mardi 19 novembre 2013

L'épuration des eaux usées du village d'Arnex

Pendant des siècles, l’évacuation des eaux usées du village ne soulève aucun problème : les machines à laver n’existent pas et les toilettes sont au fond du jardin. On pose tout de même quelques coulisses ou conduites pour collecter l’eau de pluie et les égouts, afin de les acheminer aux ruisseaux du Moulin ou de la Cherreyre. L’eau du ruisseau de la Cherreyre, utilisée pour irriguer et fertiliser les prairies situées côté bise du chemin, est misée chaque dimanche pour la semaine.
Certains n’hésitent d’ailleurs pas à détourner l’eau à leur profit, comme le relate le procès-verbal de la séance de la Municipalité du 11 février 1840 :
Rapport contre Pierre Monnier.
La Municipalité assemblée sous la Présidence de Monsieur David Monnier Syndic. D’après le rapport du 4 février qui a été fait contre vous le sieur Pierre Monnier du dit lieu, le sieur Monnier a paru en Municipalité et il a déclaré qui n’avait pas détourné l’eau qui allait au pré du Sieur David Monnier syndic mais qu’elle allait au pré de David Gillard tout proche de celui du syndic. D’après cette raison, la Municipalité l’a condamné à payé l’amende de quatre francs, vu que l’eau de l’égout appartenait au syndic vu qui l’avait misée, et que le sieur Pierre Monnier n’avait point droit de la conduire à son pré du Cloux, vu qui ne l’avait point misée.

Mais, vers la seconde moitié du XXème siècle, l’allure et le contenu des ruisseaux collectant les égouts du village commencent à poser problème : en 1959, les procès-verbaux de la commune utilisent déjà le terme de contre pollution et évoquent les mesures qu’il faudra prendre.

Le projet Gonthier de 1973
Un premier projet d’épuration, étudié par le bureau Gonthier est prévu en 1973.
Mais il finira dans les tiroirs, le coût annoncé de 2,8 millions ayant effrayé les autorités de l’époque. De plus, la débâcle de la société Epurex a rendu les gens prudents devant ces investissements importants.
Beaucoup de frais d’étude pour rien, auxquels s’ajoutera une facture relative à des sondages géologiques sur un terrain qui ne verra jamais la STEP.

Réalisation des travaux et financement du projet
En 1977, profitant des travaux de remaniement du vignoble, la conduite Tollion-Le Breuil est mise en place pour un coût de 84’000 francs. Ces travaux sont effectués par l’entreprise Bollini.
En 1980, de timides contacts sont pris avec Orny pour ériger une STEP commune, mais ce projet de collaboration est abandonné en 1987 : la pente est trop faible et les canalisations à construire trop nombreuses.
En 1987, l’aspect nauséabond des ruisseaux du Moulin et du Breuil, ajouté à la pression des services de l’État relancent le dossier. Un plan d’affectation et un règlement de construction sont établis, une démarche qui dure de 1987 à mai 1992.
De 1990 à 1991, le bureau Rochat-Lugeon étudie le PALT (Plan à long terme des canalisations publiques) ainsi que le financement des opérations (partage des frais entre les propriétaires et les pouvoirs publics). En juin 1991, le Conseil général donne son accord à ce vaste projet et les travaux pourront commencer.
Mais il faut noter que le Conseil modifie la répartition des frais entre commune et propriétaires en allégeant la charge de ces derniers.
La Municipalité proposait un coût de fr. 4'000.- par unité de logement, le Conseil l’abaisse à fr. 3’000.-
Quant aux raccordements privés, la Municipalité souhaitait une participation des propriétaires de 30 %, le Conseil la supprime demandant à la commune de prendre en charge la totalité de raccordements privés..
Toutes ces modifications acceptées par le Conseil général procurent une économie de 414’000 fr aux propriétaires et la même somme en charge supplémentaire pour la commune qui devra donc faire un emprunt plus important que prévu.
La participation des propriétaires s’étalera sur 3 ans pour faciliter la chose.
En juin 1992  fr.3.- par m2 construit
En mars 1993 fr. 1’500.- par unité logement
En mars 1994 fr. 1’500.- par unité logement

Les travaux d’épuration de 1991 à 1994
Trois ans sont nécessaires pour mettre tout le village en séparatif et construire la STEP à la Gotte, (prévue initialement en Duret).
4’900 mètres de collecteurs posés, 740 mètres de conduites d’eau potable réparées, 3’000 mètres de tuyaux pour le gaz installés, tout cela pour un prix de 4’920’000 fr. (moins 1’160’000 fr. de subventions), à la charge de la Commune et des propriétaires.
Michel Gozel se souvient encore de ses 132 séances de chantier.


Fouilles et collecteurs




Pas toujours facile faire passer un nouveau tuyau à travers toutes ces anciennes conduites



On profite des fouilles pour remplacer quelques anciennes conduites d’eau potable


Mais également pour installer des conduites de gaz dans le village

Voir l’article consacré à l’installation du gaz dans ce blog

La station d’épuration est inaugurée le 24 avril 1995.


La station d’épuration de la Gotte


La Feuille d’avis du 25.04.1995  relate l'événement
Arnex-sur-Orbe : Station d'épuration inaugurée officiellement
  

C’est notamment en présence du syndic Jacques Gauthey, du municipal des Eaux et des Forêts, Michel Gozel, et du préfet du district d'Orbe, Jacques Resplendino, que la nouvelle station d'épuration d'Arnex-sur- Orbe a été inaugurée le week-end dernier. Une cérémonie officielle qu'avaient précédée de nombreuses années d'études et de travaux.
C'est en effet dès 1974 que les autorités locales se sont penchées sur l'épuration des eaux usées du village. Un premier projet abandonné, puis relancé en 1987 avec l'étroite collaboration de la commune d'Orny avant que les deux villages ne décident, vu la longueur des canalisations à poser, de construire chacun leur station d'épuration.
Pour Arnex-sur-Orbe, ces travaux ont duré de 1991 à 1994 et qui ont consisté à réaliser 4900 mètres de collecteurs, 740 mètres de canalisations d'eau potable et 3000 mètres de conduites de gaz. A noter encore que parmi les nombreux invités se tenait Pierre Chausson, chef du Service des eaux du canton de Vaud. — (S)

Au début, les boues d’épuration ont été utilisées comme fertilisant pour les terres agricoles, mais cet emploi est maintenant prohibé et il a fallu trouver un autre moyen de les éliminer.
Elles sont donc conduites à Orbe pour y être déshydratées, ce qui a augmenté les coûts et la taxe d’épuration.
Alors qu’autrefois, comme noté au début, c’était une denrée de valeur que les agriculteurs se disputaient !

Quant au Ruisseau du Moulin-Vieux, c’est surtout la disparition des porcheries qui lui a redonné ses eaux claires d’antan.

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