Les gorges de l’Orbe
Du
Day à Orbe, les gorges de l’Orbe forment un lieu étonnant, riche en sources,
mais aussi propice à l’utilisation de la force hydraulique, à la pêche et aux
promenades.
Mais un lieu qui, nous le verrons, n’est pas sans
danger.
Chutes, noyades, crime s’y sont produits au cours des
ans.
Les évènements cités
sont tirés des archives du Journal d'Orbe et de celles de la Gazette de
Lausanne, mises à notre disposition récemment.
Nous parlerons aussi
de William Gerbex, alias "Vipérus" et des ses charmantes protégées qui
affectionnent toujours les rochers de cet endroit.
Les usines hydroélectriques au fil de l’eau.
Dans ce
chapitre Gorges de l’Orbe, vous pourrez retrouver les usines électriques
édifiées au fil de l’Orbe, au fil des ans.
Usine de Ladernier et les eaux des lacs de la Vallée
Gazette de Lausanne du 14 mai
1901
En mai 1901,
le Grand Conseil se penche sur un projet ambitieux visant à régulariser le
niveau des lacs de la Vallée et utiliser une partie de l’eau par une usine
hydroélectrique.
Avec création
de la Compagnie vaudoise des forces motrices des lacs de Joux et de
l’Orbe.
Et son descriptif
La Société électrique du Châtelard à Vallorbe
Le
2 février 1896 est constituée la Société électrique du
Châtelard.
Au
départ, elle a pu profiter d’une concession accordée par l’Etat de Vaud à M.
Edouard Grobéty, associé de la société Glardon et Cie, cette société qui
exploitait déjà l’usine à chaux des Grands-Crêts.
Après
avoir réuni les capitaux nécessaires et signé une convention avec les communes
de Vallorbe et de Vaulion et la Société Glardon et Cie, les travaux démarrent en
1896.
Au
lieu-dit « Les Rosiers » est construit un barrage de 4.50 m de haut et 32 m de
large, une galerie de 300 m sur la rive droite de l’Orbe et une usine
électrique.
Ancienne
carte postale du Barrage du Châtelard construit en 1896 au
Pontet
Usine
du Châtelard de 1896, aujourd’hui noyée sous le lac du
Miroir
En
1899 la commune de Ballaigues demande un raccordement pour fournir le courant au
pompage de l’eau potable de la source de l’Ile.
Le
barrage sur la Jougnenaz
Les
besoins en électricité augmentent fortement entre les deux guerres et malgré
l’apport d’un moteur Diesel les besoins ne sont plus
couverts.
Un
nouveau projet est mis à l’étude vers 1930 : la construction d’un barrage sur la
Jougnenaz.
Ce
petit barrage de 18 mètres de haut et 26 m de large au sommet retient 12'000
m3.
L’eau
arrive à l’usine existante par une conduite forcée de 380 m. et actionne deux
turbines de 400 CV.
Ainsi
le 5 octobre 1937, six mois après la mise en chantier le nouveau groupe est mis
en marche.
Turbines
de l’ancienne usine de la Jougnenaz
Renseignements
tirés de la brochure commémorative du Cinquantenaire de la Société électrique du
Châtelard et du Bulletin technique de la Suisse romande du 9 et 23 avril 1938
sur l’aménagement de la chute de la Jougnenaz par L. du
Bois.
Le nouveau barrage du Day va tout noyer !
Ce
nouveau barrage captant l’eau pour la nouvelle usine des Clées en 1955, va noyer
l’usine du Châtelard et son barrage.
Selon
Fal du 5.1.1955
Une usine s'éteint
Le
31 décembre 1954, à minuit, l'usine hydroélectrique du Châtelard a fermé ses portes.
Le
ronronnement des machines ininterrompu depuis 58 ans, s'est tu à jamais.
Construite grâce au courage et à la persévérance de particuliers qui ne se
laissèrent point rebuter par le risque encouru, l'usine était entrée en service
en février 1897, et avait fourni dès lors le courant nécessaire aux trois
communes de Vallorbe, Ballaigues et Vaulion, favorisant par là le développement
industriel de celles-ci. L'usine blottie
à l'entrée des gorges de l'Orbe, au pied du viaduc du Day a été transformée et
modernisée au fur et à mesures des rapides améliorations apportées par la science à l’industrie hydraulique ; elle était à même de répondre à
la demande continuellement accrue du courant.
En
1937 lui avait été adjointe la chute artificielle de la Jougnenaz qui permit
une importante augmentation de la production, laquelle atteignit en 1950 son
maximum, avec 6 318 100 kilowattheures.
Par
suite de la construction du barrage du Day, le Châtelard, situé en amont, sera
noyé, et c'est la CVE (Compagnie vaudoise de l'Electricité) qui alimentera
désormais le réseau.
Le
démontage des machines est en cours ; la plupart d'entre elles sont destinées
au vieux, fer. Seul un groupe sera utilisé à la petite usine de la Jougnenaz,
en construction au pied de la chute du même nom, et qui entrera en service dans
l'été 1955. Pour le moment, elle fonctionnera comme poste de couplage.
Le bâtiment du Châtelard, dont les
surveillants seront transférés à la nouvelle usine des Clées, sera livré à la
pioche des démolisseurs dès le 15 février. Ce n'est pas sans regret et quelque
amertume que Vallorbe voit disparaître la vieille usine, si active malgré son
grand âge, et dont les promeneurs aimaient à entendre le sourd grondement au
moment de s'engager dans le solitaire sentier qui descendait les gorges de
l'Orbe, sentier qui a disparu hélas, dès le début des travaux de construction
du nouveau barrage.
Centralisation,
rationalisation égalent progrès ?
Peut-être !
Elle aura turbiné l'eau de l'Orbe durant 58 ans, mais le 31.12.1954, l'usine électrique du Châtelard a fermé ses portes !
Et
pour continuer à utiliser les eaux de la Jougnenaz, il faudra également surélever l’usine
qui se trouve maintenant sur les rives du lac du Miroir.
Ce
qui provoquera une diminution de production, la hauteur de chute passant de 56 m
à 32 m. Mais en 1970 un nouveau barrage est édifié sur cette rivière permettant
de retenir 50'000 m3.
Mais
ce nouveau barrage va entraîner la destruction du moulin du Pontet près du
Creux.
Les usines du saut du Day
Mais quel était ce nouveau projet en 1910 ?
Usine vers le saut du
Day
Article de la Gazette de
Lausanne du 20.12.1910
« Quelques lignes de
Ballaigues
La partie de la vallée de l’Orbe située
entre Les Clées et Vallorbe est bien l’une des contrées du Jura les plus
intéressantes à visiter.
L’Orbe qui fournit la force motrice à un
certain nombre d’importantes usines électriques et métallurgiques y coule sur la
plus grande partie de son parcours dans des gorges profondes entre des parois de
rochers parfois à pic qui donnent à la contrée un caractère extrêmement
pittoresque et un aspect d’une saisissante beauté. Un bon sentier y a été
construit à l’attention des touristes qui, entre autres curiosités naturelles, y
peuvent admirer près de Vallorbe, la Grotte aux Fées, la Source de l’Orbe er
surtout les belles cascades du Day, qui jusqu’ici faisait l’admiration des
admirateurs de belle et grande nature, comme aussi de tous les voyageurs passant
sur la ligne
Vallorbe-Lausanne .
Malheureusement, cette cascade qui formait
l’un des plus beaux sites de notre canton, vient d’être complètement abîmée par
d’importants travaux techniques exécutés par la Société d’Electrochimie du
Day.
La contrée ne conçoit pas qu’une société
presqu’étrangère au pays, si importante soit-elle, ait pu obtenir l’autorisation
de faire de pareils travaux, en plein lit de l’Orbe, pour détourner plus ou
moins le cours, sans qu’aucune enquête préalable ait été faite ainsi que l’exige
la loi pour tous les cas de ce genre, même pour de simples travaux dans un
ruisseau, même pour la construction d’un simple poulailler, et sans s’inquiéter
en aucune façon des intérêts et des réclamations des communes riveraines de
Vallorbe et Ballaigues. Les communes n’ont-elles plus rien à dire ? Ne
seront-elles bonnes que pour payer les prestations parfois bien lourdes et
toujours plus nombreuses que l’Etat leur impose ?
Quels que soient les motifs allégués, il
n’en n’est pas moins vrai que ce fait, sans précédent croyons-nous, a soulevé
des protestations unanimes et tout à fait justifiées.
N’y aurait-il pas là une belle occasion
d’intervenir pour la Société pour la Protection des Sites dans notre pays ? Elle
trouverait un appui certain auprès des autorités communales et des populations
riveraines, qui demandent que l’état des lieux soit rétabli autant que possible
tel qu’il était auparavant et cela afin que notre belle cascade du Day n’ait pas
perdu pour toujours sa majestueuse beauté.
Nous espérons que notre protestation sera
entendue et que la légitime émotion que nous éprouvons sera partagée par tous
ceux à qui est cher le « visage aimé de la Patrie ».
Mais quel était ce nouveau projet en 1910 ?
La centrale de la rive droite date de 1889, en 1926 une nouvelle centrale sera édifiée en face sur la rive gauche.
Ces centrales seront détruites
en 1955 lors de la construction du nouveau barrage du Day.
Quelques ruines sont encore visibles
sur la rive gauche et le tunnel qui passe sous le saut du Day est praticable à
pied.
Avec un plus plus de débit le 5 janvier 2017 (Photo V. Morel )
Et en 2012, voilà ce qui reste de cette centrale !
Et la vieille poulie ne tourne plus !
Le barrage du Day de 1954
Avec un plus plus de débit le 5 janvier 2017 (Photo V. Morel )
A droite, centrale du saut du Day de
1926, détruite en 1955
Et en 2012, voilà ce qui reste de cette centrale !
Les anciennes briques deviennent des sièges
Et la vieille poulie ne tourne plus !
Rappelons qu'au départ ces centrales hydrauliques du
saut du Day furent construites pour alimenter l'usine électrochimique du
Day.
Usines du Day
1889
constitution de la société d’électrochimie des
chlorates
En 1972, cette usine a cessé toute
production pour devenir terrain d'exercice pour l'armée.
Pour plus de détails sur l'histoire de cette usine voir : Usine électrochimique du Day dans le libellé de ce blog Usines de la région
Pour plus de détails sur l'histoire de cette usine voir : Usine électrochimique du Day dans le libellé de ce blog Usines de la région
Nous pouvons
lire dans la Gazette de Lausanne du 18 septembre 1945, les lignes
suivantes :
« Un projet mal
accueilli.
Le projet de construction
d’un lac sous le viaduc du Day, provoque une vive inquiétude et une forte
réaction de la part des usiniers, des communes intéressées, des sociétés de
développement, des amis de la nature et des pêcheurs.
En effet la construction de
ce lac mettrait à sec jusqu’aux Clées les splendides gorges de l’Orbe plusieurs
mois par année. »
Vers 1950 ce projet de barrage du Day va susciter une vive opposition de la part des communes intéressées par le barrage du Châtelard et de la part des sociétés de pêcheurs
Vers 1950 ce projet de barrage du Day va susciter une vive opposition de la part des communes intéressées par le barrage du Châtelard et de la part des sociétés de pêcheurs
Selon
Fal du 7 octobre 1950
Au Conseil communal de Vallorbe
Dans
sa dernière séance, le Conseil communal, présidé par M. K. Simonet, a d'abord
entendu la lecture de trois préavis municipaux, pour l'examen desquels le
bureau a nommé une commission de cinq membres. Il a pris connaissance de la
démission d'un conseiller, M. Eugène Mayor, qui sera remplacé par le premier
des « cardinaux ». Enfin, et c’était là le gros morceau de la séance, il a
entendu les explications de M. le syndic E. Favre, et de plusieurs conseillers
sur la question électrique qui intéresse au premier chef la population non
seulement de Vallorbe, mais du cercle entier. En effet, le projet de décret du
Conseil d'Etat sur cette question a vivement impressionné le Conseil, et cela à
divers égards. Aussi est-ce à l'unanimité qu'il a voté l'ordre du jour
ci-dessous :
Un ordre du jour
Le Conseil communal de Vallorbe réuni en
séance ce 4 octobre 1950 après avoir pris connaissance du projet de décret
présenté par le Conseil d'Etat sur le renouvellement et l'extension des
concessions de la Compagnie vaudoise des Forces motrices des lacs de Joux et de
l'Orbe et sur la modification de sa raison sociale en « Compagnie vaudoise de
l'énergie électrique » (C.V.E.E.). constate : que, malgré les interventions
répétées des autorités des trois communes du cercle de Vallorbe auprès du
Conseil d'Etat, il n'a été tenu aucun compte des intérêts économiques
primordiaux de la contrée, que l'annulation des concessions de force motrice
existantes est proposée sans qu'au- qu'une compensation ne soit prévue en vue
de maintenir l'activité des exploitations intéressées, Qu’il ressort ainsi du
projet du Conseil d'Etat une inégalité de traitement flagrante par rapport aux
autres régions ou entreprises électriques du canton. Qu'il en résultera pour la
contrée une situation économique des plus critiques. Que d'autre part,
l'utilisation de l'Orbe en un seul palier dès le Châtelard jusqu'aux Clées par
l'exécution d'un barrage au-dessus de la chute du Day détruira le pittoresque
des gorges et nuira considérablement à la salubrité et à l'exercice de la pêche.
Que la concession de la Jougennaz est récente (1937) et que les installations
ne sont pas encore amorties ; qu'elle appartient effectivement à un service
public dont la majorité du capital est entre les mains des 3 communes du Cercle
; qu'elle a un caractère nettement local et ne peut être d'aucune utilité pour
la superusine prévue aux Clées. Adresse un pressant appel au Grand Conseil et
en particulier à la commission chargée de l'étude du projet de décret et lui
demande de reconsidérer le problème en tenant compte des intérêts légitimes de
toute une contrée.
(Réd.
— La commission du Grand Conseil a déjà modifié sérieusement le projet
original, sur lequel le Législatif se prononcera au cours de la prochaine
session.)
Selon Fal du 19.10.1950
Une protestation des pêcheurs
Le
comité central élargi de la Société vaudoise des pêcheurs en rivières s'est
réuni en séance extraordinaire, samedi 14 octobre, à Lausanne, pour prendre
connaissance du projet de décret sur le renouvellement et l'extension des
concessions des Forces motrices de Joux et de l'Orbe. Il a voté la résolution
suivante :
« Etant donné que la réalisation de ce projet
entraînera l'assèchement complet (ou peu s'en faut) de toutes les gorges de
l'Orbe, rivière qui peut être considérée à juste titre comme la plus belle et
la plus poissonneuse du canton ; que les beautés naturelles et pittoresques de
la région, qui appartiennent à la collectivité, doivent être sauvegardées ; que
le lit actuel de l'Orbe en cet endroit sera transformé en dépotoir par l'apport
des déchets usiniers et égouts des industries et des communes riveraines, qui
ne seront plus en mesure d'être digérés par un débit réduit au minimum
inexistant, « la Société vaudoise des Pêcheurs en rivières manifeste son
opposition, au nom des trois mille pêcheurs du canton ; elle apportera son
appui à tous les groupements, associations et personnalités diverses qui ont
déjà pris position dans le même sens ».
Dix ans plus
tard, le 21 juin 1955, le même journal écrit :
« Un nouveau lac dans le Jura.
Les travaux du barrage du Day touchent à leur fin.
Pour compléter
l’exploitation industrielle de l’Orbe, la C.V.E. a édifié au Day un barrage
destiné à alimenter la conduite forcée de la super-usine des Clées.
Commencés il y a plus de
deux ans, les travaux touchent à leur fin et le nouveau dispositif vient d’être
mis en charge.
La nappe d’eau ainsi créée
s’étend sur plus d’un kilomètre et baigne les piles du viaduc du Day.
On accède au mur de retenue
par une route qui longe le lac et enjambe la Jougnenaz. Dimanche , les
promeneurs sont accourus en foule pour contempler la gorge ainsi
transformée.
Si d’aucuns regrettent le
grondement de la rivière tumultueuse, ils devront bien reconnaître que le lac ne
dépare pas le paysage.
L’ancienne usine électrique
du Châtelard (de 1897) a été démolie récemment. Ses restes sont maintenant
noyés. Le chemin qui la desservait s’enfonce insensiblement dans le lacet, vu du
Viaduc à travers l’eau transparente, il semble conduire à quelques Ys
jurassienne…
Malheureusement en aval du
barrage, la nature a perdu ses droits.
Pour conduire l’eau jusqu’à la conduite forcée de la nouvelle usine, on a creusé une galerie d’amenée de
près de quatre kilomètres.
Les matériaux d’excavation
ont été en partie déposés devant le mur de retenue et ils emplissent la gorge
sur une bonne centaine de mètres transformant ce tronçon en une vallée
morte.
Privée d’une bonne partie
du débit de la rivière, la magnifique chute du Day ne retrouvera son éclat qu’en
temps de crue.
Souhaitons que les
constructeurs effacent, dans la mesure du possible, les stigmates de leur
passage dans les gorges de l’Orbe ».
Le barrage
mesure 32
mètres de haut et une longueur de couronnement de
102
mètres .
Le volume
d’eau retenue est estimé à 0,515 mios de m3.
Le lac ainsi
crée garde le nom de lac du Miroir, car le viaduc du Day et la Dent de Vaulion
s’y reflètent fort bien, mais aussi parce que le premier lac créé par le barrage
de l’usine du Chatelard avait pris ce nom en 1897 déjà.
La création du
barrage a aussi rendu nécessaire le déplacement de l’usine alimentée par les
eaux de la Jougnenaz dont le barrage date de 1937.
Lac du Miroir sous le
viaduc du Day
Depuis le bas
Vidange de 1992 et débit minimum
En été 1992,
il faut procéder à d’importants travaux d’entretien, ce qui nécessite la vidange
du barrage, et effectivement, à fin juin le barrage est vide.
Mais le
nettoyage du fond du lac a posé un gros problème, la quantité de limon déposée
derrière le barrage ayant été complètement sous estimée.
Une grande
partie de sédiments échappés de la retenue va s’accumuler dans le cours de la
rivière et sur de nombreux kilomètres, déchaînant la colère des pêcheurs et des
défenseurs de la nature.
Il fallut
réaliser une expertise des dommages.
Un autre
problème reste constant, celui du débit minimum de la rivière après le
barrage.
Si pour les
Compagnie d’électricité les litres d’eau maintenus dans la rivière pour la
survie des truites ne sont que de kilowatts perdus, pêcheurs et promeneurs ont
bien évidemment, un tout autre avis !
Travaux de 2014
En été 2014, quelques ouvriers s'affairent au pied du barrage.
Mais j'ignore le but de ces travaux.
Affaire à suivre donc
L'ancienne usine électrique des Clées
Entre le Day et le barrage de Montcherand existait de 1896 à 1955 l'usine électrique des Clées.
Elle fait l'objet d'un article dans ce blog : Ancienne usine électrique de Clées
L’usine de Montcherand
En 1904, la
Compagnie des forces motrices du lac de Joux et de l'Orbe établit un peu plus bas, une
nouvelle usine à Montcherand, juste au-dessus du barrage du Chalet
Gazette de
Lausanne du 25 juin 1904
« Forces de Joux
L’importance qu’a prise la
Compagnie vaudoise des forces motrices des lacs de Joux et de l’Orbe l’engage à
passer à la deuxième période d’exécution des travaux, c'est-à-dire à la
construction de l’usine de Montcherand. Grâce à celle-ci la Compagnie disposera
d’un complément de 3'000 à 4'000 chevaux de force au minimum.
Ces nouveaux travaux
comporteront l’établissement d’un barrage à une centaine de mètres en aval de
l’Usine de la Société électrique des Clées. De là l’eau de l’Orbe sera conduite
à la chambre de mise en charge sur la rive gauche, un peu au-dessus des grottes
de Montcherand par un tunnel de 3'602 de long et d’un vide de deux mètres
sur 1 m . 60. Un
canal de décharge creusé à l’issue inférieure du tunnel rejettera le trop plein
à la rivière.
L’usine sera établie un peu
en amont du lac formé par le barrage des usines de l’Orbe (entreprise de chemin
de fer Orbe-Chavornay).
Elle
mesurera 50 m de
long sur 8
mètres de large.
Elle est prévue pour 6
groupe de machines de 1500 chevaux chacun produisant le courant électrique
triphasé à la même tension (13'500 volts) que celle de Vallorbe. L’usine de
Montcherand fonctionnera en parallèle avec celle de Vallorbe et les deux réunies
alimenteront l’ensemble du réseau de la compagnie vaudoise »
Le bulletin technique de la Suisse romande de 1909 retrace avec beaucoup de détail et de photos la construction de cette usine.
Bagarre et accidents
Comme la plupart des chantiers la construction de cette usine a subi accident et même quelques bagarres.
Les archives de la Feuille d'Avis de Lausanne (Fal) nous les rappellent.
Montcherand, — Bagarre mortelle. —
Dimanche soir, à Montcherand, vers minuit, des Italiens travaillant à la
construction de l'usine N° 2 des Forces motrices de Joux et de l'Orbe se sont
pris de querelle au sortir de la cantine. L'un d’eux, Molino Martino, a reçu un
coup de couteau à la gorge et un autre dans les reins, dont il est mort
quelques minutes après.
Le bulletin technique de la Suisse romande de 1909 retrace avec beaucoup de détail et de photos la construction de cette usine.
Bagarre et accidents
Comme la plupart des chantiers la construction de cette usine a subi accident et même quelques bagarres.
Les archives de la Feuille d'Avis de Lausanne (Fal) nous les rappellent.
Selon Fal du 21.11.1905
CANTON DE VAUD Montcherand. —
Ouvrier noyé.— Lundi matin, à Montcherand, au chantier de
l'usine électrique des forces de Joux et de l'Orbe, un ouvrier italien du nom
de Borgis, âgé de 23 ans, est tombé dans l'Orbe.
Il travaillait sur le
sentier au bord de l’eau, lorsqu'une poussée de sa brouette le fit choir. Il se
noya malgré les efforts d'un de ses camarades, qui s'était courageusement jeté à
l'eau pour tenter de le sauver.
Selon
Fal du 26.06.1905
Deux des coupables sont en fuite -
Usine de
Montcherand
En 1950 l'Usine électrique de Montcherand a bénéficié de certaines améliorations, en particulier d’une nouvelle galerie de3,4 km .
Offre de courant aux CFF en 1906
Selon Fal du 13.03.1906
LAUSANNE Traction
électrique.
D'accord avec les
conseils de la Cie des forces motrices de Joux et de l'Orbe, le Conseil d'Etat
a fait savoir au Conseil fédéral que cette compagnie serait en état de fournir,
le cas échéant, aux Chemins de fer fédéraux la force motrice nécessaire pour la
traction électrique sur la ligne Lausanne-Vallorbe.
L'usine de Montcherand sera bientôt prête.
Située entre Lausanne et Vallorbe, elle s'approprierait admirablement à ce
service. La Cie des Forces de Joux a reçu une demande de fournitures de forces d'une
compagnie suisse de chemins de fer. Mais elle donnera la préférence aux Chemins
de fer fédéraux si le Conseil fédéral accepte son offre.
J'ignore la réponse des CFF, mais la ligne Lausanne-Vallorbe ne fut électrifiée qu'en 1923.
En 1950 l'Usine électrique de Montcherand a bénéficié de certaines améliorations, en particulier d’une nouvelle galerie de
Journal d’Orbe du 10 mai
1950
Quelques accidents vers cette usine de Montcherand
Selon
Fal du 13.08.1940
Un garçonnet tombe dans un étang
(Corr. part.) —
Sur
le bord de l'étang de régularisation de l'Usine électrique de Montcherand, à
l'entrée des gorges si pittoresques de l'Orbe, un garçonnet s'amusait à lancer
des pierres dans l'eau profonde. A un moment donné, il perdit l'équilibre et
disparut dans les flots. Des témoins de sa chute se portèrent immédiatement à
son secours et furent assez heureux pour le ramener sur la berge, Il fallut
néanmoins pratiquer la respiration artificielle pour le tirer de
l'évanouissement provoqué par son séjour pourtant très court sous l'eau.
C'est
une chance providentielle que le jeune imprudent ait pu être, retiré à temps de
son bain imprévu, l'étang en question étant profond de plusieurs mètres et les
murs de soutènement très inclinés.
Selon
Fal du 25.11.1948
Un mineur blessé
Montcherand, 25 novembre.
Dans la nuit de mardi à mercredi, un accident
s'est produit dans le tunnel souterrain en construction pour le compte des
Forces motrices de Joux, au lieu-dit «La Tuffière » dans les Gorges de l'Orbe.
Occupé à la manœuvre d'un wagonnet, M. C. J., 38 ans, mineur valaisan, a été
happé par celui-ci et a eu la jambe droite coincée entre une roue et le rail.
Relevé par ses camarades et souffrant beaucoup, M. J. fut immédiatement
transporté à l'infirmerie d'Orbe où le médecin de cet établissement lui procura
les soins les plus diligents. L'état du blessé n'inspirant pas trop d'inquiétude,
il pourra quitter l'infirmerie dans quelques jours.
Selon
Fal du 8.9.1949
Grave
accident du travail dans les gorges de l'Orbe
Montcherand, 8 septembre. (Corr. part.).—
Un grave accident du travail s'est produit
dans le tunnel souterrain des Forces de Joux actuellement en construction, dans
les gorges do l'Orbe.
Pour
une cause qu'il est difficile de déterminer exactement, un ouvrier de service,
M. Louis Groux, âgé de 56 ans, habitant Chavornay, a été happé et traîné sur
une certaine longueur par un wagonnet en mouvement. Relevé par ses camardes de
travail, M. Groux, qui souffrait beaucoup, a été conduit d'urgence à l'hôpital
de Saint-Loup,.
Le barrage du Chalet près d'Orbe
Après le Day et Montcherand, descendons le cours de l'Orbe pour citer un de ses premiers barrages, le barrage du Chalet près d'Orbe.
Le 5 août 1891 la Gazette de Lausanne publiait ces quelques lignes :
"Orbe- L'utilisation des forces hydrauliques fait des progrès et de toute part, on annonce qu'on va transformer en énergie électrique les chutes d'eau sans emploi.
Une des installations les plus intéressantes à cet égard, dit le Nouvelliste est celui qui s'organise à Orbe.
On se propose d'établir à l'issue des gorges de l'Orbe un barrage de 25 m. de longueur, de 10 m. de hauteur et de 13.50 à la base. On obtiendrait ainsi une chute d'eau qui actionnerait trois turbines et par leur intermédiaire trois dynamos fournissant 260 chevaux de force, dont 60 pour la traction du chemin de fer qui doit relier Orbe à la gare de Chavornay, 100 pour l'éclairage de la ville et des appartements et 100 de réserve pour les industries locales existante ou à créer."
Le barrage d'Orbe, appelé le barrage du Chalet a été construit de 1892 à 1894 par Ulysse Perrin.
D'une hauteur de 15 mètres à l'origine . il a été surélevé en 1950.
Sa contenance est estimée à 3'000 m3.
Il a été construit par la Société des Usines de l'Orbe afin de fournir l'électricité nécessaire au train Orbe-Chavornay et à la localité d'Orbe.
La ligne a été inaugurée le 17 avril 1894.
Le coût du barrage, des installations hydrauliques et du bâtiment abritant les turbine s'est élevé à 127'957,31 francs.
Notez aussi à droite, sur le bas de la photo la présence de vignes.
Une culture qui occupait une bonne partie du coteau au dessus de l'Orbe
Le barrage du Chalet
Les usines électrique au fil de l'Orbe en quelques dates
Terminons ce
chapitre consacré à l'énergie hydroélectrique par quelques dates.
1889 | Construction de la centrale électrique du saut du Day, rive droite | Histoire Vallorbe | |
1891 | Turbines électriques des moulins Rod à Orbe | Eau 21/ Leresche | |
1892 | juin | Début des travaux pour le barrage du Chalet vers Orbe | GL 5.8.1891 |
1892 | août | Demande par Blanchod d'une concession depuis les Clées jusqu'à Agiez | GL 5.8.1892 |
1896 | octobre | Arrivée des premières turbines aux Clées avec un barrage provisoire | GL 14.10.1896 |
1896 | Création de la Société électrique du Châtelard (SEC) | Histoire Vallorbe | |
1897 | Usine du Châtelard et barrage du Miroir en amont du Viaduc du Day | Histoire Vallorbe | |
1897 | août | Le barrage de l'usine des Clées est terminé | GL 11.8.1897 |
1901 | mai | Projet Lac de Joux et création de la Compagnie vaudoise des lacs de Joux et de l'Orbe | GL 14 et 15. 5.1901 |
1903 | Mise en service de La Dernier avec l'eau du lac Brenet | ||
1904 | juin | Construction de l'Usine de Montcherand | GL 25.6.1904 |
1910 | janvier | Inondation de l'usine électrique des Clées | GL 20.01.1910 |
1910 | Nouveau travaux vers le saut du Day | ||
1926 | Seconde usine du saut du Day, sur la rive gauche | ||
1937 | Barrage sur la Jougnenaz par la SEC | Histoire Vallorbe | |
1942 | à 1943 | Nouvelle galerie lac Brenet -La Dernier | Bulletin technique SR |
1944 | à 1947 | Transformation usine de La Dernier | Bulletin technique SR |
1950 | Nouvelle galerie pour l'usine de Montcherand | J. Orbe du 10.5.1950 | |
1950 | Surélévation du barrage du Chalet à Orbe | ||
1952 | novembre | Accident à l'usine électrique des Clées | GL 24.11.1952 |
1955 | Destruction des usines du saut du Day à cause du nouveau barrage | ||
1955 | Fin de la construction du barrage du Day | GL 21.6.1955 | |
1992 | juin | Vidange du barrage du Day | GL 4.6.1992 |
2011 | été | Rénovation de l'usine du Moulinet (anc. Moulins Rod) | |
GL = Archives
de la Gazette de le Lausanne |
Ancien barrage du
Moulinet
Ce barrage alimentait les turbines du moulin Rod.
Il a été complétement détruit en 2011 et reconstruit en 2011-2013
Le chantier du nouveau barrage du Moulinet
en juillet 2012
La crue de l'Orbe du 27 septembre 2012 a
mis à mal le chantier
La crue de l'Orbe de ce jeudi 27 septembre a noyé la base du chantier.
Les turbines récemment posées ont été baptisées par immersion et quelques planches emportées par les flots tumultueux finiront sans doute dans le lac de Neuchâtel !
En janvier 2017 de nouveau pas mal de débit...
Pour plus de
détails sur les usines électriques de l'Orbe.
Voir aussi : "
L'énergie hydraulique au fil de l'Orbe" de Serge Leresche
Programme Eau 21
mai 2008
Bravo pour toutes ces recherches...
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