Les gardes-vignes
Quand vient le temps des vendanges, il est temps de rappeler les tâches des gardes-vignes au temps jadis.
Le raisin de nos coteaux étant fort apprécié, comme fruit ou sous sa forme fermentée, les vignes méritent donc bonne protection au temps qui précède la vendange.
En 1772, le bailli Albert de Wattewil ne manque pas de le rappeler aux autorités d’Arnex.
Nous extrayons quelques fragments de ce texte intéressant et significatif, mais un peu long pour être transcrit dans son intégralité :
Nous Albert Wattewil Baillif de Romainmôtier.
A vous les Sieurs Gouverneurs & Conseils de l’honorable Commune d’Arnex, Salut.
[…] Nous vous ordonnons de faire ajouter au serment des gardes établies pour le dit vignoble de veiller, gager et reporter au fiscal toute personne qu’ils trouveront dans le dit vignoble, ailleurs que dans leurs propres vignes, y compris les vignerons et gens de leur maison qui ne peuvent, ni ne doivent sous aucun prétexte s’introduire, ni aller dans les vignes de leurs Maîtres dès que le raisin commence à mûrir […].
Il devra de même être ordonné aux dits gardes de ne souffrir à aucun propriétaire qui voudroit aller à la vigne avant la vendange de prendre avec lui aucun enfant au dessous de l’âge de quinze ans, sous peine d’être gagé pour être puni comme il conviendra.
Il sera de même défendu, et les gardes y veilleront, à ce que les vignerons au temps de la vendange ne mènent point avec eux aux vignes de leurs Maîtres leurs enfants qui ne seront pas en âge de travailler et ne permettront point à ceux du village de s’attrouper les jours de vendange auprès des cuves où on dépose la vendange dans le vignoble ou aux environs, mais doivent les faire éloigner promptement s’ils en aperçoivent.
Enfin pour que rien ne soit négligé quant à la garde des vignes indépendamment de ce qui vous est ordonné cy dessus, Nous vous ordonnons en outre d’insérer encore dans le serment des gardes, si cela ne leur est déjà prescrit de ne quitter jamais le vignoble la nuit, pendant qu’ils sont en fonction […].
On relève clairement le souci des gros propriétaires du moment, qui souhaitent protéger le mieux possible la récolte de leurs vignes.
Les baillis partis, chaque automne la Municipalité continue à nommer ses gardes-vignes dont le nombre varie. Ainsi dans son procès verbal du mois d’août 1818, elle nomme les sieurs Jaques Lavenex et Abram Gauthey pour le prix de 5 batz par pose pour les bourgeois et de 7 batz pour les étrangers. Ils devront se présenter au Juge de Paix pour être assermentés.
Selon le cadastre de 1806, ils ont donc à surveiller environ trente poses de vigne. Par mauvais temps, ils peuvent s’abriter dans la capite communale édifiée en 1785 et destinée à leur usage.
En 1881, on relève une remise à l’ordre de la corporation par la Municipalité qui, sous la direction de Georges Monnier, constate que :
Si la Municipalité a modifié la surveillance des gardes-vignes en mettant deux gardes au lieu de trois, c’est qu’il est regrettable de constater que cette surveillance ne remplissait pas le but qu’on pouvait en attendre. C’est pourquoi en fixant un salaire de cent francs à chaque garde, c’est afin que les personnes qui seront chargées de ce service doivent consacrer tout leur temps, non seulement pendant le jour mais aussi pendant la nuit, vu qu’il est reconnu que c’est toujours de nuit que les plus grandes déprédations se commettent.
En conséquence de ce qui précède les gardes sont responsables des dommages causés aux vignes et aux vergers et qu’ils ne pourront s’absenter de leur service sous aucun prétexte sans autorisation sous peine de cinq francs d’amende.
Le salaire reste en garantie jusqu’après les vendanges pour payer les dommages s’il y a lieu.
On été nommés Louis Devenoge et Charles Baudat qui attestent par leur signature se conformer aux précédentes conditions.
En automne 1899, deux personnes sont nommées, puis deux gardes supplémentaires avec un salaire fixé à deux francs par jour.
Il faut dire que les gardes-vignes ne manquent pas de travail : il faut verbaliser toutes celles et tous ceux qui maraudent dans les vignes, vendangent avant la levée des bans, volent du raisin ou traversent des vignes pas encore vendangées. Ainsi la petite Monachon , en 1880, se voit infliger par la Municipalité une amende pour avoir grappillé et laisser errer sa vache dans les vignes de Georges Monnier : la peine est fixée à « 2 fr. pour la petite et 1 fr. pour la vache »…
En 1950 Jean-Pierre Vonnez pouvait encore filmer Jules Boulaz, Charles Lavenex dit le gros Charles et Marius Bovet dit le bossu exerçant cette fonction à la Cabule au-dessus du vignoble.
Rappelons qu'en 1964, Marius Bovet lègue à la commune une somme suffisante pour acheter une troisième cloche pour l'église d'Arnex.
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