Le collège d’Arnex, bientôt 100
ans, en octobre 2021
C’est
en effet le 30 octobre 1921 que ce collège a été inauguré en grande pompe :
Conseiller d’Etat, Chef de service, Inspecteurs, pasteur, instituteurs, autorités,
architectes et entrepreneurs vont rejoindre toute la population pour fêter cet
évènement.
Mais auparavant, il aura fallu plusieurs années pour se décider à entreprendre ce lourd investissement, définir le projet et l’emplacement le plus judicieux et puis, après un concours, choisir les architectes.
Une deuxième classe à l’étage au- dessus de l’ancien abattoir
Un nouveau collège demandé depuis longtemps
Dès 1895 déjà, le Département
de l’Instruction publique et des cultes demande que l’on répare les classes ou
que l’on construise un collège. Le Conseil général y oppose un refus net, par
70 non contre 11 oui en février 1896. En 1906, puis en 1907, le canton adresse de
nouvelles requêtes à la commune, qui rétorque qu’elle a déjà bien assez de
frais avec la construction du réseau d’eau pour le village !
En septembre 1911, le canton
revient à la charge pour demander également une halle de gymnastique.
Les premières réflexions de 1912 : où faut-il construire ?
En 1912 est nommée une
commission d’étude ; elle commence ses travaux avec une réflexion sur le
choix de l’emplacement.
Le premier projet envisage
d’ériger la nouvelle école sur le terrain occupé par la bergerie, le long de la
route de
Choix d’un architecte pour le collège
Du fait de la rapide notoriété
du projet de construire un collège, les architectes se font très rapidement
pressants auprès de
Un jury est désigné en 1918
avec Jaques Monnier (1859-1942) syndic, Melley architecte à Lausanne, Bron
architecte de l’Etat de Vaud. Le concours est publié, les projets sont à rendre
avant le 29 juin 1918.
Parmi les 37 projets présentés,
après plusieurs séances 33 projets sont éliminés et quatre sont primés par le
jury.
Les quatre projets primés
Commençons par la fin avec le
4ème prix : L’école au village de MM Schnell et Thévenaz
3ème prix : 4'520 m2 de M. G. Epitaux
2ème prix : Chez nous de M. F. Huguenin
1er prix : Nozon de MM. Gilliard et Godet
La Municipalité retient le projet Nozon, dû aux architectes Gilliard et Godel. Une commission de construction composée de la commission des comptes, plus MM. Henri Morel et Alfred Bovet, se met rapidement au travail.
En 1919, le Conseil général
accepte le projet devisé à 320'000 fr., malgré les réserves de certains membres
qui auraient voulu le simplifier en supprimant le chauffage central, jugé comme
un luxe inutile.
Finalement la crainte de
perdre une partie des subsides cantonaux fait admettre le projet tel que
proposé par les architectes.
Cependant, par économie ou
pour d’autres raisons le projet retenu sera modifié.
Le clocheton et le préau
couvert ne seront pas réalisés. Quant à la salle de gymnastique il faudra attendre
1989 pour qu’elle trouve place à côté du collège !
Les travaux et la fièvre aphteuse…
Un compte courant de
construction de 250'000 fr. est ouvert à
Le 13 août 1920, un évènement
imprévu vient perturber les travaux de construction : ce jour là, un cas
de fièvre aphteuse est découvert dans une écurie du bas du village. La mise
sous séquestre qui s’ensuit de la localité va freiner le bon déroulement des
travaux du collège et les maîtres d’état annoncent qu’ils ne pourront pas tenir
les délais fixés.
Mais les problèmes de fièvre
aphteuse n’intimident guère certains membres de la jeunesse : durant la
nuit du 19 au 20 septembre 1920 ils vont cacher la chaudière mise en place dans
le village pour procéder aux opérations de désinfection. Comme ils sont devenus
d’honorables citoyens, on peut les citer : il s’agissait d’Arnold Lavenex,
Frédéric Bovet de Louis, Henri Morel fils, Paul Devenoge, François Gauthey,
Charles Bovet de Samuel et Constant Gauthey. Ils écopent d’une amende de 2 fr.
plus 60 ct de frais...
Revenons à la construction du
collège : le 24 octobre le Conseil général admet un emprunt de 200’000 fr.,
mais le choix du notaire chargé de la transaction fait éclater un petit
incident communal. Pour réaliser cet emprunt, il faut choisir entre MM. Pittet
et Richard, tous deux notaires à Orbe, mais sans doute pas du même parti !
C’est finalement l0ffree du notaire Pittet à 5 3/4 % qui emporte l’affaire par 24 voix contre 17
à Richard.
Durant la vive discussion qui précède
le vote et pour donner suite à une observation de Georges Monnier, municipal, le
syndic Jaques Monnier se lève, donne sa démission et s’en va, laissant les
membres du Conseil complètement abasourdis...
En fin de compte, il consent à
garder sa fonction jusqu’au 1er décembre 1921. Il a été élu en 1902.
Inauguration et coût final du collège
Le collège est inauguré en
grande pompe le lundi 31 octobre 1921, en présence du Chef du Département de
l’instruction publique.
Vont se succéder, visite des
lieux, discours, collations, repas à la Couronne pour les invités et verrée au battoir !
Date de l’inauguration au plafond du collège
L’inauguration du 31 octobre 1921
Arrivée à 14 h en gare d’Arnex
de M. Dubuis, chef du Département de l’Instruction publique, de son chef de
service et de l’Inspecteur scolaire.
Au collège, ils rejoignent les
entrepreneurs qui ont réalisé ce magnifique bâtiment.
Immédiatement a lieu la visite
durant laquelle le Conseiller d’Etat peut féliciter les architectes pour la
façon distinguée avec laquelle ils ont dressé les plans et conduit les travaux.
A 15 h grande réunion dans la
salle du sous-sol avec environ 200 personnes. C’est le moment des discours et
des chants.
Le syndic Jacques Monnier
remet les clés aux soins de la Commission scolaire et remercie le Département
pour les subsides accordés.
Quant au Conseiller d’Etat, il
remercie les autorités et la population en général pour avoir courageusement
entrepris cette construction sans reculer devant des dépenses considérables pour
doter le village d’un si bel édifice scolaire. Il adresse des paroles d’encouragement
au personnel enseignants et fait de solides recommandations aux élèves afin que
dans ce nouveau collège, ils développent non seulement leur intelligence mais aussi
leur cœur et leur éducation physique et morale.
A 16 h30 la cérémonie se
termine par le cantique suisse et par une savoureuse collation préparée par les
dames et demoiselles du village.
A 17 h 30 les convives se
retrouvent au café de la Couronne pour savourer un menu abondant, excellent et
très bien servi. Avec encore quelques discours du pasteur, des architectes et
des entrepreneurs !
A 19 h le départ du train
disperse les assistants, mais dans la soirée, collation de vin au battoir.
Réunion joyeuse qui se prolongera dit-on, assez tard !
Coût final du collège
Le coût final se monte à
326'627 fr., soit un montant assez proche du devis. Quant au subside cantonal
de 97'980 fr., il sera versé en cinq acomptes annuels ; une telle durée fait
réagir
Pour donner un ordre de
grandeur notons qu’au budget communal de la commune 1921 il y avait 183’780 fr aux
dépenses et 115'920 fr aux recettes.
En 1924, la vente d’une partie
du marais de la plaine de l’Orbe à
Dessin du collège réalisé par les architectes
(Carte vendue au profit du fonds de rénovation du temple de 1922)
Les anciennes salles d’école
Le Conseil général ayant
accepté la vente de l’ancien collège du bas du village, Alexis Monnier propose en
1921 4'200 fr., ce qui est jugé insuffisant. L’étage du haut est alors loué en
1922 par Louis Devenoge, cordonnier, pour 25 fr. par mois ; il peut y loger
sa nombreuse famille avant son départ à Rolle.
Finalement, en 1954, Robert
Devenoge achète ce bâtiment pour 3'000 fr. Plus tard, son fils Henri fait un
échange avec Charles Monnier qui le transforme complètement pour y créer des
appartements.
En 1922, le bâtiment de
Jolivat, c'est-à-dire l’ancien pressoir vers l’église sur lequel était aménagée
une classe, est vendu aux frères Arnold et Félix Lavenex pour 8‘500 fr.
Quant à la classe située au-dessus
de l’abattoir, la commune l’a transformé en appartement.
Le collège au fil des années
Depuis 1921 le collège a fort
bien traversé les années.
Il a accueilli trois classes
au début de son existence, puis deux durant quelques années, à cause du regroupement
scolaire et du déplacement des classes à options vers Orbe, ensuite de nouveau
trois, et enfin quatre classes, son effectif actuel. Celles-ci peuvent
bénéficier de la salle de gymnastique demandée en 1911 et réalisée en 1989 avec
la grande salle polyvalente.
Au sous-sol du collège se sont
succédé les séances du Conseil général, les soirées et lotos des sociétés et,
de 1948 à 1958, les séances de cinéma organisées par le régent Jean-Pierre
Vonnez.
En 1954 l’ancienne haie qui sépare
le préau de la route de
En 1967 la chaudière à charbon
est remplacée par un chauffage au mazout. En 1977 le sous-sol est modifié pour
agrandir la salle.
L’ancienne bibliothèque, plus
guère utilisée, a laissé sa place en 1988 à une grande pièce abritant les
séances de Municipalité, les bureaux du Greffe municipal, du Contrôle des
habitants et de la boursière.
Et, durant de nombreuses
années, le collège a hébergé le local de
Dernière rénovation
Le collège a subi une profonde
rénovation en l’an 2000. Une rénovation qui lui redonne son air pimpant de
jadis, mais dont le coût de 450'000 fr. a dépassé celui de sa construction…
Il est vrai qu’en 1921
l’instituteur gagnait 4'000 fr. par an, en étant logé ; le concierge Louis
Bovet, pour sa part, touchait 800 fr. par an.
Le collège actuel
Un projet de cave communale au collège
En 1935, le collège aurait pu
jouer un nouveau rôle. En effet, pour lutter contre la mévente des vins, le
syndic, suivi par
Le Conseil général réserve un
accueil mitigé à ce projet. Sans en douter de l’utilité, l’instituteur Martin hésite
à faire placer des cuves juste en dessous des classes et craint que le canton ne
retire une partie de ses subventions.
Le vote au bulletin secret
donne 21 oui et 21 non avec deux abstentions. Le syndic Fréderic Monnier retire
alors son projet et, se basant sur une disposition inconnue, indique qu’il
aurait fallu au moins trois quarts des voix favorables…
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