Le signal de Mont Buffet au-dessus de Premier
On
trouve dans le Dictionnaire historique suisse (DHS), un article consacré à la commune de Premier, article
rédigé par Guy le Comte:
Comm. VD, district du Jura-Nord
vaudois. Village-rue sur le contrefort du
Mont-Buffet. 1403 Prumyer.
Le hameau de Lanfrey,
attesté au XIVe siècle, disparaît au siècle suivant. 15 feux en
1396, 10 en 1529, 21 en 1550, 205 hab. en 1764 (52 feux), 232 hab. en 1803, 292
en 1850, 178 en 1900, 144 en 1950, 138 en 1970, 208 en 2000. Premeir fit partie
de la seigneurie de Romainmôtier, dès 1536 du bailliage homonyme, puis du
district d'Orbe (1798-2006). Sous les Bernois, Premier était gouverné par un
Conseil général. Premier dépendait de la paroisse de Romainmôtier; accord avec
le curé en 1316. Nombreuses querelles avec les autres communautés de la Terre
de Romainmôtier pour la possession des bois communs et des pâturages. Activité
agricole. Forge, tissage, métiers du bois jusqu'à l'incendie de 1898. Construit
en bois avec des toits en tavillons, le village fut ravagé en 1884 et 1898 par
deux incendies. Syndicat d'améliorations foncières en 1959; nouveau syndicat
dès 1979. En 1967, Premier fut le centre nerveux de la "guerre des
vaches", qui opposa les éleveurs de montbéliardes à l'administration
fédérale.
N’ayant
jamais entendu parler de ce Mont Buffet, j’ai tenté de savoir où il se situait.
Au cours
de ces recherches et grâce à quels anciens articles de la Revue historique
vaudoise, j’ai découvert que cette modeste colline abritait un signal d’alarme
durant l’occupation bernoise du Pays de Vaud.
Vue
des Auges depuis le Crêt de la Croix
Voici donc cet article tiré de La Revue historique vaudoise de 1913, page 208
LE SIGNAL DE MONT
BUFFET
ALTITUDE, 900 METRES
Au nombre des soixante-deux
observatoires établis dans le Pays de Vaud par LL. EE. de Berne se trouvait le
signal de Mont Buffet.
Situé à l'extrémité Est du
chainon de montagnes se détachant de la Dent de Vaulion, dans un endroit élevé
du territoire de la commune de Premier, lieu appelé « Crêt du Signal », d'après
l'ancien plan de 1822, et « Pré Carraudy », suivant le plan actuel de 1880, le
signal de Mont Buffet pouvait facilement correspondre avec ceux d'Orbe, de La
Sarraz et de Vaulion. Comme ces derniers, il relevait du bailliage de Romainmôtier,
ce qui obligeait le bailli de Romainmôtier de s'assurer, par des inspections périodiques,
des moyens de défense qu'il possédait, étant donné, qu'au moment d'une invasion
sur un point quelconque du territoire du Pays de Vaud des feux s'allumaient sur
les montagnes, que l’alarme était donnée et que des milices se trouvaient, en
peu d'heures, réunies et prêtes à marcher au-devant de l'ennemi, sous la conduite
de leurs chefs. Il était placé à deux kilomètres nord du village de Premier, à 1
kilomètre 200 mètres du territoire de la Terre indépendante des Clées, à 800 mètres,
de l'ancienne route Bretonnières-Vallorbe et à quelques kilomètres de la
frontière française, notamment du défilé de Jougne.
Le signal de Mont Buffet existait
ä la fin du XVIIe siècle, car le Conseil général de la Terre de Romainmôtier était
assemblé le 29 mai 1689 :
« pour mettre les ordres
convenables pour charrier les matériaux qu'il faut pour la construction de la
maison vers le signal nouvellement construit, comme aussi pour tirer les
pierres qu'il faut pour les murailles ».
« A este ordonné en présence de
M. le Lieutenant Baillival Roy, qui a présidé par ordre de S. S. Baillivale que
de chaque commune on envoyera, demain,
trois hommes, sauf Envy un, pour tirer les dites pierres pour des murailles là près,
pour gagner les voitures, et lesquels répareront le signal et s'aideront ä
faire une casuette pour loger ceux qui font la garde. Et ceux qui y iront demain
se nantiront de hache, pioche et serpe. »
• La « casuette » fut solidement
construite en maçonnerie; elle mesurait quatre mètres de longueur sur quatre mètres
de largeur. A proximité s'élevait un amas de branches menues très inflammables
qui produisaient une fois allumées des flammes qui se voyaient de fort loin, ou
de grandes colonnes de fumée, si cela se passait pendant la journée
Le signal de Mont Buffet fut
chargé à différentes époques, tel fut le cas les 20 octobre et 1er décembre
1792, suivant mandats baillivaux ordonnant qu'une garde composée de seize
hommes repartis en quatre escouades d'un caporal et de trois hommes y fut placée
à tour de rôle. Les escouades étaient fournies par les communes intéressées,
Vaulion excepté; elles se rechangeaient toutes les vingt-quatre heures, pendant
un temps. Les caporaux touchaient neuf batz (fr. 1.30) pour chaque jour de
garde, et les factionnaires huit batz (fr. 1.16), ä condition qu'ils
s'acquittent fidèlement de leur devoir. Le bois nécessaire pour la cuisine et
le chauffage pouvait être pris par les gardes dans les forêts avoisinantes de
LL. EE. et les communes devaient pourvoir au voiturage du dit bois.
Les évènements de la Révolution
ayant occasionné une active surveillance, le signal de Mont Buffet fut gardé de
nouveau à partir du 22 décembre 1797; puis, personne ne se présentant pour
monter la garde, il fut décidé que les caporaux toucheraient dix batz et les
fusiliers neuf batz par jour de service; et pour que le tour de garde se fasse
exactement, le secrétaire baillival établit un rôle des communes qui devait se
remettre de l'une à l'autre, à midi, quand chaque tour devait finir et suivant
la règle du nombre d'électionnaires.
Mais le nombre des hommes de
garde se trouvant être par suite de refus réduit à six, ce nombre étant jugé
insuffisant, M. le capitaine Roland, secrétaire baillival, rapporta, le 29 décembre
1797, que la garde devait être levée le lendemain. Ce fut la dernière.
Et maintenant que le temps a
accompli son œuvre, l'emplacement où se trouvait jadis le signal de Mont Buffet
disparait solitaire et tranquille sous les ombrages des hêtres et des sapins;
seules les fondations de l'ancienne casuette sont visibles aujourd'hui.
Eug. Rochaz
Un autre
article tiré également de la Revue historique vaudoise de 1903, page
236, nous révèle la liste de tous les signaux recensés dans le Pays de Vaud.
Nous ne
citerons que les cinq endroits du baillage de Romainmôtier :
LES SIGNAUX DU PAYS
DE VAUD A LA FIN DU XVIIIème SIECLE
Etat des signaux du Pays de Vaud,
d'après les notices qu'en ont données les secrétaires ballivaux, en mai et juin 1792.
ROMAINMOTIERS
1. Chenit,
au-dessus du temple [La Dent].
2. La Dent [Chenit, Vallorbes, Romainmôtiers, Ballaigues.
— Il y a souvent des brouillards sur cette montagne].
3. Vallorbes, à
bize de l'église [La Dent,
Romainmôtier].
4.
Romainmôtier, au-dessus de Premier, en Montbuffat [Vallorbes, La Dent, La Sarra].
5. La Sarra, sur
Mormont [Romainmôtier, Cossonay].
Quelques lieux o`le signal de Mont Buffet était visible
Que reste-t-il du Signal du Mont Buffet ou Buffat en 2015 ?
La
sirène d’Arnex sur le toit de l’ancien abattoir
Actuellement
les signaux ont été remplacés par des sirènes et certains ne sont plus visibles
du tout. Mais leur ancien emplacement a souvent gardé le nom de Signal.
André
Roy, ancien député de Premier connait l’endroit, où se trouvent les ruines de cet ancien signal, pas très loin du pâturage des Auges.
Alors
dès que la neige aura fondu sur les crêtes du Jura, je vais tenter de retrouver
les derniers vestiges du signal du Mont Buffet.
L'emplacement de l'ancien abri décrit par Eugène Rochaz est assez facile à trouver.
Il suffit de prendre un petit chemin qui part du pâturage des Auges, petit chemin pas très bien entretenu qui conduit vers le monticule suivant, situé sur sa droite.
Emplacement de l'ancien abri
L'emplacement de l'ancien abri décrit par Eugène Rochaz est assez facile à trouver.
Il suffit de prendre un petit chemin qui part du pâturage des Auges, petit chemin pas très bien entretenu qui conduit vers le monticule suivant, situé sur sa droite.
Derrière ce monticule les derniers vestiges de l'abri
Reste de murs de la petite "casuette" du Signal de Mont Buffet en mars 2015
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