vendredi 18 novembre 2011

Les porcheries de Bulande

Dans l'article précédent consacré aux fromageries, nous avons mentionné la construction de la première porcherie en 1926 en Bulande par la société de fromagerie .
Par la suite, cette porcherie sera complétée par d’autres bâtiments et habitations, construites au cours des ans par les différents fromagers.

Les anciennes porcheries de Bulande


Cette importante concentration de porcs va toutefois poser rapidement de gros problèmes à cause de l’évacuation du purin. Au début, celui-ci était régulièrement misé par les agriculteurs, rapportant même quelques centaines de francs à la société. Mais, par la suite, sa reprise a dû être imposée aux producteurs.
En 1963, la Société construit un nouveau creux à purin au bout du Champ du Pommier et, quelques années plus tard, un autre creux est aménagé juste en face, de l’autre côté du chemin.
Finalement, en 1968, la société de fromagerie vend sa porcherie à Franz Luginbühl pour la somme de 55'000 fr., soit guère plus que le coût du nouveau creux.
Malgré l’augmentation du volume de purin stocké, le problème n’est pas résolu et les excédents sont souvent déversés de nuit dans le ruisseau du Moulin Vieux, transformant ce charmant cours d'eau en un véritable cloaque, soulevant l’indignation légitime des amoureux de la nature et provoquant mille dénonciations des garde pêche, dénonciations suivies par les amendes du Préfet.
Après de nombreux changements de propriétaires, la production de porcs prend fin au début des années 1990.
Et lors des travaux d’épuration, les eaux usées de ce quartier seront pompées vers le réseau communal.



Le  23 mars 1994, un incendie détruit complètement la première porcherie construite par la Société de fromagerie. (La plus grande sur la photo précédente).
L’incendie de mars 1994


Ce sinistre aboutit va permettre une nouvelle affectation pour ce quartier.
La zone, devenue zone artisanale, abrite désormais des activités moins polluantes qu’autrefois : génie civil et ferblanterie.

En 2006, la Commune s’y installe aussi, achetant à M. Andreas Kucholl une des anciennes porcheries construites par Ernest Bühlmann, pour y  loger le matériel d’entretien de l’employé communal. Soit la parcelle 1132 avec 2'372 m 2

Puis en juin 2014 ce bâtiment est revendu à l’entreprise La Toiture, trop à l’étroit dans une partie du bâtiment voisin.

En février 2016 cette ancienne porcherie est démolie et une nouvelle construction peut commencer


Après démolition, la construction d’une nouvelle peut débuter
 
Mais il reste encore quelques anciennes porcheries servant de dépôt.



                                              Anciens bâtiments servant de dépôt.


Les fromageries d'Arnex

Les premières mentions d'une fromagerie et le bâtiment de 1812
Les coûts de la construction d’une fromagerie en Pré Macherex, soit juste en face de l’habitation actuelle de Jean-Daniel Gozel, figurent dans les comptes communaux de 1812.
Pour établir ce nouveau bâtiment, la commune achète trois petits jardins appartenant à Etienne Tachet, David Baudat et aux hoirs de Louis Baudat.
Dans son commentaire sur ces comptes de 1812, le juge de paix Perreaud pose quelques questions à propos de cet investissement qui a coûté 1'276 fr. à la commune : et cela : sans que l’on voye si ceux qui profitent de cet établissement en payent l’intérêt pour le loyer.

Commentaires du juge de paix à propos des comptes d’Arnex de 1812

Les années suivantes, il estime que le coût de location de 61 fr. ne couvre toujours pas l’intérêt de la somme investie par la commune.
Finalement, une vingtaine d’années plus tard, le bâtiment est vendu à la Société de fromagerie pour 1'182 fr, soit approximativement le coût initial de sa construction.
Dans les plans du cadastre de 1865 (où nous avons relevé les noms des propriétaires actuels), ce bâtiment figure encore comme fromagerie :

Sur les plans de 1865, le numéro 11 est noté : Fromagerie de la Société de fromagerie


Rural, puis habitation en 2012
Cette ancienne fromagerie est devenue rural agricole, avec étable et grange.
Mais en 2011-12, Tristan Bovet, fils de Charles-Henri, petit-fils d'André et arrière petit-fils de Fréderic transforme ce rural pour y faire un appartement à l'étage.


L'ancienne fromagerie de 1812, devenue rural agricole, puis habitation dès 2012

La nouvelle fromagerie
Plus tard, se sentant peut-être un peu à l’étroit, la société achète et transforme la ferme ayant appartenu à Pierre Werren pour y installer la fromagerie actuelle.


Les dates qui figurent sur la fromagerie actuelle

En regardant ces dates avec soin, j’ai découvert que l’inscription « LAITERIE 1893 » a été notée par-dessus le texte « PIERRE VERRE 1857 ».

Ainsi 1857 serait la date de la construction par Pierre Werren et 1893 l’achat par la Société avec la transformation de cette ferme en fromagerie.

Le lait livré à Nestlé
Pendant un certain nombre d’années, le lait, tout ou en partie, est livré à Nestlé, à Orbe. On mentionne encore une famille Monnier, qui a acheté le matériel nécessaire à transporter le lait vers Orbe.
Nous n’avons pas retrouvé de documents décrivant ces ventes. Elles ont sans doute cessé à l’époque de la construction de la nouvelle fromagerie.

Les transformations de 1926 et la construction de la porcherie de Bulande
Le livre des comptes de la Société de Fromagerie d’Arnex débutant en 1926 présente tous les coûts des importantes transformations de la fromagerie et ceux de la construction de la porcherie de Bulande.
Un très gros investissement de 126'389 fr. est couvert en grande partie par des emprunts. 26'000 francs proviennent du village et 100’000 francs sont empruntés ailleurs, à un taux de 4%. Nous rappelons que, pour établir cette porcherie imposante, la société a acheté du terrain à la Commune au prix de 7.50 fr. la perche.
Ernest Bühlmann, nouveau fromager, dispose ainsi d’une belle fromagerie et d’une porcherie flambant neuve, les deux installations étant reliées par une conduite pour le petit lait : cette conduite de 360 mètres sera complètement refaite en 1959.
En 1928, la masse du lait coulé se monte à 589'000 kg. En 1934 l’apport des laits d’Essert-Pittet et de Lignerolle (pendant 4 ans) permet d’augmenter le volume transformé.
Au début, la location payée par le fromager est de 10'000 fr. par an, un peu moins par la suite. Dès 1936, elle est fixée à 1,3 ct par kilo de lait livré et 0,3 ct. pour le lait d’Essert-Pittet, puis à 1,5 ct en 1948.
Peu à peu les livraisons de lait augmentent, jusqu’au début de la seconde guerre mondiale. Mais au cours de celle-ci, l’extension des cultures, en conformité avec le plan Wahlen, fait diminuer la production laitière et il faudra attendre 1952 pour retrouver le niveau de 1940. En 1975 on atteint les 930'000 kg, avec ensuite une nouvelle diminution. Il est vrai qu’après l’entrée en vigueur du contingentement laitier, de nombreuses exploitations agricoles abandonnent la production laitière et passent à l’engraissement des bovins.
Fort heureusement, ces dernières années le lait des producteurs de Pompaples, de Bofflens, puis d’Agiez est venu s’ajouter à celui des trois derniers producteurs du village. Ce regroupement permet le maintien de la fabrication de gruyère en été et de vacherins durant l’hiver.

Les fromagers
Avant Ernest Bühlmann, il y a eu M. Demont ; on cite aussi un certain Fiechter, laitier vers 1894 et  Siegenthaler vers 1900.
Au départ d’Ernest Bühlmann en 1952, c’est Franz Luginbühl qui occupe la fonction durant une vingtaine d’années, jusqu’en 1973. En 1974, Edy Neuhaus reprend le flambeau, jusqu’à aujourd’hui.
Notons qu’en décembre 1954, M. Bühlmann a pris l’initiative de créer un fonds des cloches, qui a pu financer l’installation de deux nouvelles cloches à l’église en 1964 ainsi que l’électrification de l’installation. On peut se rapporter au chapitre consacré aux églises d’Arnex. 

Les investissements dans la fromagerie
Au cours de ces dernières années, la société de fromagerie a dû maintenir en état la fromagerie et ses caves. En 1958 est installé un congélateur communal, aux cases louées à des particuliers.
En 1983, d’importantes transformations sont réalisées, des investissements qui nécessitent à nouveau de gros emprunts de la part de la société.
Et en 2011 l'avenir de cette fromagerie est en discussion, modifier construire plus pratique ailleurs la question se posera au départ de la famille Neuhaus.

 
La fromagerie en 2007

Le phylloxéra dans nos vignes dès 1893

C'est vrai, de nos jours, les grandes craintes suscitées par l'arrivée, depuis les Etats Unis, de ce nouveau parasite sont un peu oubliées.


Dessins du phylloxéra

Il arrive en France en 1863, se présente à Genève en 1871.

Et en 1886, fait son apparition en terre vaudoise à Founex.
Mais déjà dès 1875, des mesures de surveillance sont prises.
Des commissions locales sont nommées, mais il semble que celle du village d'Arnex ne prit pas la chose très au sérieux.
Car en automne 1893, quand on découvre un très gros foyer dans le vignoble des Vaux,les experts appelés sur place estiment que l'origine de l'infection doit remonter à 7 ans au moins !


Chronique agricole du canton de Vaud du 10 septembre 1893 :
Arnex : Au moment où la campagne phylloxérique de 1893 semblait terminée, un nouvelle bien imprévue nous parvenait à la station viticole : celle de la découverte du phylloxéra à Arnex. C’est Monsieur Edouard Devenoge, membre nouvellement nommé de la Commission locale, qui a signalé le premier la vigne infestée et a rendu un très grand service à toute la contrée. Malgré les proportions très considérables prises déjà par la maladie, nous espérons en effet que des mesures énergiques réussiront à enrayer la marche du fléau et à préserver les vignes de la contrée qui sont encore indemnes à cette heure. Si l’invasion avait pu se propager pendant quelques années de plus sans être signalée, la position eût été presque désespérée ; comme la plupart des propriétaires atteints font aussi des vignes dans d’autres parchets, en particulier à Orbe, les chances de propagation du fléau devenaient toujours plus grandes.
La situation agricole est malheureusement déjà bien grave, comme on va en juger d’après les indications suivantes :
Dans le parchet qui est situé entre Arnex et la Sarraz, une zone d’environ 5 poses est plus ou moins contaminée. Cette zone renferme cinq foyers, plus de très nombreuses éclaboussures. Il y a des vignes entièrement prises ; d’autres présentent seulement quelques points phylloxérés.
On peut évaluer approximativement à 12'000 le nombre des souches atteintes par l’insecte. Vu la saison avancée et l’importance de l’infection, nous avons dû restreindre les recherches serrées, et nous borner à examiner d’une manière générale quelles sont les limites du territoire phylloxéré.
Les nodosités sont généralement moins fréquentes que dans les foyers de la Côte examinés en juillet-août, par contre les colonies de phylloxéra se trouvent avec une extraordinaire abondance sur les vieilles racines et jusqu’au collet des souches. On n’a pas trouvé d’insectes ailés ; les nymphes sont devenues assez rares, ce qui fait supposer que l’essaimage de 1893 s’est déjà produit en grande partie.
L’origine de l’infection du vignoble d’Arnex doit remonter à 7 ans au moins.
Les propriétaires atteints, au nombre de 42, pourront encore tirer parti de la récolte pendante. Il va sans dire que des précautions minutieuses de désinfection seront prises lors de la vendange.

Lausanne, le 8 septembre 1893                                                       
Station viticole
 
Il fallut très rapidement détruire 38'000 ceps au sulfure de carbone, soit environ deux hectares.
Mais le sulfure de carbone et les postes de désinfection n'empêchèrent pas la propagation du parasite.

Le 16 février 1894 est publié un arrêté cantonal concernant la désinfection des ouvriers et ouvrières venant travailler dans le vignoble vaudois. À la suite de cet arrêté, la Commune d’Orbe fait établir un poste de désinfection aux Joncs, qui n’a rien à envier à un poste de douane.
Jugez plutôt, il est dit :

Afin de prévenir la propagation du phylloxéra dans le vignoble d’Orbe depuis celui d’Arnex atteint de cette maladie l’année dernière.
1° Conformément à la décision prise par la Municipalité d’Orbe dans sa séance du 21 courant il est interdit à toute personne d’Arnex ou des autres communes du district d’Orbe, possédant ou travaillant des vignes à Arnex, de s’introduire ou de travailler dans le vignoble d’Orbe sans fournir la preuve qu’elle et ses outils ont été soigneusement désinfectés le même jour.

2° Un local de désinfection sera établi aux Joncs à la limite des territoires d’Arnex et d’Orbe. Les cartes délivrées dans ce local sont seules valables pour circuler dans le vignoble d’Orbe.

3° La quotte part des frais de désinfection sera supportée par les deux communes d’Orbe et d’Arnex suivant une proposition équitable qui sera déterminée par le Département de l’Agriculture et du Commerce.
Il sera demandé à l’Etat que ce poste de désinfection soit mis au même bénéfice que ceux mentionnés à l’article 9 de l’arrêté précité.

4° La commune d’Orbe est chargée de l’établissement, de l’organisation et de la surveillance de ce poste de désinfection.

5° Les contraventions aux mesures convenues seront punies conformément à l’article 12 de l’arrêté du 16 février 1894.
Adopté en séance de Municipalité le 27 mars 1894.

En septembre 1895, le Conseil d’État rappelle, aux communes touchées par ce fléau, les mesures suivantes pour les vendanges des vignes phylloxérées :
Vous voudrez bien fixer aux propriétaires intéressés les jours de vendange (au moins pour les abords immédiats des taches) et leur prescrire une désinfection complète des chaussures, fonds de brantes et seilles à la sortie. Cela sous votre surveillance. La vendange sera foulée sur place.

Ces mesures tiennent toujours en date du 16 avril 1898, comme le précise une décision municipale stipulant que l’ancien poste de désinfection des Vaux et un nouveau derrière la grange à François Bovet fonctionnent à partir du 28 avril 1898.

Le salut vint finalement du greffage de nos plants indigènes sur des porte-greffes américains, des plants qui ne sont pas sensibles aux piqures de l'insecte.

Ainsi grâce au greffage le vignoble  d'Arnex n'a pas diminué de surface.



 

mercredi 16 novembre 2011

Pour acheter du sel


Le magasin de la dame Yvonne

Dans mon jeune âge, pour acheter du sel , il n'y avait qu'une seule adresse au village, la petite épicerie d'Yvonne Thibaud- Bonzon (1900-1979) au bas du village.
Sur cette photo, Mme Thibaud est juste devant le volet.
A sa doite, juste devanr Edmond Devenoge, Lucette Devenoge doyenne du village en 2011.
A son sujet voir l'article évoquant les fresques de Charles Clément dans le choeur de l'église

Les Romains habitant Arnex

Vestiges romains

En 1835 Troyon signale déjà à Arnex l'existence d'un tertre recouvrant la base d'une construction circulaire de l'époque romaine.
Avec des ossements calcinés, des tuiles à rebord et une balance à plateaux.

De nouveaux vestiges mis à jour en 2007.
En creusant quelque peu le sol de sa grange un habitant du village a mis à jour une très grande quantité de vieilles tuiles à rebord ainsi que des débris de céramique rouge typique des célèbres ateliers de Lezoux en Gaule centrale et datant du milieu du 1er siècle après J.-C

Débris de sigillée de Lezoux




Tiré de la chronique archéologique 2007


Arnex-sur-Orbe

ARNEX-SUR-ORBE – District Jura-Nord vaudois –

CN 1202 – 529 740 / 171 740

 R – Habitat romain

Les travaux de transformation d’une grange villageoise ont occasionné la destruction d’une couche de sédiment brun-noir charbonneux d’une épaisseur d’environ 30 à 40 cm contenant des matériaux de construction et du mobilier (récipients en céramique  et verre, fragments métalliques,… ) d’époque romaine, le constat archéologique effectué sur les lieux n’a permis d’ observer que très localement les sédiments encore en place sous les  fondations de la grange. Aucune structure archéologique n’a été repérée. Il n’est donc pas possible de préciser l’origine et la signification de ces vestiges. La présence de mortier de tuileau, de fragments de tubuli et de canalisations en terre cuite plaide toutefois en faveur de locaux chauffés à fonction thermale appartenant peut être à une villa rustica  inconnue jusqu’alors.

Plusieurs tessons de récipients en terre sigillée ornée et lisse, originaires de Gaule du Centre, sont attribuables au II siècle après J.-C.



Investigations et documentation : C. Wagner, AC.






Le viaduc du Day

Le viaduc du Day et le lac du Miroir


Cet ouvrage construit en pierres par Bollini et Chiavazza de 1923 à 1924 enjambe le cours de l'Orbe et remplace un premier viaduc métallique construit de 1868 à 1869.


Notez que cet ouvrage vient d'être rénové pour onze millions de francs.

http://www.24heures.ch/vaud-regions/nord-vaudois-broye/viaduc-day-renove-11millions-francs/story/19298135


Après les derniers  travaux de rénovation, le tablier du viaduc est plus large



Le premier viaduc fut édifié vers 1869 pour permettre l'arrivée à Vallorbe de la ligne Eclépens-Jougne en 1870.

Le tronçon permettant de rejoindre Pontarlier par Jougne fut terminé un peu plus tard, en 1875.
Ce tronçon a été abandonné en 1939, au début de la guerre, mais l'essentiel du trafic se faisait déjà par le tunnel du Mont d'Or ouvert en 1915.




L'ancien viaduc avec son tablier métallique en fonction de 1870 à 1925

Et voilà l'express de Paris qui arrive !




Au moment de la reconstruction en pierre de ce viaduc, la Feuille d’Avis de Lausanne du 19 octobre 1923 retrace l’histoire de l’ancien pont métallique.


« Lundi 15 octobre 1923 ont commencé, au Day près Vallorbe, la construction du viaduc en pierre qui remplacera le viaduc métallique sur lequel la ligne Paris-Lausanne franchit la vallée de l’Orbe.
C’est à l’entreprise Bollini et Chiavazza à Baulmes qu’a été adjugé ce travail pour la somme de 883'863 fr.
On déviera tout d’abord le chemin du Châtelard, puis on établira un double téléférage destiné à amener à pied d’œuvre les matériaux  pour la construction proprement dite, qui se fera en pierres des carrières d’Arvel près de Villeneuve. Le nouveau pont devra être terminé d’ici à quatorze mois sous peine d’une amende de mille francs par semaine de retard. Le pont actuel est donc condamné.
Retraçons en la biographie.
Le viaduc du Day est donc jeté par-dessus les gorges de l’Orbe, à l’endroit où la Jougnenaz, qui descend du Suchet, apporte à cette rivière le tribut de son eau. Le viaduc comprend deux culées distantes de 161 m. L’une sur la rive droite, (côté Lausanne), l’autre sur la rive gauche (côté Vallorbe) avec deux ouvertures et deux piles, une sur chaque rive. Sa partie métallique est longue de 119 m.
Il comporte trois ouvertures ou travées, l’une de 23 m 60 (côté Vallorbe), la seconde au centre de 56 m, la troisième (côté Lausanne) de 36 m 50, le rail est à 56 m au-dessus de la vallée.
Le viaduc a été construit de 1867 à 1869.
Les fondations et les piles par Alazard, l’un des promoteurs et l’entrepreneur général à forfait de la ligne Jougne-Eclépens. La partie métallique a été fournie et montée par l’usine de Hautmont, (département du Nord, France). Les travaux ont été dirigé par E. Tourneux, ingénieur en chef à Paris et Louis Delarageaz , ingénieur à Préverenges, avec au début, la collaboration de H. Gusac-Roney, à La Sarraz, sous la surveillance , comme représentant de l’Etat de Vaud, de Louis Gonin, ingénieur cantonal des ponts et chaussées, représenté sur place par Auguste Perey à Lausanne désigné comme ingénieur-adjoint de contrôle pour la ligne de Jougne. Le projet de construction métallique date du 4 mars 1868 dû à Gustave Bridel (1827-1884) ingénieur des arts et manufactures, alors directeur à Yverdon d’un atelier de construction dont sont sortis la plupart des ponts métalliques de l’Ouest-Suisse. Il fut soumis à l’examen de Jules Gaudard qui fit un certain nombre d’observations.
Les piles et les culées ont été fondées sur bonne roche, du calcaire bleu dit de Purbeck. Le travail commença le 12 septembre 1867. Dès le début on joua de malheur. Au bout de quelques mois de travail on constata que la chaux utilisée était de mauvaise qualité ; il fallut démolir les vingt premiers pieds de maçonnerie. Ce n’est que le 12 juin 1868 que l’on put recommencer avec de la chaux de première qualité cette fois.
Dans le même mois de juin, on commença la construction de la grande pile de la rive droite (côté Lausanne). La pierre nécessaire était extraite des rochers voisins. Un temps très favorable permit un travail ininterrompu. Le 31 octobre 1868 les deux piles étaient achevées, ainsi que les culées de chaque rive. La maçonnerie représentait au total 8’851 mètres cube et leur surface 812 mètres carrés.
Il s’agissait maintenant d’établir et de lancer la construction métallique avec tablier supérieur. Arrivé de Hautmont à Vallorbe au printemps 1869, en pièces détachées, elle fut montée sur deux poutres principales continues, distantes de cinq mètres dans une tranchée creusée côté Lausanne, dans le prolongement du pont ; elle exigea 347 tonnes de fer, de fonte et de plomb. Lorsque le montage fut terminé, le tablier muni d’un avant-bec en bois fut lancé sur les piles à la fin d’août et au commencement de septembre au moyen de vérins hydrauliques et de rouleaux. L’opération faite en présence de nombreux curieux n’alla point sans encombre ; elle subit de nombreux arrêts ; un certain nombre de détériorations fut constatées.
Les 27 et 28 juin, le pont subissait, en présence de M. Liardet, ingénieur de contrôle avec une surcharge de quatre tonnes par mètres carré, les épreuves réglementaires. Le 1er juillet 1870 il était mis en service. Il avait coûté 440’000 fr dont 255'880 fr. pour la maçonnerie, 184'120 fr. pour la partie métallique. Comme tous les ouvrages d’art de la ligne le pont avait été établi dès le début pour la double voie, celle-ci ne fut posée qu’en 1905 ; jusqu’à ce moment-là l’espace du pont resté libre servit de chemin public pour les piétons.
En 1891 après l’accident de Münchenstein, le viaduc du Day fut l’objet d’un sérieux examen. Le 3 juillet un nouvel essai en fut fait. Jules Gaudard présenta le rapport. La maison Fatio à Lausanne fut chargée d’une inspection détaillée de toute la construction. Des doutes apparurent au sujet de sa solidité ; on constata que le fer employé était de mauvaise qualité. Il faut dire que lors de s construction les essais de matériau étaient à leur début. En 1900 on procéda à son renforcement ; on y consacra 100’00 fr. Le 1er décembre 1900 se firent les épreuves du pont ainsi renforcé. Le renforcement a porté le poids de fer de 347 à 531 tonnes, dont 200 tonnes de matériel neuf.
Mais on avait constaté des défauts de construction auxquels on ne pouvait remédier et que le pont avait atteint la limite extrême de la charge admissible.
Aussi lorsque l’installation de la traction électrique sur la ligne Lausanne-Vallorbe rendit nécessaire le renforcement des ponts, on se convainquit bien vite de l’impossibilité d’un renforcement et l’obligation de son remplacement par un nouveau viaduc.
Ce nouveau pont serait-il métallique, en béton ou en pierre ?
C’est pour le pont en pierre qu'on s’est décidé. Le prix de revient en est, il est vrai un peu plus cher, mais cette différence est compensée par l’économie sur les frais d’entretien qui, capitalisés représente 60'000 fr. et par le fait que les sommes dépensées pour un pont de pierre restant dans le pays, alors que pour un pont métallique il faudrait tirer de l’étranger au moins 800 tonnes de fer à 250 fr représentant 200'000 fr.
Un pont de pierre est ailleurs plus durable qu’un pont métallique et s’accorde mieux avec le paysage. »



 La galerie pour piétons du viaduc du Day

Cette galerie appréciée par tous les promeneurs de la région n'est pas arrivée par hasard.
Et la Feuille d'Avis de Lausanne du 10 septembre 1924 nous décrit l'histoire de sa création :

"On nous écrit de Vallorbe :
Les personnes qui, à pied, se rendent à Ballaigues, de la Jougne des Eterpaz, du Châtelard au Day et vice versa, doivent actuellement faire le détour par Vallorbe; aucun pont, ni passerelle ne permet de franchir au Day les gorges profondes de l’Orbe. C'est un détour qui représente près de cinq kilomètres, plus d'une lieue. 
A vrai dire, pendant un certain nombre d'années, il en a été autrement. Le viaduc du Day, construit pour la ligne Jougne- Eclépens, de 1867 à 1869, éprouvé les 29 et 30 juin 1870, fut établi, comme tous les ouvrages d'art de la ligne, en vue de la double voie : mais on ne posa d'abord que la voie d'aval. La moitié du pont restée libre a servi, jusqu'à l'établissement de la double voie en 1904, à l'occasion de l'ouverture à l’exploitation du tunnel du Simplon, de chemin public pour piétons. Sa suppression, il y a vingt ans, fut regrettée, de tous.
A l'occasion de la reconstruction du pont, commencée, le 13 octobre 1923, en vue de l'édification  les autorités de. Ballaigues et de Vallorbe se sont demandé s'il ne serait pas possible, d'entente avec les C.F.F., de rétablir ce passage pour piétons, qui rendrait à la population de la contrée de grands services. Les C.F.F. se sont prêtés de fort bonne, grâce, à cette réalisation.
Entre eux et les communes de Vallorbe et de Ballaigues, une entente est intervenue aux termes de quoi  les C.F.F. aménagent, sous le tablier du pont, une passerelle pour piétons, dont le coût, devisé à 13’000 fr., est réparti de la façon suivante : C.F.F. et commune de Vallorbe, chacun 5’250 fr.; commune de Ballaigues  2’500 fr.
 Dans la séance du 2 septembre dernier, le Conseil communal de Vallorbe a ratifié l'entente. Pour faire comprendre la manière, dont cette intéressante passerelle sera aménagée, nous rappellerons que le nouveau viaduc comporte, au centre, jetée sur le lit de l'Orbe, une grande voûte, puis deux voûtes moins grandes, l'une du côté de Vallorbe, l'autre du côté de Lausanne. La grande voûte centrale est achevée ; les deux autres voûtes le seront prochainement. La voûte centrale sera décintrée, puis les deux voûtes voisines achevées ; alors seront construites, au-dessus des trois voûtes, toute une série rie voûtes d'élargissement, qui, elles, supporteront le tablier de la voie. Ces voûtes reposant sur les voûtes principales — comme, c'est le cas à Lausanne pour le pont Chauderon-Montbenon, donnent à la construction un air plu» dégagé et plus élégant : elles sont supportées par des piliers qui viennent s'appuyer sur les voûtes principales, C'est dans ces piliers que sera aménagé un passage pour piétons, large de 1 m. 50, long de 110 m. 43. Comme les piles anciennes sur chaque rive ont été maintenues, la passerelle les franchira, en aval, en encorbellement, en les contournant, et aboutira, du côté de Lausanne, à des sentiers conduisant soit à la station du Day, soit à la route, et du côté rie Vallorbe, à un autre sentier allant rejoindre la route. Ce passage, dont la largeur permettra  de  circuler avec de petits véhicules, en particulier avec des charrettes d'enfants, redeviendra le but favori des promenades des Vallorbiers : il offre en outre une très jolie vue sur Vallorbe, la Dent de Vaulion, le Crêt des Alouettes et sur les gorges de l'Orbe.
 Il faut donc se féliciter de l'entente intervenue. Le décintrement de la grande voûte centrale se fera le lundi 22 septembre prochain (1924)."


La transformation du viaduc du Day du 15 octobre 1923 à 1924


Cette petite brochure dont le titre figure ci-dessus, nous donne de nombreuses indications et photos sur tous les travaux qui vont permettre la transformation d’un viaduc métallique en un pont de pierre.

Les anciens piliers seront conservés et renforcés par des arches.
Pour les édifier il faudra amener par train 6'200 m3 de roche des carrières de St. Triphon et d’Arvel.
Quant au ciment, 1350 tonnes seront fournies par les usines de Roche, Holderbank et Baulmes.

Tous ces travaux ont été effectués en vue de l’électrification de la ligne Eclépens –Vallorbe.
Ces travaux ont coûté fr. 917'500.-, un coût qui comprend 200'154 heures de travail payées à fr. 1.38 !


Le viaduc métallique de 1869

Le nouveau viaduc




Premiers échafaudages













mardi 15 novembre 2011

Classe d'école

C'était vers les années 1954 ou 1955.

La classe de Monsieur Jean-Pierre Vonnez avec trois degrés, soit des élèves nés en 1940, 1941 et 1942.




Si leur nom vous est familier, notez le dans le commentaire de cette photo.
Avec M. Vonnez, il y a des Bovet, des Monnier, un Barraud, une Boulaz , des Devenoge, un Pythoud , un Michot, un Bossy, un Werren, un Freiss, un Grin, une Dupuis ? et un Morel

La fontaine du Pontet ou de la laiterie


La fontaine du Pontet vers 1910

Au verso de cette carte adressée le 2 avril 1915 à Lucien Conod à Daillens. Alfred écrit :

Ami Lucien, j'ai très bien reçu ta carte, tout va bien pour le moment, mais tu sais on engraisse pas, il faut trop travailler. Les amours vont très bien, la belle mère est morte.
Je tâcherai d'aller te trouver, mon neveu te fais bien saluer.
Reçois les bonnes salutations de ton ami Alfred.
Tu vois mon frère qui te regarde vers la fontaine.

La carte postale est une photo d'Henri Chappuis, photographe à Lausanne.
La fontaine possède encore son couvert et l'église son vieux clocher.

Mais au cours des ans l'allure de la fontaine s'est modifiée, le couvert a été supprimé et une nouvelle "chèvre" avec un dessin des "Tya-Polains" a été posée.



La fontaine de la laiterie avec ses deux bassins, celui de 1838 en calcaire et celui de 1860 en granit

Mais au printemps 2012, la Municipalité décide d'exiler dans les vignes le bassin de 1860, fabriqué par les frères Jean et Pierre Yon.



Extrait des comptes de la commune d'Arnex avec l'achat de deux bassins en granit en 1860




Et depuis 2012, le bassin est installé au pied des vignes de Forchez.


Désormais, le bassin de 1838 se retrouve tout seul devant la laiterie.


Bonne idée ou drôle d'idée, à chacun de se faire une opinion !

La fontaine de la place


Fontaine de la place

Ce beau bassin de granit fut taillé au printemps 1888 par le maître granitier Basile Scaglia de Premier.
Ce dernier exploitait sans doute les nombreux blocs erratiques de granit, abandonnés par les glaciers dans les forêts du Jura.
Les mesures intérieures du bassin étant de 467 cm X 107 cm X 51 cm, sa contenance est donc de 2'548 litres.
Pour le prix convenu de 26 centimes par litre, Basile Scaglia reçut la somme 662 fr 48.
Mais il n'en reçut le solde que deux mois plus tard, le temps de s'assurer de la qualité de l'ouvrage....
Cette fontaine a été légèrement déplacée lors du goudronnage de la place en 1956.

Les sources du Bec à l'Aigle

La source du Bec à l'Aigle et sa tuffière



Si par hasard, vous remontez le cours du Nozon depuis Saint-Loup, vous passerez au pied du Bec à l'Aigle, modeste piton rocheux qui domine le vallon.


Le Bec à l’Aigle dans le vallon du Nozon



Carte des lieux



A ses pieds vous remarquerez peut-être cette tuffière







Tuffière au pied du Bec à l'Aigle dans le vallon du Nozon

 Et si vous grimpez  le long du filet d'eau pour trouver la source,vous découvrirez, deux captages un peu à l'abandon avec un petit réservoir.



Captage de la source située au pied du Bec à l'Aigle

Ces sources furent achetées en 1886 à la commune d'Arnex, propriétaire de cette parcelle de forêt, pour le prix de deux mille cinq cents francs par l'Institution de Saint-Loup, installée en ces lieux depuis 1852, date de leur départ d'Echallens.

Mais les années ont passé et le raccordement au réseau de Pompaples est devenu plus avantageux que l'entretien des conduites reliant les sources du Bec à l'Aigle à Saint-Loup.
Alors la source a décidé de s'échapper des anciens captages pour rejoindre directement le cours du Nozon formant peu à peu  (en déposant son calcaire) un massif de tuf au bord du chemin.

Si le site vous intéresse, attendez la floraison des nivéoles du printemps qui, en février déjà, tapissent le sol de cet endroit.