samedi 12 octobre 2019

Montcherand, deux tombes au milieu des cyclamens


Montcherand : deux tombes au milieu des cyclamens

Une personne ayant lus quelques articles de ce blog, m’a signalé un monument surprenant à Montcherand.

Il s’agit de deux tombes érigées au milieu d’un petit bois près du village, à côté d’une vigne.






Deux monuments funéraires parmi les cyclamens


Avec le temps il est devenu difficile de lire les inscriptions.

Sur la pierre de gauche figure le nom de François Six, médecin, quant à celle de droite elle rappelle la mémoire de Pierre-François de Martines.

Pourquoi en cet endroit ?

Ces pierres tombales ont-elles toujours été là où furent-elles déplacées lors de travaux de renouvellement du cimetière de Montcherand ?

Quelques personnes du village pensent que ces pierres n’ont pas été déplacées.

Mais pour l’instant, rien de sûr 



Voici maintenant les inscriptions gravées sur ces monuments et tentons de retrouver la trace de ces deux personnes.

Mais avec le temps certains mots sont devenus difficiles à lire.



A) François Six








ICI REPOSE

AINSI QU’IL L’A DESIRE

FRANCOIS SIX

CITOYEN DE LILLES 

EN FLANDRES

DOCTEUR MEDECIN

IL A PRATIQUE SON ART

GENEREUSEMENT POUR L’AMOUR DU PROCHAIN

PLUS DE 20 ANS

ORBE ?

ESTIME AIME…….



Concernant François Six, c’est M. A.A. Ramelet qui m’a signalé le petit ouvrage de Pierre Rufener.

                  « La médecine à Orbe ou du Dr Venel au Dr Abetel »

L’auteur y cite un article de J. Rochaz paru dans la Revue historique vaudoise de 1934 :



En feuilletant les manuaux d’Orbe : quelques glanes médicales et autres

Les pages 37 à 39 décrivent les activités du Dr Six à Orbe entre 1774 et 1795 :

« Et je terminerai cet aperçu sur quelques médecins du temps passé en évoquant encore une figure fort sympathique, quoique peu connue, de l'époque de Venel et de Kronauer : celle du Dr François Six. Nous le trouvons indiqué dans la réponse du Conseil d'Orbe au rescrit du 28 Oct. 1787, de l’illustre Chambre de Santé « desirant scavoir sur quel pied se trouve la médecine, Chirurgie et autres arts y relatifs dans ce bailliage » : « François Six, de Lille en Flandre, Dr médecin de l'Université de Montpellier, demeurant dans cette ville déjà passé 12 ans, exerçant la médecine sans être pensionné, mais avec noblesse. » — A la date du 23 novembre 1794 nous lisons : « que sur la demande de « M. le Dr Six, Mrs du Conseil luy ont – accordé par billet circulaire du 20me du courant, acte faisant foy qu'il résidait dans notre ville avant et après l'époque du I4me juillet 1789 et qu'il ne l’a pas quittée jusqu'à ce moment. Lequel acte luy a esté expédié en due forme dès le lendemain ». — Le Dr Six vint donc  Orbe vers 1774-1775 et y exerça la médecine avec désintéressement, comme le prouvent encore diverses notices des registres du Conseil, entr'autres celle-ci en 1775 : « En conséquence de l’attention soutenue de Mr Six pour les malades, sans vouloir rien exiger ni recevoir pour ses visites, les Conseils lui ont accordé deux chars de bois de Chassagne, rendus devant chez lui. » Il était marié, puisque nous voyons le banc d'église de « ffeue Mme Six » accordé en 1792 à une autre personne. Nous ignorons quelles furent les raisons qui firent choisir au Dr Six Orbe comme résidence et l'y retinrent jusqu'à sa mort, dont la date sûre n'est pas connue, mais doit être 1795 ou 1796. Sa pierre tombale se trouve dans le petit bois du Chaney appartenant à M. Auguste Barbey, expert forestier, à Montcherand, avec l'épitaphe suivante :

Icy repose

ainsi qu'il l'a désiré

François Six

Citoyen de Lille

en Flandre

Dr médecin

I1 a pratique son art généreusement

pour l'amour du prochain

plus de 20 ans

à Orbe.

Mort le… Avril …

Estimé, aimé, regretté.



Les dates sont malheureusement illisibles. Malgré de nombreuses recherches, il n'a pas été possible de savoir autre chose sur la personnalité du Dr Six ».


Je n’ai pas trouvé d’autres renseignements sur ce médecin établi à Orbe durant plus de vingt ans.








B) Stèle de Pierre-François de Martines




Stèle à la mémoire de Pierre François de Martines



On trouve 4 panneaux gravés sur cette stèle


Panneau ouest

MORTEL

VERSE DES LARMES

SUR LE SORT DE L’HUMANITE



Panneau nord

JULIE DE WARNERY SON EPOUSE

HENRIETTE SA FILLE UNIQUE

ET F. CORREVON SON GENDRE

SOUS-PREFET DU DISTRICT D’YVERDON

ONT CONSACRE A CES MANES CE MONUMENT

DE TENDRESSE ET DE REGRETS



Panneau est

BRIGADIER DES ARMEES DE FRANCE

IL FUT SANS REPROCHE DANS LA GUERRE

AMI GENEREUX, EPOUX FIDELE, PERE TENDRE

CITOYEN VERTUEUX



Panneau sud

ICI REPOSE

PIERRE FRANCOIS DE MARTINES

NE A MORGES LE 20 OCTOBRE 1721

IL A CESSE DE VIVRE LE 23 FEVRIER 1802



Pour tenter de mieux identifier Pierre François de Martines les sources historiques sont plus nombreuses.


DHBS

8. Pierre-François, (1727-1802) servit en Pologne et en France fut nommé brigadier en 1766


Dictionnaire historique du canton de Vaud (Mottaz)

Dans le chapitre consacré aux familles originaires de Perroy, Motttaz cite la famille de Martines dont trois de ses membres devinrent de généraux de brigade, dont un en France, Pierre-François vers 1760.


Livre d’or des familles vaudoises (Delédevant et Henrioud)

8. Pierre-François, (1727-1802) brigadier de l’armée de Hesse, reçu bourgeois de Montcherand pour 650 florins vers 1780.



Sur cette stèle il est aussi mentionné le nom de son épouse Julie Warnery et de sa fille unique Henriette.

Cette dernière avait épousé François Correvon.


Pierre François Correvon (1768-1840)

Ce dernier fut syndic d’Yverdon, sous-préfet et député à la Diète fédérale en 1811 et en 1819.

Il s’est fait appeler Correvon de Martines.



Est-ce par amour de sa femme ou pour bénéficier de la particule ? Lui seul le sait.


Famille Correvon à Yverdon et Lausanne.


Cette famille originaire de Cuarny acquiert la bourgeoisie d’Yverdon en 1563 et 1576.

Jules (1802-1865) un fils de Pierre-François, juge au Tribunal d’Yverdon et député au Grand Conseil de 1841 à 1849.

Ernest (1842-1923) fils de Jules avocat et député de 1874 à 1897.

Henry (1854- ) Botaniste renommé, le père des jardins alpins, auteur de nombreux ouvrages sur la flore.

Robert (1884-1935) fils d’Henri sera pasteur tout comme son oncle Charles (1856-1929)

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