignoble situé sous le village

vendredi 27 avril 2012

Les vignes d'Arnex et ses différents terroirs


Etude des terroirs viticoles vaudois : Appellation Côtes-de-l’Orbe

Initiée en 2000, l’étude des terroirs viticoles vaudois vise à mieux comprendre l’influence du sol sur le comportement de la vigne.
Cette recherche contribue également à déterminer le choix des cépages les mieux adaptés aux conditions naturelles de la région.

On peut y lire :
Les terroirs du Nord vaudois : des moraines,  des molasses légères et des calcaires durs du Jura
Les Côtes-de-l’Orbe ont subi l’influence morphologique des glaciers, mais les dépôts en sont peu conservés : quelques chapeaux sablo-caillouteux de moraines dominent des pentes aux sols issus de molasses en séquences complexes, marno-gréso-sableuses, diversement colorées.


Coupe géologique des Côtes-de-l’Orbe

Profils de sols.
Des profils de sol très détaillés ont été effectués, deux au vignoble sous le village (ARNOR.01 &ARNOR.03) et un autre aux Vaux vers la Grèpe (ARNOR.02).
Sur la commune d’Orbe, on a creusé un profil à la Vaux Vully, un aux Pallins et un dernier au Creux de Villars.
Ces sondages et d’autres observations ont permis d’établir une carte des sols de tout le vignoble des Côtes-de-l’Orbe.

Dans la carte ci-dessous le 2415 MO des Plantées et de Tollion signifie pour ces pédologues
24        Moraine de fond compacte, éléments grossiers inférieur  à 15-20%
1          Calcosol, soit un sol calcaire sur toute sa profondeur, différent de la roche mère par la couleur, le taux de cailloux.
5          La profondeur d’enracinement de profondeur variable de 100 à 180 cm
MO     Assez riche en matière organique



Carte des différents types de sols du vignoble sous le village d’Arnex et de celui des Vaux



Pour plus de détails, consulter :
Etude des terroirs viticoles vaudois
GEO-PEDOLOGIE
APPELLATION CÔTE-DE-L’ORBE
Projet réalisé par l’Association pour l’étude des terroirs viticoles vaudois 2000-2003

Par SIGALES – Etudes de Sols et de Terroirs  38 410 St Martin d’Uriage (F)

Et la suite ?
Ces études pédologiques permettent de mieux caractériser une partie des conditions naturelles de notre vignoble.
Elles devront permettre par la suite d’adapter au mieux les cépages, anciens ou nouveaux, aux différents terroirs vaudois.
Ainsi, durant 3 ans, de 2007 à 2009, une étude a été réalisée pour les cépages suivants :Ø  Doral
Ø  Gamaret
Ø  Garanoir
 Ø  Pinot noir
Ø  Merlot
Ø  Pinot gris
Ø  Diolinoir
Ø  Viognier
Ø  Galotta
   Ø  Gewürztraminer

Soit 130 parcelles, dont 22 dans le Nord vaudois et au Vully.
Ont été mesurés les rendements, l’effet du millésime, les teneurs en sucre, les taux d’alcool, l‘acidité et d’autres facteurs, le tout complété bien sûr par des dégustations.

Pour plus de détails sur ce projet consulter :
Adaptation des cépages vaudois aux terroirs viticoles vaudois
Rapport de synthèse

Ou la publication suivante :



Ne pas oublier les exigences du marché

Il est certes important de connaître les cépages les mieux adaptés à sa région afin de disposer de la meilleure qualité possible à mettre sur le marché.
Néanmoins c’est encore ce dernier qui va influencer les types de cépages choisis par le vigneron.
Et c’est un autre problème.
Car il faut quelques années entre la plantation et la première bouteille.
Et le climat change, les goûts, le pouvoir d’achat des consommateurs se modifient aussi.
Une difficile équation, un pari  à prendre pour chaque vigneronne ou vigneron quand vient le moment de commander ses plants de vigne et de choisir le porte-greffe pour renouveler une parcelle usée par les ans.



jeudi 26 avril 2012

Vignes d'Arnex : Systèmes culturaux


Les systèmes culturaux du vignoble

Si dans mon enfance, et avant, tout le vignoble était cultivé en gobelet avec des échalas, peu à peu sont arrivés d’autres modes de conduite sur fils de fer : la taille Guyot simple ou double, le cordon de Royat ou cordon permanent.

La taille en gobelet est la taille classique du Chasselas en Suisse romande.

Le gobelet compte en général quatre à cinq bras, appelés de cornes disposé horizontalement en croix.
C’est une culture assez dense avec des distances de plantation de 0.9 à 1.1 x 0.8 m.
Des échalas de bois ou de métal permettent d’attacher les bois en été.



Souche de gobelet prête à débourrer

Au début du 19ème siècle, M. de Lerber, époux de Suzanne née Glayre possédait le château d’Arnex avec un important domaine agricole.
Le travail des vignes était effectué par des vignerons du village et, dans le contrat passé en 1822 avec eux, il était noté :
M. de Lerber fournira les échalas nécessaire et le vigneron devra arracher ceux des vignes chaque automne et les arranger en petits tas comme cela se fait à la Vaud et à la Côte pour les empêcher de pourrir en terre.

Cette pratique assez exigeante en travail s’est poursuivie dans notre région jusqu’au milieu du XXème siècle.

Avec la taille en gobelet les sarments sont attachés à l'échalas. Soit avec des brins de paille seigle humides, soit avec de petits fils de fer qui se réutilisent.


Le travail de l'attache avec de la paille de seigle


Une ancienne carte postale française montre le même travail en citant de jeunes vigneronnes accolant la vigne !


La taille Guyot préconisée vers 1860 par Jules Guyot, médecin français fonctionne sur le principe d’un long bois et d’un courson de réserve.
La taille Guyot double se pratique aussi
Ce type de taille assure une meilleure fructification des cépages dont les yeux de base sont stériles.
L’installation de soutien comprend des piquets de bois, métal, plastique ou béton et trois à quatre rangs de fils de fer.


Schéma de taille Guyot


Taille Guyot simple


Cordon de Royat ou cordon permanent
Originaire de France (Ferme-école de Royat), ce cordon permanent convient aux cépages fertiles sur les yeux de base, tels le Chasselas ou le Gamay, et permet d’étaler la végétation en forme de haie.
La formation du cordon démarre en général en troisième année.






Cordon de Royat ou permanent (double)

Leçon de rattrapage !
Et si vous n'avez rien compris à mes schémas, Claude Berthet peut vous donner une petite leçon de taille.
Cliquez sur le lien suivant :

Petite leçon de taille gobelet et Guyot

Cultures à grand écartement
Après le remaniement parcellaire achevé en 1981, un très grand nombre de parcelles ont vu leur écartement augmenter  (2.20 m à 2.80 m) pour permettre la mécanisation du travail du sol et des traitements.

Les treuils ont donc peu à peu disparu du paysage....

Petit treuil Martin de Perroy



Charly Bovet-Chevalier à la houe tirée par un treuil                                       Photo Pellegri


   ....pour être remplacés par des tracteurs vignerons.

  
Marcel Baudat traitant ses vignes au Creux de Villars               Photo Pellegri


Les enjambeurs n'ont fait qu' une courte apparition dans notre vignoble.

  
Un enjambeur dans les vignes de Chery                                                     Photo Pellegri

Objets de collections
Dans le chapitre mécanisation il faut également évoquer les moto-treuils Henri Martin avec leur moteur Bernard ou Japy.
Dans les années cinquante, il y en avait deux ou trois dans les vignes d'Arnex.
A ma connaissance, seul celui de Gérald Baudat a été conservé et remis à neuf





Et si d'autres détails sur les anciens treuils viticoles vous intéressent, vous pouvez parcourir un autre article de ce blog qui leur est consacré
http://arnexhistoire.blogspot.ch/2013/09/les-treuils-de-vigne.html


Pour les vendanges, notons de premières vendanges à la machine dès 2011.


Automne 2013 : une machine à vendanger au Creux de Villars




Mais pour le moment, la presque totalité de la récolte se fait à la main.






lundi 23 avril 2012

Les vignes d'Arnex et ses différents vignobles


Les différents vignobles d’Arnex-sur-Orbe

Pour bien comprendre la structure du vignoble d’Arnex, je le répartirai en trois secteurs.

1° Le vignoble sous le village

2° Le vignoble des Vaux qui est plus récent

3° Les vignes du côté d’Orbe et qui se prolongent sur le territoire de cette commune


1° Le vignoble situé en dessous du village



C’est sans doute le vignoble le plus ancien de la commune, comme nous le prouve un vieux document de 1554, appelé un transon et qui décrit avec beaucoup de précisions le parcours des différents chemins de la commune.
Les auteurs ont soigneusement noté où ils posaient une borne, mais aussi la nature des parcelles bordant ces chemins.



Les bornes du  sentier des vignes du Serbey en 1554

250 ans plus tard, vers 1806 la première carte de la commune nous montre une surface viticole assez semblable à la description de 1554.



Surface viticole sur le plan de 1806
Les accès
Le transon de 1554 ne citait aucun chemin traversant ce vignoble. Seuls quelques sentiers sont répertoriés. Il en est de même en 1806.
Vers 1860 on améliore le chemin partant du moulin, passant en Duret et au bas de vignes jusqu’à la route Orbe-Orny.
Puis vers 1930,  deux chemins vont être crées, le premier part du bas du village pour rejoindre la Cherreyre et le second, un peu plus bas débute sous les vignes de Fichefeu pour atteindre également  la Cherreyre.
Le remaniement terminé en 1981 va compléter les accès du vignoble et  permettre à chaque parcelle d’aboutir sur un chemin bétonné.



Fontaine et cadran solaire pour rappeler le remaniement de 1968 à 1981



Superficie
Actuellement la surface du vignoble situé sous le village est de   23 ha


2° Le vignoble des Vaux

Nous l’avons vu, la carte de 1806 ci-dessus ne note qu’une petite vigne pour ce vignoble situé en direction de Pompaples.
Une petite parcelle isolée au milieu des prés et des champs
Par contre, la carte 1866 montre que la vigne occupe tout ce coteau situé au pied de Montligeard.
En 1893, c’est dans ce vignoble que fut découverte une importante attaque de phylloxéra.
Dans le parchet qui est situé entre Arnex et la Sarraz, une zone d’environ 5 poses est plus ou moins contaminée. Cette zone renferme cinq foyers.
Cette découverte trop tardive, l’origine de l’infection datant d’environ 7 ans, suscita quelques critiques envers la commission locale de surveillance qui n’avait rien remarqué !



Le vignoble des Vaux                                                                                  Photo Claude Jaccard


Extension actuelle
Longtemps séparé du vignoble situé sous le village par les prés du Nombec ou de casse-cul pour les petits lugeurs du village, le vignoble des Vaux s’est rapproché et touche maintenant les parcelles de Fichefeu.
En effet après comblement de la décharge du bas du Moulin, ancien ruclon du village, la vigne occupe maintenant la totalité de ce secteur.





Nouvelles parcelles de vigne plantées en 2012 sur l’ancienne décharge


Superficie actuelle du vignoble des Vaux : 12 ha

  
3° Le vignoble en direction d’Orbe

Ce vignoble qui débute en Malessert, continue par la Rebatte et le Crêt des Peupliers pour  continuer sur la commune d’Orbe avec la Vaux-Vully, Montfrioux, les Joncs, les Pallins, le Creux de Villars, les Plantinelles et j’en oublie.
Ce vignoble a vécu de nombreuses et importantes fluctuations.
Autrefois il se prolongeait jusqu’à la ville d’Orbe. Maintenant il s’arrête après le Creux de Villars.


Le Creux de Villars et les Plantinelles

Un terrain peu stable
Lors du remaniement parcellaire de 1967 à 1981, il a fallu à de nombreuses reprises remonter des masses de terre en mouvement.
Et actuellement les chemins de béton souffrent encore de ce peu de stabilité.


Le béton n'a pas résisté sur ces terrains mouvants

Au printemps 2013, c'est toute une partie d'un petit bois au dessus des Plantinelles qui s'est mis à glisser sur la molasse .
Il a donc fallu gratter et évacuer toute cette masse de terre.





Extension
Notons en 2012, la plantation de vignes  de quelques poses sur d’anciens prés, appartenant à Pascal Michaud encore cadastrés en vignes.




Préparation du sol et nouvelle plantation au Creux de Villars en 2012

Et à certaines époques, de 1900 à 1920, il y avait presque continuité entre le vignoble du village et les vignes de la Vaux-Vully.



Carte Siegfried de 1910


Superficie actuelle des vignes en direction d’Orbe
Sur la commune d’Arnex       :    8 ha
Sur la commune d’Orbe         :  23 ha
Total                                      : 31 ha



Les vignes du Crêt Maunet
Bien que situées sur la commune de Pompaples, ces vignes sont exploitées par deux vignerons d’Arnex.
Leur surface est d’environ 4'500 m2, soit une pose.


Le petit vignoble du Crêt Maunet est situé sur la commune de Pompaples






Les vignes d'Arnex sur Orbe : Introduction


Deux mots sur les vignes d'Arnex

Depuis plus de mille ans, le vignoble d'Arnex, situé en dessous du village produit des crus fort appréciés.
Parmi les anciens propriétaires notons quelques parchets qui furent donnés à l'Abbaye de Romainmôtier vers 1100 et nous prouvent l’existence de la vigne en nos contrées.
Plus tard il y aura aussi de nombreux habitants des villages du haut, Bretonnières, Premier, Juriens, Croy, la Praz qui descendaient pour cultiver leur vigne et parfois épouser une fille du village...
Les capites de ces vignes figurent déjà dans ce blog.

Au cours des ans, la vigne va jouer un rôle économique très variable au sein de la petite communauté de ce village.
Les surfaces se sont modifiées, les façons culturales aussi.
L’accès aux différentes parcelles du vignoble s’est bien amélioré.
Grace au remaniement parcellaire terminé en 1981, la diminution des surfaces viticoles a été stoppée.



Photo aérienne du vignoble situé sous le village et de celui des Vaux sur la gauche
                                                                                                               Photo Marlène Rézenne

Mais le plus frappant  reste les changements de la structure de propriété.
Ainsi vers 1806, on ne dénombrait que 32 poses de vigne, dont  les trois quarts appartenaient à  deux importants propriétaires : Pierre Maurice Glayre et Henriette Thomasset épouse de Louis de Joffrey.
A cette époque une partie des vignes était cultivée par des habitants de villages du haut, (Croy, Romainmôtier, Bretonnières).
Il ne restait que 8 poses pour les habitants du lieu, soit presqu’uniquement pour l’autoconsommation.
Mais au XXème siècle la production ayant augmenté, il a fallu trouver de nouveaux débouchés.
Avant la création de la cave coopérative en 1948, le vin était acheté par divers marchands de vin de la région et d’ailleurs, comme la maison Bourgeois de Ballaigues.