Bornes d’ici ou d’ailleurs
Des bornes, il y en a
un peu partout et de toutes les époques. Elles se trouvent plantées au bord
d’une parcelle, le long du territoire communal ou national, et très souvent le
long des routes
L’objectif de cet
article sera d’en mentionner quelques-unes situées sur le territoire d’Arnex,
connues ou moins connues.
Bien sûr il existe déjà un certain nombre de
publications sur les bornes comme par exemple : « Vieilles bornes en pays de Vaud » de J.-F. Robert dans
le cahier 5 du Conservatoire rural ou d’autres ouvrages sur les bornes nationales.
Ainsi qu’un site fort
bien documenté et riche en publication diverses
Bornes nationales
Au-dessus des Tavins près de Vallorbe
Borne du Risoux
Notons aussi que
certaines bornes nationales ne sont plus à leur place depuis le changement de
frontière entre la Suisse et la France, après le traité des Dappes du 8
décembre 1862 qui rendait à la France la vallée des Dappes. En échange la
Suisse recevait une surface équivalente sur le flanc ouest du Noirmont entre la
Cure et Bois d’Amont.
Bornes communales
Limite Orbe-Arnex vers les Joncs
Entre Arnex et Bofflens, peinte en jaune par les
cantonniers !
Borne Agiez-Bofflens-Arnex
Cette borne devrait
être à la limite des communes de Bofflens, Arnex et Agiez, mais pour Arnex elle
n’est plus exacte depuis qu’un remaniement parcellaire a modifié les parcelles,
or une parcelle doit se trouver entièrement dans une commune.
Bornes routières
Les bornes routières
indiquent un itinéraire ou une distance encore à parcourir
Parmi les plus anciennes
citons les milliaires de l’époque
romaine. L’une d’elle vient d’être retrouvée en 2014 près du Pré- Girard.
En octobre 2017 le retour de l'original et d'une copie dans la plaine de l'Orbe
ttps://www.24heures.ch/vaud-regions/nord-vaudois-broye/milliaire-pompaples-remis-valeur/story/28413341
Voilà maintenant une jolie copie de cette borne plantée devant le Pré Girard avec son panneau explicatif
Voilà maintenant une jolie copie de cette borne plantée devant le Pré Girard avec son panneau explicatif
Revenons à notre époque
où les bornes routières plus récentes indiquent la distance en kilomètres et
les plus anciennes en toises.
La toise varie de longueur selon les régions. En 1822, dans le canton
de Vaud elle a été fixée à 10 pieds, soit 3 mètres. Avant elle a varié de 2.6 à
2.9 mètres.
Route
Pompaples – Vallorbe un peu avant Croy
Bornes à toises
Le long de l’ancienne
route Pompaples-Croy
Borne retrouvée
en creusant le nouvel étang de Bioute, notée La Sarraz et
Romainmôtier
Une autre borne à toises le long de
l’ancienne route Bofflens et Romainmôtier
Borne disparue
Dans sa
publication : Bornes inexpliquées en Pays de Vaud J.-F. Robert cite une borne
à toise située sur un ancien chemin conduisant d’Arnex à Pompaples et ceci au
sud de la porcherie actuelle. Malgré quelques recherche en été 2016, je n’ai
pas pu la retrouver.
Borne retrouvée par Jean-Claude MONNIER
C’est aussi une borne à
toises retrouvée par Jean-Claude Monnier le long de l’ancien chemin Pompaples-Croy.
Elle est notée Arnex sur une face et Pompaples sur l’autre face.
Repères trigonométriques
Il existe aussi des
bornes servant de point fixe trigonométrique pour les mensurations cadastrales.
Point
120 275 20 situé au-dessus des vignes de la Rebatte
Bornes de propriétés
Depuis très longtemps
les propriétaires d’une parcelle ont tenu à marquer de façon durable les
limites de leurs champs ou de leurs vignes.
Au cours des siècles la
forme de ces bornes a évolué.
Autrefois de simple
pierre comme celle-ci :
Plus évoluée comme
celle bordant le Chemin neuf
Le long du chemin neuf
Il existe aussi des
bornes de type plus récent
En granit
Sur tige métallique
Le bornage des chemins d’Arnex en 1554
Dans un article
précédent :
J’avais, en parlant de
la route reliant Arnex à Orbe, déjà décrit dans ce blog comment tous les chemins
de la commune avaient été bornés avec grand soin en 1554.
1554, premier transon de la Maïorie d’Arnex
Ce document, écrit par Claude Thomasset d’Agiez, est le procès-verbal du bornage réalisé en avril
1554 par les dénommés Aimé Grobet, Aimé Devenoge, Antoine Bovet, Amey
Christinet, Etienne Gosel et Estievent Gillard, après qu’ils aient été
assermentés par Noble Abel Mayor, châtelain de Romainmôtier. Ce travail est
effectué à la demande des gouverneurs et prud’hommes et avec l’autorisation de
Bénédict de Diesbach, bailli de Romainmôtier.
Il débute
par ces mots :
Pour ce que la
mémoire des hommes est labile, ne pouvant toujours soi souvenir des choses que
en leur présence se font, même qu’il n’est possible pouvoir vivre toujours en
ce monde, ains nos corps retourner en terre de laquelle ils sont issus, non
sans cause les anciens ont eu en recommandation les tans excellens et
mémorables élémens des lettres sans le moien desquelles l’on ne pourrait
bonnement avoir connaissance des choses passées et moins celles que modernement
se font et transigent, pourroient parvenir à la notice de nos
successeurs…
La suite de ce document de 133 pages (en fait une copie de l’original extraite par le notaire Combe
du Bailliage d’Echallens à la demande de l’honorable Commune d’Arnex) nous apporte de nombreux
renseignements : méthode de bornage et de recours, nom des voies et des
lieux-dits, terrains bordiers et propriétaires. Ce transon nous révèle par
ailleurs l’existence d’un bornage antérieur : d’anciennes bornes sont
recensées et reprises.
A cette époque, les bornes sont parfois de simples pierres avec une croix gravée
Méthode et recours
L’extrait qui suit retrace le bornage de l’actuelle rue de la Dîme , du puits (qui se cache maintenant
sous l’ancien abattoir) à la grange du Dîme qui n’est alors pas encore construite.
Or pour la
délimitation et bornnement du chemin tendant depuis ladite croisé qui est près
du puits encontre le Rulz Marguerel jusqu’au pré de Rueriz.
Ont trouvé
une grosse borne ancienne faisant le bret [virage] étant
au carré de la place à Nicollet Gaultey étant devers orient et bise.
Et au droit
d’icelle de l’autre côté : assavoir devers occident, ont aussi trouvé une
ancienne borne laquelle est près de la courtine et devant les fenêtres de la
maison de Guillaume, fils de feu Claude Gaultey. Entre lesquelles il y a
environ trente six pieds de largeur à cause du bret
[1 pied valant environ 1/3 de
mètre].
Item à la
distance d’environ vingt pas, tirant contre bize, ont nouvellement planté deux
autres bornes ; assavoir l’une devers orient, devant les fenêtres du poêle
à François Gaultey, et l’autre devers occident au droit de la porte de la
cuisine de Nicollet Gaultey ; aiant entre deux de largeur d’environ vingt
neuf pieds d’homme commun.
Et le
bornage de continuer jusqu’au bas de la
Riaz et du pré de Rueriz que tient noble Thomasset.
Une fois le travail achevé, il est mis à l’enquête :
Toutes
lesquelles bornes, ainsi qu ici devant est déclaré par les six borneurs devant
nommés à ce commis, trouvées vieilles et aussi de nouveau plantées, le dimanche
dixième jour du mois de juin en l’an mille cinq cent cinquante quatre par le
commandement du prédit noble Abel Mayor, Châtelain de Romainmôtier ;
honnête Claude Chambretaz, officier du dit Romainmôtier a crié et publié à
haute et intelligible voix, sus le cimetière d’Arnex [qui bordait encore l’église] au sortir du sermon devant l’assemblée.
Toute
demande de modification devant se faire dans un délai de six semaines, ensuite
elles seront validées à perpétuité.
Accepté par
le puissant Noble Seigneur Bénédict de Diesbach, bailli de Romainmôtier, rédigé
par moi Thomasset Claude, notaire juré d’Agiez, résidant à Arnex.
Cette opération permet à certains habitants de demander ― et d’obtenir ―
la modification du chemin vers Orbe. En effet, s’il est maintes fois rappelé dans le
document que le vrai et unique chemin pour aller à Orbe passe sous Montevray,
continue par Saugette et rejoint le territoire d’Orbe, les gens ont déjà pris
l’habitude de monter directement par les Buclars depuis les prés du Posat. Ils
font donc recours et le noble et puissant Bailli Bénédict de Diesbach finit par
autoriser le bornage du nouveau tracé, après
avoir ouï plusieurs doléances pour les dommages que se faisaient par plusieurs
chemins et sentiers par les passants tirant contre Orbe…
Ainsi, deux
ans plus tard, soit en février 1556, la nouvelle variante des Buclars est
tracée et bornée.
Notons qu’à
cette époque, cette petite colline n’est pas encore entièrement défrichée et
qu’il y reste quelques buissons de genévriers.
Et en 1803
l’opération s’est à nouveau déroulée, mais cette fois en dressant aussi les
plans des chemins
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