samedi 23 mars 2013

L'ancienne usine des chaux et ciments de Baulmes


La société des chaux et ciments de Baulmes


L’usine sur la droite

Commençons la présentation de cette usine par un extrait de l’Encyclopédie vaudoise tirée du volume « Les Artisans de la Prospérité », page 137.
« La Société des usines des Grands-Crêts, près de Vallorbe, et la Société des chaux et ciments de Baulmes ont un mérite commun : elles n’ont pas seulement assuré l’approvisionnement régional en ciment, mais elles sont à l’origine de la production et de la distribution d’énergie hydro-électrique dans leurs contrées respectives.
La Société des usines des Grands-Crêts, dont la raison sociale était à l’époque encore Glardon et Cie, obtint la concession pour la force hydraulique de l’Orbe, au Châtelard. Elle fonda alors, la Société électrique du Châtelard-près-Vallorbe. De même, la Société des chaux et ciments de Baulmes, créée en 1897 par Emile Cachemaille, propriétaire Baulmes, et par les Yverdonnois Louis Potterat, ingénieur, Charles
Pilicier, avocat, et Albert Pérusset, ancien directeur de banque, mit en exploitation la force motrice de l’Orbe, aux Clées.
A Baulmes, on ne fabriqua tout d’abord que la chaux hydraulique, puis, le succès venant, la production du ciment Portland fut entreprise dès 1900. En 1911, la Société des chaux et ciments de Baulmes construisit une fabrique de ciment à Vouvry, en Valais, afin d’étendre ses ventes au canton voisin. En 1903, elle y avait déjà acquis une carrière et la Fabrique de chaux Jaquet et Cie. On s’étend. Il s’agit aussi d’empêcher que les concurrents occupent la place.
Le mouvement de mécanisation se double bientôt d’une volonté de rationaliser l’ensemble de l’industrie des liants. Les fabriques de Grandchamp, Roche, Paudex et Baulmes s’unissent ; celles de Vallorbe, Noiraigue et Neuchâtel les rejoignent.
Ce groupement est à l’origine de La Société des chaux et ciments de la Suisse romande, créée en 1913 et fixée à Lausanne.
Déjà à la fin du 19e siècle, on avait tenté plusieurs fois de constituer des cartels, d’abord par régions, puis à l’échelle de la Suisse. Tous ces efforts s’étaient soldés, à plus ou moins longue échéance, par des échecs.
La rupture intervenait toujours en temps de crise. Elle était due à la différence trop grande qui existait entre les cimenteries de type artisanal et les cimenteries modernes, comme celles de la famille Schmidheiny, dans son fief de Holderbank, ou la Société des usines de Grandchamp et de Roche, propriété de Louis Du Pasquier. En 1911, cependant, la constitution de l’E.G. Portland apporta une solution définitive au problème de l’organisation du marché suisse du ciment. Les efforts de ce cartel tendirent à régulariser la production et à fixer les prix de vente. Quelques fabriques furent autorisées à former des groupements particuliers et à organiser de manière uniforme la vente de leurs produits. Ce fut le cas, notamment, de la Société des chaux et ciments de Suisse romande »


Carte de Baulmes en 1894 : on voit l’emplacement de la tuilerie


Carte de Baulmes en 1906 : la fabrique de ciment a pris la place de la tuilerie

Et bénéficie d’un raccordement ferroviaire à la ligne Yverdon-Ste-Croix ouverte en 1893.

Et sur cette vue générale de Baulmes, on distingue la fabrique de ciment tout à droite


Baulmes, au temps des moissons avec la fabrique sur la droite



Carte postale de Baulmes postée en 1907


Détail de la carte ci-dessus avec l'usine


La suite de l’histoire de cette usine sera, en très grande partie, tirée des archives de la Feuille d’avis de Lausanne (Fal) ou de la Tribune de Lausanne (TdL)

L’affaire commence par un procès au sujet de l’attribution de la carrière par la commune de Baulmes.
Orbe. — le 15 février 1896.
On écrit à la Revue : Le tribunal de police d'Orbe a jugé dans ses séances de samedi et dimanche une affaire pénale qui a fait quelque bruit dans la contrée. Dans le courant de l'année dernière, la commune de Baulmes a accordé à un citoyen de cette localité la concession de carrières de chaux hydraulique et de ciment. Un concurrent malheureux du concessionnaire avait, à cette occasion, accusé les autorités communales de partialité et de corruption. Le Conseil communal et la municipalité de Baulmes ayant porté plainte, le diffamateur a été condamné, après une longue procédure et des débats très vifs, à 150 francs d'amende, 500 fr. de dommages et intérêts et à tous les frais. Un arrêt du Tribunal d'accusation intervenu au cours de cette minutieuse instruction a constaté qu'il n'existait à la charge d'aucun des membres des autorités communales un indice quelconque qui permît de soupçonner leur parfaite bonne foi. –
L’affaire étant réglée, la société peut se constituer

Fal du 6 juillet 1897   
Baulmes  Fondation.
Une « Société pour la fabrication des chaux et ciments » s'est constituée jeudi à Baulmes. Elle a pour objet la fabrication des chaux et ciments par l'exploitation des carrières existant sur le territoire de la commune de Baulmes, ainsi que l'exploitation des industries qui se rattachent à cette fabrication. Son capital est de 350,000 francs, divisé en 700 actions de 500 francs.
Le conseil d'administration est composé de MM. Emile Cachemaille, à Baulmes; A. Perusset, directeur à Yverdon ; Ch. Pilicier, avocat à Yverdon ; Camille Barbey, ingénieur à Valleyres-sous-Rances.

Début 1898 les travaux peuvent démarrer et en mars on cherche : De bons ouvriers maçons et manœuvres trouveraient de l'occupation immédiate et suivie pour la construction rie la fabrique de chaux et ciment de Baulmes.
S'adresser à M. Charles Mério, entrepreneur, Yverdon.

Le 11 mai 1898 l’usine électrique des Clées signale que : Une force de 600 chevaux est encore disponible aux Clées et elle va trouver en partie son emploi dans la nouvelle fabrique de chaux et ciments de Baulmes.

Trois ans plus tard, en février 1901, on annonce le décès de de M. Emile Cachemaille-Deriaz, qui contribua de toutes ses forces au développement de son village et de la contrée. Ce fut lui qui, avec M. Albert Perusset, directeur à Yverdon, a eu le premier l'idée d'utiliser les forces de l'Orbe, pour doter Yverdon, Baulmes, Grandson, Ste-Croix, etc., de l'énergie électrique. Ce fut également lui qui provoqua la création de la société anonyme des chaux et ciments de Baulmes et la construction des importantes usines de cette entreprise.

La grève des mineurs de 1903 selon Fal du 28 avril1903
Les ouvriers mineurs des carrières de la Société des chaux et ciments de Baulmes se sont mis en grève vendredi. Le motif de cette suspension du travail serait que jusqu'ici l'entrepreneur fournissait aux mineurs l'huile pour leurs lampes dans les galeries, et que dorénavant cette fourniture serait à la charge des mineurs.
La Société anonyme des chaux et ciments de Baulmes a remis, dès sa fondation, à MM. Delauche et Joud, entrepreneurs, l'exploitation à forfait des carrières.
Les grévistes sont au nombre de 26. Ils ont eu lundi une conférence avec les entrepreneurs, qui les ont convoqués pour les régler. On n'est pas parvenu à s'entendre. Le calme est complet. Les grévistes ne se livrent à aucune manifestation.

La grève sera vite liquidée, le 4 mai 1903 on apprend que
 Baulmes. — Fin de grève. —
La grève des ouvriers mineurs des carrières de chaux et ciments de Baulmes est terminée; tous les grévistes ont été réglés et congédiés.

Un nouveau directeur en juin 1903 :
On annonce que M. Albert Perusset vient de donner sa démission de directeur du Crédit Yverdonnois ; il a été récemment placé à la direction de la Société des Chaux et ciments de Baulmes

L’usine de Vouvry
En 1903 la SA des chaux et ciments de Baulmes reprend une petite fabrique de chaux à Vouvry en Valais.
A laquelle va succéder, dès 1912, une fabrique de ciment utilisant les roches de la carrière de Pierre–à-Perret.
Fonctionnant au charbon, elle devra interrompre sa production en 1943 à cause du manque de combustible.
Après la guerre, l’usine modernisée produira 30 à 40'000 tonnes de ciment par an, mais en 1959 comme à l’usine de Baulmes deux ans plus tôt, la production s’arrête.
En 1961 l’usine est fermée.
Seul le bâtiment qui abritait les bureaux, l’infirmerie et l’appartement du directeur subsistera pour devenir la maison des jeunes de Vouvry
(Source : Vouvry l’info)

La Fal du 14 décembre 1904 annonce la création d’une caisse maladie
Baulmes. — Ouvriers et patrons, —  Caisse d’assurance maladie
Dimanche matin, à l'Hôtel-de-Ville de Baulmes, une assemblée des employés et ouvriers de la Société des chaux et ciments a constitué une société d'assurance contre la maladie ; elle en a discuté et arrêté les règlements, a nommé son comité, fixé les bases des contributions.
La Société des chaux et ciments y participera par une contribution volontaire de 3 centimes par jour et par homme, les ouvriers par des contributions mensuelles. A cette occasion, la Société a offert un banquet à l'hôtel Saint-André à tous ses ouvriers et employés, au nombre de 170.

Mais certains ouvriers sabotent du matériel pour obtenir un grande pause, suivons cet article  de la Fal du 21 février 1910
Triple arrestation. Baulmes,
Ensuite d'une plainte de l'administration de la Fabrique de chaux et ciment de Baulmes, le juge de paix du cercle de Baulmes a fait arrêter et incarcérer dans les prisons de district, à Orbe, trois jeunes ouvriers, un Vaudois et deux Italiens, accusés de sabotage et de dommages au matériel d'exploitation.
Le transport de la pierre, dès la carrière à la fabrique, s'opère au moyen d'un câble avec bennes. Les prévenus avaient imaginé de desserrer un écrou fixant les bennes au câble, afin d'empêcher ainsi le déclenchement automatique à la station d'arrivée. Les bennes ne pouvaient se vider, elles s'accumulaient au risque de faire rompre le câble et de causer de graves accidents aux autres ouvriers. Cette manœuvre avait pour but, dit-on, d'obtenir du repos pendant la remise en état du matériel.


A propos des travaux de percement du tunnel du Mont d’Or, on écrit en avril 1911
Les ouvriers occupés aux travaux du tunnel et dans les chantiers accessoires sont au nombre de 450. Les moellons pour la construction de la voûte du tunnel sont fournis par les carrières de St- Triphon et de Villeneuve, la chaux par l'usine des Grands-Crêts, à Vallorbe, et le ciment par les usines de Baulmes et de St- Sulpice. Les piédroits du tunnel sont construits en béton. On est toujours dans le rocher dur et compact. Jusqu'à maintenant on n'a pas rencontré d'eau.

Note : mais l’eau arrivera bientôt, le 23 décembre 1912 un torrent avec 10'000 litres par seconde noie la galerie côté Vallorbe, provoquant de gros dégâts au chantier !
Mais l’évènement mérite un autre  article dans ce blog.

Mais revenons à Baulmes pour faire le point sur la situation de l’usine en 1914 :
L'importante fabrique de chaux de Baulmes a expédié, l'an dernier, 2550 wagons de chaux hydraulique et 1200 wagons de ciment artificiel.
Elle a été créée par l'initiative de quelques citoyens de la contrée, entre autres MM. Albert Perusset, député, et Cachemaille, à Baulmes.
Le premier directeur technique fut M. Duché, ingénieur français, auquel a succédé M. Haenny.
La direction complète des usines est reprise par M. A. Perusset, qui a su leur donner le développement actuel, source de prospérité non seulement pour Baulmes, mais encore pour la ligne Yverdon-Ste-Croix et toute la contrée.

Ce qui incite les autorités de Baulmes à prendre quelques actions.
Selon la Fal du 19 juin 1914
Le Conseil communal de Baulmes a approuvé les comptes de 1913, qui soldent comme suit :
Recettes 123,467 fr. 23 c; dépenses, 103,142 fr. 67: boni, fr. 20,324 fr. 35.
Le Conseil a voté une prise de 25 actions de 500 francs de la Société des chaux et ciments de Baulmes. On sait que cette société, en pleine prospérité, distribuée ses actionnaires un dividende de 6% et vient d'émettre un emprunt de 400,000 fr.


Fal du 3 mars 1930
Chaux et ciments
La Société anonyme, des Chaux et Ciment de la Suisse romande, constituée à Lausanne en 1913, en vue de la fabrication et du commerce des liants hydrauliques de toute, nature, ainsi que de 1’exploitation des industries se rattachant à cette fabrication, a réalisé, au cours de l'exercice 1929, un bénéfice d'exploitation de 1,751,416 fr. 95; diverses recettes et les intérêts du portefeuille le portent à 1,798,074 fr. 60. Le solde, actif disponible du compte de profits et pertes s'établit à 408,536 fr. 60, dont est faite la répartition suivante : 240,000 fr. aux actionnaires sous la forme, d'un dividende de 6 %, soit de 30 fr. à chacune des 8000 actions de 500 fr. de l'entreprise ; 36,000 fr. au Conseil d'administration ; :35,000 fr. à la caisse de retraite, dont, l'avoir est ainsi porté à 504,504 fr. 25 (elle a été créée en 1927 par la société sans aucune participation du personnel) ; 72,530 fr. 60 à divers amortissements complémentaires.
Le chiffre total d'affaires, pour l'exercice 1929, est de 6,399,670 fr. 15. Le total des ventes en Suisse a été de 9830 wagons, soit 797 de plus qu'en 1928, et en France, de 840 wagons, 559 de plus qu'en 1928.
Les ventes et les augmentations portent surtout sur les ciments. Une augmentation a été aussi constatée, mais moins forte, sur les chaux

Fal du 25 août 1932
Chaux et ciments —
L'assemblée générale des actionnaires des Chaux et Ciments de Baulmes S. A., dont le siège est à Baulmes, a adopté de nouveaux statuts qui en fixent comme suit le but : fabrication et vente de liants hydrauliques de toute nature et qualité ; pour atteindre ce but, la société crée, achète ou exploite directement ou indirectement toutes fabriques de liants hydrauliques ; elle peut créer ou s'intéresser financièrement à toutes entreprises analogues en Suisse ou à l'étranger et d'une manière générale, s'occuper de toutes affaires industrielles, commerciales, financières et Immobilières.
L'assemblée générale a nommé directeur des usines de Baulmes M. Charles Buffat, ingénieur-chimiste à Baulmes, et directeur des usines de Vouvry, M. Jean Wiswald, ingénieur-chimiste à Roche.

Fal du 28 janvier 1937
Décès d’Albert Pérusset Mardi, à Yverdon, est décédé dans sa 75e année, après une longue et douloureuse maladie, M. Albert Pérusset, industriel, ancien président du Grand Conseil. Bourgeois de Baulmes, A. Pérusset y était né le 29 mai 1862, y avait été élevé jusqu'à 15 ans ; dès 1903, il était administrateur-délégué de la puissante Société des chaux et ciments de Baulmes et de Vouvry, devenue la Société des chaux et ciments de la Suisse romande, dont il présidait le conseil d'administration.


Les débuts de la fin de l’usine de Baulmes…
Vers les années cinquante, la Société des chaux et ciments de la Suisse romande décide d’utiliser désormais le calcaire du Mormont.
Le 1er novembre 1951 le premier coup de pioche est donné pour la construction de l’usine d’Eclépens dont le premier four Lepol sera allumé le 23 juillet 1953.
Le 30 juin 1992  la Société Ciments & Bétons (SCB) est absorbée par le groupe Ciments et Bétons Holderbank SA ,Holderbank qui deviendra Holcim en été 2001
Peu à peu les activités de Baulmes vont diminuer.
Mais l'intense activité de Holcim à Eclépens suscite parfois quelques réactions, comme le signale 24 H en novembre 2013

Holcim à l'assaut du Mormont



Ainsi le 1er octobre 1957, la Fal annonce :
On ne fabrique plus de ciment à Baulmes
Après celle de Saint-Sulpice, l'usine de chaux et ciments de Baulmes a cessé samedi son activité, du moins en partie, en ce sens qu'on ne produira plus désormais de ciment, mais uniquement de la chaux, ce qui ne requiert qu'un personnel réduit. Les ouvriers licenciés ont pu se placer facilement ailleurs. Il y a 60 ans que l'usine de Baulmes avait commencé sa production industrielle.
La société qui l'avait fondée avait un administrateur- délégué, un Baulméran 100%, M. Albert Pérusset qui présida, si nous ne faisons erreur, le Grand Conseil. Au summum de sa prospérité, l'usine occupait jusqu'à 200 ouvriers ; la mise en service de chaînes de transport permit d'augmenter la production tout en procédant à une réduction du personnel. Absorbée par la Société des chaux et ciments de la Suisse romande, l'usine de Baulmes était destinée à ralentir son activité depuis la mise en service de l'usine de chaux et ciments d'Eclépens qui utilise les carrières du Mauremont.(sic) La haute conjoncture dans l'industrie du bâtiment, une demande constante de ciment pour satisfaire aux nécessités de la « maladie de la pierre » permit d l'usine baulmérane de tenir le coup plus longtemps que prévu. Avec la cessation d'activité de la fabrique de ciment, c'est une page de l'histoire du grand village de Baulmes qui se ferme.

La Fal du 9 novembre 1960 annonce la fin définitive de l'usine de chaux et ciments de Baulmes, qui date de la fin du XIXe siècle et qui cessera toute activité à la fin de 1960.


Baulmes, quand l'usine fumait encore !

Que faire de l’usine et des galeries ?

Pour les galeries, en décembre 1953, on croit avoir trouvé une solution intéressante, voyez plutôt :

BAULMES Etablissement d'une champignonnière. — (A.T.) —
 Dans sa séance de lundi, le Conseil communal de Baulmes a ratifié la convention signée entre la commune et M. Joseph Bon, à Pully, pour l'établissement d'une champignonnière dans les galeries désaffectées de la carrière de chaux et ciments. La convention est faite pour trois ans mais dénonçable à la fin de la première année, considérée comme un temps d’essai. M. Bon s'engage à occuper d'abord des ouvriers n'ayant plus de travail à l'usine des Chaux et Ciments, puis des chômeurs locaux.

Mais la mine aux champignons ne devint pas une mine d’or, car le 13 avril 1959, l’office des poursuites d’Orbe met aux enchères une partie du matériel de Joseph Bon.

VENTE aux enchères publiques
Samedi 13 avril 1957, à 15 heures, devant l'entrée des galeries côtés Chaux et Ciments, à Baulmes, l'Office procédera à la vente aux enchères publiques, au comptant et à tout prix, des biens ci-après appartenant à
 BON Joseph, ch. des Vignes 15, à Pully, savoir :
1 aérochauffeur
500 m3 de fumier corps de meules
7000 m2 grillage el polyéthylène.
Pour visiter, rendez-vous des amateurs h 14 heures. P16-14L
Orbe, le 5 avril 1957. Office des poursuites d'Orbe
Et en octobre de la même année, un concasseur à pierres appartenant à Joseph Bon est également mis aux enchères !

Quant aux bâtiments de l’usine, la  Fal du 19 septembre 1961 annonce leur rachat par la commune
Baulmes: une industrie disparaît
  (Cp) — Le conseil communal de Baulmes, réuni dernièrement, a décidé, à la suite du rapport favorable de la commission, l'achat par la commune des biens de la Société des chaux et ciments, dont l'activité cessera en fin d'année. Les bâtiments, un bloc de 40 000 m2, seront démolis et les terrains libérés pourront le cas échéant recevoir une nouvelle industrie. La commission chargée de l'étude de cette importante question était présidée par M. Robert Deriaz-Cachemaille

Tribune de Lausanne du 21.11.1961
BAULMES Disparition de l'usine de chaux (TdL)
La Société des chaux et ciments de la Suisse romande a vendu à la commune de Baulmes, pour le montant de 200 000 francs, le bâtiment des bureaux, la petite villa annexe et le terrain alentour.
Mais tout le groupement industriel du complexe de fabrication de chaux et ciments est livré à la pioche des démolisseurs. Chaque jour, des tonnes de matériaux s'en vont à la récupération, tandis que l'on se propose de faire appel à la PA pour démolir la grande cheminée et les bâtiments au sol. Ainsi disparaît une activité industrielle mise en vigueur au début du siècle. Mais les autorités baulméranes, par l'effet de la décentralisation industrielle appliquée par plusieurs grandes fabriques, espèrent voir s'implanter là, un jour, une autre forme d'activité.

Tribune de Lausanne du 14.03.1962
CHAUX ET CIMENTS DE LA SUISSE ROMANDE
Une intense activité en 1961
  (AT) — L'activité a été plus intense que jamais dans la construction et le génie civil durant l'exercice écoulé ; les ventes de ciment en Suisse ont dépassé d'environ 20 % celles de 1960. A eux seuls, les ouvrages hydroélectriques ont absorbé plus de 620 000 tonnes, chiffre qui n'avait jamais encore 'été atteint ' en l'espace d'une année. Les besoins du marché ont quelque peu dépassé la capacité de production des usines du pays, de sorte qu'il a fallu recourir à des importations. Pour la première fois, les ventes de la Société des Chaux et Ciments de la Suisse romande ont dépassé 400 000 tonnes, avec 530’391 tonnes de ciment et 15’ 916 tonnes de chaux. La capacité de production ayant été pleinement utilisée, il a été possible de procéder à une nouvelle baisse générale des prix de vente du ciment, bien que la plupart des éléments du prix de revient accusassent une hausse ; pour contribuer à ralentir la hausse du coût des constructions, l'industrie des liants hydrauliques s'est engagée à ne pas élever ses prix durant toute l'année 1962.
TRAVAUX ET STOCKS
A Eclépens ont été entrepris des travaux pour améliorer les conditions d'exploitation et adapter l'ensemble de l'usine au rythme intense de la production. A Roche, de nouvelles machines servant à transporter et à préparer la matière première, tant à la carrière qu'à l'usine, ont été mises en marche l'automne dernier ; des chantiers ont été ouverts pour remplacer des machines ou des bâtiments vétustés. Les derniers stocks de ciment qui se trouvaient à Vouvry ont été vendus, ainsi que plusieurs machines. Les stocks de chaux demeurés à Baulmes ont été écoulés, ce qui a permis de démonter le reste des machines et des installations de l'usine. Tous les terrains et les bâtiments que possédait la société ont été vendus à la commune.
Fal du 10 mars 1966
 Baulmes:
La cheminée de l'ancienne fabrique de chaux et ciments est tombée (ip) —
 Hier, aux environs de 15 h. 15, la troupe PA, plus précisément le bataillon 27, stationné dans la région de Baulmes, sous les ordres du colonel Jeanmaire, a fait sauter la cheminée de l'ancienne fabrique de chaux et ciments de Baulmes, haute de 30 mètres. Le coup porté était particulièrement spectaculaire et la cheminée est tombée exactement dans l’axe prévu.
La fabrique de chaux et ciments existait depuis 1900 et elle n'a cessé son exploitation qu'en 1960 pour des raisons de rationalisation. Depuis lors, une convention a été passée entre l'armée et les autorités de Baulmes et jusqu'en 1966, l'armée utilisa cette fabrique pour des exercices de PA en particulier, la fabrique et ses annexes étant un terrain rêvé pour ce genre de travail. Seule ombre au tableau, la population et les enfants pour lesquels la perspective de la cheminée était une image familière n'avaient pas été avisés de la chose, et plus d'un Baulméran regrettait fort, hier soir, que l'on n'ait pas profité d'en faire un événement plus marqué dans la vie locale.
Cette fabrique a été florissante et a fait  travailler plus de 250 à 300 ouvriers à l'époque où elle marchait à plein rendement. Ces dernières années, en raison de la mécanisation, le nombre d'ouvriers était tombé entre 50 et 60. Lorsque l'entreprise était en pleine activité, le village comptait 1200 âmes, alors qu'en 1966, la population est de 850 à 860 personnes. On comptait même trois magasins de plus qu'actuellement. C'est dire à quel point l'activité ou la suppression d'une entreprise peut changer, l'aspect d'une localité.


Durant de nombreuses années, l’ancienne usine va être utilisée par l’armée pour des exercices
 Fal du 21 juin 1968
 Baulmes : la protection civile collabore avec l'armée (ip) —
L'ancienne usine de chaux et ciments de Baulmes est actuellement utilisée par la protection aérienne et la protection civile. Afin d'éviter des doubles frais, les troupes de protection aérienne et la protection des civils collaborent étroitement dans l'achat et l'essai du matériel ainsi qu'on a pu s'en rendre compte à Baulmes lors d'une exposition et démonstration de matériel organisée par  le service territorial sous la direction du colonel Jean-Louis Jeanmaire.
Note : Certains s’en souviennent encore, le colonel Jeanmaire (1910-1992) aura plus tard une fin de carrière un peu agitée.
La Fal du 10 juin 1972 décrit la fin des bâtiments de l’usine et retrace son histoire en quelques lignes :
  L'ancienne usine de Baulmes au terme de sa démolition
  Les derniers décombres de l'ancienne usine des chaux et ciments de Baulmes disparaîtront avant la fin de cette année. Le village aura ainsi eu le loisir d'assister à un phénomène peu courant : d'ordinaire, la démolition d'un ' édifice requiert moins de temps que sa construction. A Baulmes, ce fut tout le contraire. Il aura fallu en effet près de dix ans pour que les murs, la cheminée et les installations de l'usine désaffectée se désagrègent et soient évacués, presque brique après brique...
Erigé en 1898, le complexe permit pendant plusieurs décennies de traiter la roche extraite d'une carrière qu'on aperçoit aujourd'hui encore en bordure de la route conduisant au col de l'Aiguillon, à quelques centaines de mètres de l'usine. L'absence de toute modernisation importante, les difficultés d'exploitation de la carrière et les problèmes soulevés par l'acheminement du produit fini vers les points de vente placèrent l'entreprise dans une position délicate lorsque survint le grand boom de la construction, au terme de la Seconde Guerre mondiale. Décision fut donc prise d'ériger une nouvelle usine à Eclépens, au pied du Mormont, et d'abandonner peu à peu celle de Baulmes. La première entra en activité en 1953. La seconde fut définitivement fermée en 1961. Pour la Société romande des chaux et ciments, l'opération se révéla payante : des 20 000 à 25 000 tonnes qu'elle produisait annuellement au pied du Jura elle a pu passer aujourd'hui à un volume de 400 000 tonnes. Dès la fermeture de l'usine de Baulmes, c'est aux troupes de protection aérienne que furent confiés les travaux de destruction. L'armée trouva là un champ d'exercice qui sembla lui convenir à la perfection. Avec un brin d'humour, on pourrait affirmer qu'elle y trouva le même plaisir qu'un gastronome attablé devant un gigantesque gâteau : elle dégusta l'usine par petites tranches... à telle enseigne que le repas, entrepris en 1963, n'est pas tout à fait achevé. Il devra l'être à la fin' de cette année, dernier délai accordé par les autorités communales de Baulmes. Précisons qu'une bonne partie de la population suisse a eu l'occasion d'assister à l'un  de ces exercices militaires, dans une séquence du film consacré à la défense nationale et présenté à l'Expo 64. Dans un vacarme d'apocalypse, on voyait une section de grenadiers faire mine de s’entre déchirer à coups de lance-flammes et d'explosifs dans un pâté de maisons ravagé. C'était à Baulmes, dans les restes de l'ancienne usine... Fosses dangereuses A la fin de cette année donc, les derniers vestiges auront cédé la place à quelques terrasses superposées. Ces dernières, à l'instar des murs qui soutiennent le pied de la falaise subsisteront. Cela ne nuira pas à l'esthétique de l'endroit qui s'est déjà bien améliorée.
Et qu'adviendra-t-il de cette place ? On l'ignore encore. On sait simplement que, selon le plan de zones, elle est réservée à l'industrie. Pour l'heure, elle est une source d'autres préoccupations : à plusieurs reprises, sur demande du DMF, la Municipalité a fait savoir que le chantier est interdit aux jeux d'enfants. Ici ou là en effet s'ouvrent des fosses peu apparentes et sommairement recouvertes qui présentent un danger provisoire mais non négligeable. Encore quelques travaux et il n'y paraîtra vraisemblablement plus rien.




Le site de l’usine de Baulmes en 2009



Et devant les grands murs de l'ancienne usine de nouvelles entreprise ont pris place


Les galeries
Au cours des ans ce sont plus de seize kilomètres de galerie qui ont été creusés pour extraire la roche nécessaire à l’usine.



L'entrée de certaines galeries est encore bien visible



Mais le percement de cet immense réseau de galerie ne s’est pas fait sans accident mortel. Ainsi le 17 février 1923
BAULMES. — Ecrasé par un bloc de pierre. —
On nous écrit: Jeudi après-midi, une équipe d'ouvriers de la fabrique de chaux et ciments était occupé à exploiter le calcaire, à 500 mètres à l'intérieur d'une galerie de la carrière, quand soudain un énorme bloc de pierre de 4 mètres cube environ, se détacha de la voûte. La chute fut si prompte que les ouvriers n'eurent pas tous le temps de se garer. L'un d'eux, M. Louis Pillard, 60 ans, père de famille, fut écrasé par le bloc contre l'une des parois. La mort a dû être instantanée, il a fallu exécuter de longs travaux de déblaiement pour dégager le cadavre. M. le Dr Roulier, appelé en toute hâte, n’a pu que constater le décès. Le défunt était un excellent ouvrier.

Et le 14 mars 1925
BAULMES. - Ecrasé sous un bloc. -

Edouard Hinnin, 66 ans, de Wohlen (Berne), était occupé, vendredi matin, dans une des galeries d'exploitation de la pierre pour les usines de chaux et ciments, à Baulmes, à charger des matériaux sur un wagon lorsque, vers 10 heures, un bloc de dix mètres cube, subitement, se détacha du plafond de la galerie, tomba sur lui et l'écrasa, le tuant net.
Ce n'est qu'à 17 heures qu'on réussit à dégager la victime et que 1’Office de paix procéda à la levée du corps et aux constatations légales; M, le Dr William Roulier ne put que constater le décès.

Mais le travail en carrière n’était pas sans danger
Une pierre sur la main  Baulmes, 12 octobre 1953. (Inf. spéc) —
Alors qu'il travaillait à la carrière des Chaux et Ciments de Baulmes M. Julien Dutoit, âgé de 56 ans, a eu la main gravement blessée par une pierre qui lui tomba dessus au moment où il manœuvrait une perforatrice. Souffrant d'une grosse plaie, il a été hospitalisé à Orbe.
Chute mortelle d'un ouvrier à Baulmes
Baulmes, 5 avril 1956. (Corr. part.) —
Ce matin, vers 10 heures, à la carrière des Chaux et Ciments, située au-dessus du village, des ouvriers étaient occupés à des travaux de minage dans une paroi de rocher quand un gros bloc se détacha, En tombant, il faucha un des mineurs. M. Jean-Claude Lambelet, 24 ans, qui fit une chute d'une trentaine de mètres et fut tué sur le coup.

Quant aux anciennes galeries, il vaut mieux être un spéléologue expérimenté pour les parcourir. Et certains promeneurs téméraires en en fait la triste expérience.
Selon un article de Tribune de Lausanne du 19 août 1973

Baulmes. Il tombe dans un trou
Hier, à 15 heures, un jeune ressortissant français, en camping à Yverdon, était allé se promener avec sa fiancée au-dessus de Baulmes. Alors qu’ils se trouvaient dans les anciennes galeries de l’usine de chaux et ciment de Baulmes, le jeune homme fit une chute d’environ 15 à 20 m. dans une excavation. Il a dû être secouru par des spéléologues d’Yverdon et environs et le CSI d’Orbe. Il a été transporté à l’hôpital d’Yverdon grièvement blessé, à la colonne vertébrale, semble-t-il. Il est à relever que de grandes difficultés ont été rencontrées par les sauveteurs, vu la friabilité de la roche et la verticalité de plus de 15 mètres pour atteindre le blessé et localiser l’endroit où il était tombé. Finalement, une sortie presque horizontale fut trouvée pour le ramener à l’air libre. Il a fallu ensuite descendre le blessé sur une pente extrêmement escarpée sur un traîneau où l’attendaient l’ambulance et un médecin. — (tlm)


Comme à Vallorbe, la municipalité de Baulmes met en garde les curieux peu avertis

Mais ces galeries ont aussi fait quelques heureux.
Des spécialistes, amateurs de cristaux, fouillent encore ses entrailles à la recherche de ces trésors minéraux, de célestine ou célestite en particulier.

Selon Wikipédia :
La célestine est une espèce minérale composée de sulfate naturel de strontium de formule SrSO4 avec des traces de Ba, Ca.


Une photo de Thomas Schüpbach montrant un échantillon de célestine trouvé dans les galeries de Baulmes vers 1995 par Paul Andermatt


Et si d'autres photos de célestine vous intéressent cliquez sur le lien suivant:





Les chauves-souris remercient les mineurs de jadis

Mais les vraies héritières de ce site  et qui en profitent pleinement, sont ces milliers de chauve-souris qui bénéficient là d’un hôtel 5 étoiles.
Baulmes avec ses 17 km de galeries est considéré comme le site le plus riche du canton. On y trouve 14 des 30 espèces présentes en Suisse
On a même en ces lieux, en 2009, enregistré le cri du grand rhinolophe, une espèce que l’on croyait disparue et qui figure sur la liste rouge.

Avec un peu de patience pour le chargement, jetez un coup d'oeil à 


Une exposition de photos de cette ancienne usine 
et de ses galeries


Du 20 décembre 2013 à fin mai 2014 vous pourrez admirer une exposition de photos des galeries de cette usine.



Adresse :       Baulmes, rue du Theu 7
Responsable :Raphaël Fluck  024 459 11 06
Dates :           le dimanche après-midi de 13 h 30 à 17 h




dimanche 10 mars 2013

Les Gorges de l'Orbe : l'ancienne usine électrique des Clées


L’ancienne usine électrique des Clées

L’ancienne usine électrique des Clées et les habitations du personnel

Les turbines de cette petite usine auront tourné de décembre 1896 au 18 juin 1955 fournissant le courant électrique à Yverdon et à de nombreuses localités du Nord-Vaudois.

Cette brave usine mérite bien deux mots pour retrouver son histoire.
Un grand merci également à Mme Catherine Streit (CS) de m'avoir permis d’utiliser une partie de sa collection de cartes postales pour illustrer cette aventure.

Au début 1896, à Yverdon, on cherche des fonds et on met en souscription le capital obligation.
Avec les fonds disponibles les travaux démarrent en mars 1896.
A la fin de l’année l’usine et le canal sont prêts, la première dynamo arrive au début décembre, mais le barrage n’est pas encore construit. On va donc démarrer avec un barrage provisoire.
La Feuille d’avis du 11 novembre 1896 nous décrit l’avancement des travaux :
« On donne les renseignements suivants sur les travaux de l'usine des Clées, qui fournira prochainement à Yverdon, à Ste-Croix et aux villages voisins l'énergie et la lumière électriques : La construction du barrage, retardée par le mauvais temps, n'est pas achevée. Si c'est nécessaire, on établira un barrage provisoire qui permettra l'exploitation jusqu'aux premiers beaux jours de 1897, époque où l'on achèverait la construction actuelle.
Le canal de dérivation sera terminé dans une quinzaine de jours. C'est une partie importante de l'entreprise. Établi sur la rive droite de l'Orbe, le canal a une longueur totale de 3’550 mètres; 2’010 mètres ont été percés en souterrain, le surplus en tranchée. Cette dernière partie ayant été recouverte, le canal consiste en fait en un tunnel ininterrompu de plus de 3 1/2 kilomètres. A pied, la traversée du souterrain exige plus d'une demi-heure.
Le tuyau de charge, exécuté par les ateliers de constructions mécaniques de Vevey, amène l'eau de l'extrémité du canal sur les turbines. Ce tuyau, de 60 mètres de longueur, a un diamètre de 1,20 m.
La hauteur de chute étant de 45 mètres, la force effective à l'usine sera de 1800 chevaux. Le bâtiment des machines est terminé, il peut contenir six machines accouplées (turbines et dynamos de 300 chevaux chacune). Trois turbines sont déjà posées ; les autres seront commandées au fur et à mesure des besoins. La première dynamo va être incessamment mise en place : elle est maintenant à l'essai aux ateliers d'Oerlikon.
Au bâtiment des machines est annexée une maison, qui servira de logement aux trois machinistes et à leurs familles. Malgré le mauvais temps, la Société espère encore pouvoir fournir la lumière à Yverdon avant la fin de l'année, et quinze jours plus tard à Ste-Croix ».


Cascade du déversoir, c'est le trop plein du canal d'amenée d'eau (CS)

Et le 22 décembre 1896, la lumière électrique illumine les rues d’Yverdon.
Mais quelques jours plus tard, premier malheur. Le 11 février 1897 le barrage provisoire se rompt.
On démarre en mars, la construction du barrage définitif, qui sera achevé en août 1897.

Carte postale du barrage de l’usine des Clées


Carte postale du barrage


Et le nombre de clients augmente rapidement tant pour l’éclairage que pour la force, Ste- Croix, Grandson se branchent
1897 Ateliers du Jura-Simplon à Yverdon, les imprimeries de la Feuille d’avis de Ste-Croix, le village de Rances et son battoir
1898 Montcherand
1899 Valeyres sous Rances, l’Abergement, Sergey.
Et le rapport d’activité de 1903 cite la plupart des localités entre Les Clées, Yverdon et Ste-Croix.
Il y aura bien sûr quelques avaries, quelques court-circuits dus aux orages et même à un ballon militaire qui brise les fils électrique de la ligne d’Yverdon vers la colonie d’Orbe.
Ces petits problèmes auquel s’ajoute parfois un manque d’eau oblige la société à construire une usine de renfort à Yverdon de 1905 à 1906.
L’important manque d’eau de 1908 prouve l’utilité de cette installation.

Sur la droite une partie des bâtiments d’Yverdon

Quelques incidents.
A fin janvier 1910 l’usine est complètement inondée avec 1,50 m. d’eau dans la salle des machines.
Au début du mois d’août 1912, l’instituteur Liardet parti à la pêche est retrouvé noyé à la grille du chenal.
En septembre 1912, lors d’un exercice de tir à Baulmes des militaires mitraillent fils et isolateurs provoquant une grosse coupure de courant à la localité et à l’usine.
L’année d’après, en 1913, ce sont des étourneaux qui sont la cause d’un court-circuit, les voilà grillés sur place !
Plus grave, en septembre 1920, un incendie se déclare dans les bureaux yverdonnois de la Société. On s’apercevra bien vite que le pyromane était le comptable qui souhaitait faire disparaître la preuve de plus de fr 140’00.- de malversation.
Mais cela n’empêche pas la Société de faire de bonnes affaires et de pouvoir verser à ses actionnaires des dividendes de 8 à 10% dans les années 1920-1930
La Société collabore aussi avec d’autres compagnies électriques, ainsi les Forces de Joux vont lui fournir du courant de 1910 à mars 1935.
En 1917 on réfléchit à un projet de fusion avec ces mêmes Forces de Joux et la Société romande d’électricité, un projet qui échouera deux ans plus tard pour diverse raisons.

Mais dès 1945 les choses se compliquent.
En effet selon la loi cantonale du 18 février 1901 les concessions accordées par le canton doivent prendre fin en 1951.
Et malgré de nombreuses oppositions locales et celle des usiniers de l’Orbe,
1950 voit la création de la Compagnie vaudoise d’électricité (CVE) avec le canton, les communes et des privés dans son capital-actions.


En 2012, la majorité du capital de la Romande Energie, qui a succédé à la CVE, reste aux mains des collectivités publiques


Et c’est cette société qui obtient la concession pour une nouvelle usine électrique sur l’Orbe.
Elle construit un grand barrage au Day et une usine souterraine en dessous de Lignerolle, mais qui se nommera usine des Clées.
L’usine du Châtelard, l’usine électrochimique du Saut du Day, l’usine des Clées perdent ainsi leur concession et vont cesser leur activité.
La Société du Châtelard garde l’usine de la Jougnenaz.
Quant à l’usine des Clées sa fin est programmée de la façon suivante :
En 1951 la ville d’Yverdon rachète pour 3'700’000 de francs le réseau de la ville

Le 18 juin 1955 les turbines des Clées s’arrêtent et le courant sera fourni désormais par la nouvelle usine souterraine située en dessous de Lignerolle.


Au premier plan, l’ancienne usine électrique au bord de l’Orbe (CS)

En 1958 la CVE reprend le réseau de distribution de la Société de l’usine électrique des Clées.

Désormais, comme le constate la Société de l’usine électrique des Clées:
« De caractère industriel et d'utilité publique qu'elle était, au temps du fonctionnement  de sa propre usine électrique, elle a pris l'aspect d'un groupement financier par les immeubles et les liquidités qu'elle possède, depuis que la Compagnie vaudoise d'électricité a repris à son compte la distribution de l'énergie hydro-électrique du réseau de cette dernière par la mise en activité de la nouvelle usine électrique souterraine des Clées. »

Peu à peu, de 1965 à 1967,  la Société vend à la commune les terrains qu’elle possède à Yverdon pour plus de 4 millions, ses bâtiments des Clées, usine et habitations sont achetés par des privés et une petite parcelle à l’Isle est vendue à la commune de Ballaigues en 1961.

Les actionnaires se partagent cette manne, et ainsi   prend fin cette intéressante aventure industrielle du Nord vaudois

Et  voici encore quelques cartes postales de la collection de Mme Catherine Streit.



Les Clées, son château et son usine avant la construction du pont de 1906 (CS)




Les Clées, quelques années plus tard, le pont est construit (CS)


Le pont de 1906



Usine électrique des Clées avec le logement du personnel (CS)



Ce qu’il en reste en 2013

Le tracé de l’ancien canal qui reliait la prise d’eau à l’usine électrique est facile à déterminer.
Il correspond au sentier pédestre qui, sur la rive droite, relie Les Clées à l’usine de l’Isle en dessous de Ballaigues.

Il est noté en rouge sur la carte ci-dessous




De la prise d’eau jusqu’à l’usine


En commençant par le haut, on constate que la prise d’eau est encore bien là, mais ne prélève plus la moindre goutte d’eau dans l’Orbe.



Les restes du barrage vers l’ancienne prise d’eau



La prise d’eau sur la rive droite, pas très loin de l’usine de l’Isle


Si vous continuer à remonter le cours de l'Orbe, après quelques centaines de mètres vous trouverez un petit pont qui franchit la rivière, juste en face de la sation de pompage de l'Isle, dont nous avons déjà relaté l'inauguration dans ce blog

Voir :

http://arnexhistoire.blogspot.ch/2013/02/les-gorges-de-lorbe-et-ses-sources.html



Pont de bois sur l'Orbe vers la station de pompage de l'Isle



Mais revenons à la prise d'eau de l'usine des Clées et à ce qu'il en reste

La grille de la prise d’eau est toujours là



A la prise d’eau, le départ du canal d'une longueur de 3.5 km 



Plus bas, le long du sentier, une entrée donne accès à l’ancien canal  d’amenée d’eau


Un canal qui a permis aux gamins des Clées de s’initier à la spéléologie


En face, sur la rive gauche, les déchets extraits pour la nouvelle usine électrique


Accès extérieur de la nouvelle usine souterraine en dessous de Lignerolle



Le départ de la conduite forcée juste au-dessus de l’ancienne usine des Clées



L’ancienne usine utilisée comme dépôt de machines de chantier



Juste en dessous de l'ancienne usine des Clées, la prise d’eau actuelle de l’usine de Montcherand



Plan de la prise d'eau pour l'usine de Montcherand



Quant au déversoir qui créait la cascade, juste avant l'usine des Clées, au-dessus de la source Mercier, il existe toujours. Mais...


Le petit lac du déversoir



Mais mais il est maintenant privatisé !

                                        Protégé par une clôture ...


,,,et bien abrité derrière son cadenas.


La porte fermée de la cascade des Clées